Chronique n°1 : On a roulé sur la Terre, A. Poussin et S. Tesson

On a roulé sur la Terre

On a roulé sur la Terre, un récit autour du monde (source : En Echappée)

Bonjour et bienvenue sur notre blog pour cette première chronique de notre défi « Quinze livres sur le voyage à vélo pour quinze semaines de découvertes » !

Comme nous vous le proposions dans notre article de présentation du défi, chaque semaine, pendant les quinze prochaines semaines, nous allons lire un livre sur le voyage à vélo et le résumer pour vous sur le blog.

C’est parti, et nous commençons le défi par un récit de voyage !

On a roulé sur la Terre, Alexandre Poussin et Sylvain Tesson

On a roulé sur la Terre est le récit du tour du monde à vélo d’Alexandre Poussin et Sylvain Tesson, auteurs-voyageurs aussi connus pour leur ouvrage La marche dans le ciel, ou pour des livres écrits séparément comme Marche avant, d’Alexandre Poussin ou L’axe du loup, de Sylvain Tesson.

Du 10 octobre 1993 au 9 octobre 1994 (364 jours), les deux voyageurs ont traversé 31 pays et parcourus 25 000 kilomètres. Ils relatent leur épopée dans un ouvrage de type « carnet de bord » de vingt-deux chapitres, qui représentent des portions de trajet. La narration est à deux voix et les deux auteurs se passent la parole à chaque nouveau chapitre.

Pour cette première chronique, nous avons choisi de coller à la structure de l’ouvrage et de vous proposer pour chaque chapitre :

  • Un résumé de la narration pour planter le décor ;
  • Une liste des enseignements utiles pour les voyageurs à vélo, que nous avons trouvés dans le texte.

Le récit ayant plus de vingt ans, les situations géopolitiques, sociales et économiques décrites ne sont plus toujours d’actualité. Ainsi, nous avons choisi de nous concentrer sur des informations et conseils intemporels, du type « conseils techniques » ou réflexions sur le voyage.

Vous voulez vous procurer ce livre et nous encourager ? Passez par ce lien et nous toucherons une petite commission, sans que le prix ne change pour vous !

L’article est long, voici donc pour vous un tableau récapitulatif de son contenu. Vous pouvez ainsi choisir de tout lire, ou tout simplement choisir de cliquer sur les paragraphes qui vous intéressent pour qu’ils s’affichent.

Chapitre, narrateur Résumé Enseignements
De Paris à GibraltarSylvain
De Tanger à GoulimineAlexandre
De Goulimine à DakhlaSylvain
De Nouadhibou à AkjoujtAlexandre
De Akjoujt à DakarSylvain
Du Cap-Vert à MendozaAlexandre
La Traversée des AndesSylvain
La Traversée du PacifiqueAlexandre
De Singapour à BangkokSylvain
De Bangkok à Chiang-KhongAlexandre
De Pakbeng à ZonghdianSylvain
La Traversée du sud de la ChineAlexandre
De Xianguan à LhassaSylvain
De Lhassa à KatmandouAlexandre
De Zhangmu à SonauliSylvain
Du Népal à DelhiAlexandre
De Delhi à AmritsarSylvain
D’Amritsar à QuettaAlexandre
De Quetta à TéhéranSylvain
De Téhéran à KertchAlexandre
De Kertch à OradeaSylvain
De la frontière hongroise à la frontière françaiseAlexandre
Résumé
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Enseignements
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Enseignements
Enseignements
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Enseignements
Enseignements
Enseignements
Enseignements
Enseignements

De Paris à Gibraltar — Octobre 1993

Résumé

Le 10 octobre 1993, Alexandre et Sylvain et leurs vélos Vassilissa et Sleipnir quittent Paris sous les encouragements de deux cent amis venus leur dire au revoir. Le départ est rapide et précipité, pas le temps de s’interroger sur les raisons du voyage. Emotions, énervement et panique se mêlent, ce qui est bien retranscrit dans le livre en deux courtes pages de récit dynamique. Le ton est donné : les garçons se sont préparés, ils ont travaillé leur liste de matériel, ils ont des sponsors, mais ils partent sans itinéraire précis et leur voyage sera toujours marqué par une totale improvisation concernant le trajet.

Ils mettent dix-sept jours à traverser la France, souvent sous la pluie. Ils découvrent les premières difficultés du voyageur à vélo (intempéries, pannes, réparations, partage de la route avec les camions), mais aussi les premiers témoignages de bonté quand ils sont hébergés spontanément par des inconnus à Montargis, puis dans le Limousin. Ils profitent de leur tour du monde pour rendre visite à des amis et à de la famille, et font leurs premières nuits en camping sauvage, à l’abri des regards.

En Espagne, le littoral bétonné et l’indifférence des habitants les déçoivent et ils filent vers le Maghreb à toute allure. Ils rêvent de traverser le Sahara, mais en France les parents inquiets tentent de les en dissuader : la situation géopolitique n’est pas favorable. Leur itinéraire n’étant pas fixé, ils passeront par le Maroc où la tension est moindre. Arrivés à Gibraltar, ils font leurs adieux à l’Europe avant de traverser le détroit en bac.

Enseignements

Conseils techniques 

  • Ne pas trop se charger : les auteurs se déchargent rapidement de quinze kilos d’objets qu’ils avaient pris « au cas où » ;
  • Organiser son matériel : leurs vélos comportent deux sacoches avant « salle de bain et cuisine », deux sacoches arrière « garage et penderie » et une sacoche de guidon « table de chevet » ;
  • Leur matériel de base : deux t-shirt et un short chacun, quelques outils et des pneus, quelques casseroles, une tente et des duvets, un bidon de cinq litres sur le porte bagage arrière, pour les zones arides et désertiques ;
  • S’équiper d’une béquille : pour ne pas s’embarrasser à trouver un mur ou un arbre où appuyer le vélo.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Le plus difficile dans le voyage c’est le premier pas ;
  • Avoir un itinéraire n’est pas une obligation, il suffit d’une direction ;
  • Les ennemis du voyageur à vélo : le poids, la pluie, les camions et la casse mécanique ;
  • Pour voyager à vélo, il faut avancer quelle que soit la météo et garder le moral fasse aux pannes : on devient vite plus rapide à les réparer et il faut savoir profiter des paysages et des rencontres qui peuvent en découler ;
  • Profiter de la vie, de la gastronomie locale et prendre son temps.

De Tanger à Goulimine — Novembre 1993

Résumé

Les deux voyageurs débarquent à Tanger avec beaucoup d’appréhension, augmentée par un certain choc culturel, et passent leur première nuit en Afrique à l’abri sous un camion. Leurs premières rencontres avec les habitants sont teintées de préjugés : ils imaginent qu’on en veut à leur argent, et du côté des habitants, leur statut de touristes occidentaux empêche un peu les rencontres sincères. Ils se régalent des mets locaux et découvrent avec surprise des paysages verdoyants en roulant vers le sud. Ils se détendent et constatent qu’ils avaient exagéré les difficultés, finalement les gens leur semblent accueillants.

Un autre préjugé tombe, Afrique ne rime pas toujours avec chaleur et les nuits en tente sont très fraîches. Commencent alors deux types d’hébergements qui les accompagneront pendant tout le voyage : l’accueil dans des établissements scolaires, principalement francophones, et l’accueil dans des lieux de culte (Eglises, temples, etc.). Les deux auteurs sont de confession catholique, mais le voyage sera pour eux l’occasion d’aller à la rencontre des autres religions. Ils séjournent chez de nombreux expatriés et en apprennent beaucoup sur le Maroc et sa culture, visitent Marrakech, puis partent à l’assaut de l’Atlas enneigé. Ils rencontrent d’ailleurs un guide avec qui ils gravissent la montagne à pied.

atlas enneigé

L’Atlas enneigé (source : David Dennis)

Alors qu’ils s’éloignent des villes et traversent des villages de montagne, leurs relations avec les locaux deviennent un petit peu plus sincères, et même si des enfants cherchent souvent à leur soutirer un petit quelque chose, ils passent treize de leurs quinze nuits marocaines chez l’habitant.

Alors qu’ils grimpent le col de Tizi n’Test, ils sont surpris par une tempête de neige et sont contraints de planter la tente en urgence pour ne pas mourir de froid. De l’autre côté de l’Atlas, les paysages se tarissent et les habitants semblent cultiver de la pierre. C’est la fin du mois de novembre et il leur reste près de trois mille kilomètres avant Dakar où de la famille les rejoindra pour Noël. Ils constatent qu’ils vont devoir accélérer leur cadence.

Enseignements

Conseils techniques

  • Leur matériel de sécurité : des bombes lacrymogènes et des matraques anti chiens, ainsi que des lampes frontales pour mieux naviguer de nuit ;
  • Leurs vélos ont des cale-pieds ;
  • Attention au vent : il les fait chuter à plusieurs reprises ;
  • Attention aux descentes : on y prend beaucoup de vitesse et les chutes peuvent être très dangereuses.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Ne pas montrer sa peur limite les réactions hostiles ;
  • Respecter les différentes cultures, par exemple en ayant un habillement approprié ;
  • Relativiser : la tension psychologique peut augmenter l’impression de danger ;
  • Apprendre quelques mots des langues des pays traversés peut aider à se sortir de situations difficiles et peut conduire à de bonnes rencontres.

De Goulimine à Dakhla, à travers le Sahara Occidental — Décembre 1993

Résumé

Le paysage agricole, bien que sec, a changé pour laisser place au véritable désert. Les garçons arrivent aux portes du Sahara qu’ils vont traverser en une ligne droite de 1500 kilomètres du Nord au Sud, le long de l’Atlantique. Le vent n’est perturbé par aucun obstacle et détermine la vitesse de leur progression, selon s’il les porte (40 km/h) ou s’il les freine (10 km/h). Les jours de vent contraire, la frustration est à son comble et les deux voyageurs pestent contre cet ennemi bien plus fort qu’eux.

La route s’étend, horizontale et sans relief, au bord des falaises, au-dessus de l’océan. Alexandre et Sylvain sont seuls, accablés de chaleur et s’occupent en lisant et en récitant des poèmes et des prières. Ils rencontrent finalement des barrages policiers tous les cent kilomètres, dans cette région instable en cette fin d’année 1993. Ils suivent la route de l’Aéropostale, ligne aérienne postale entre la France et l’Amérique du Sud dans les années trente : Alicante, Tanger, Casablanca, Agadir, Laayoun, Nouadhibou, Saint-Louis et Dakar. Ils ont souvent à se battre contre des chiens sauvages qui les prennent en chasse sur plusieurs dizaines de kilomètres parfois. Heureusement qu’ils ont des matraques !

La route vers la Mauritanie est fermée et ils doivent s’intégrer à un convoi militaire pour s’y rendre. De l’autre côté de la frontière, le terrain est miné et on leur conseille de ne jamais quitter la route !

Enseignements

Conseils techniques

  • Matériel de sécurité: avoir sur soi de quoi repousser des attaques de chiens sauvages, par exemple une matraque ou un bout de bois solide.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Leurs occupations à vélo, lors des longues traversée monotones : la prière, la contemplation, la rêverie, la concentration sur un point précis et la poésie. Ils ont d’ailleurs emporté avec eux des petits carnets remplis de poèmes ;
  • Le passage des frontières peut s’avérer difficiles et on y est à la merci des autorités présentes : il faut savoir garder son calme et tenter de négocier avec politesse ;
  • En voyage, on n’a pas toujours autant de provisions alimentaires qu’on le souhaiterait. Leur régime dans le désert : un pain, deux œufs et un peu de fromage par personne et par jour.

De Nouadhibou à Akjoujt — Décembre 1993

Résumé

Leur entrée en Afrique noire est marquée par des images violentes, une voiture qui explose, une route de misère qui traverse des bidonvilles et des décharges où jouent des enfants affamés. Ils doivent user de débrouillardise lors de leurs premières rencontres avec les habitants : réciter par cœur un verset du Coran en arabe pour s’attirer la sympathie d’un homme du désert, négocier avec un banquier pour changer de l’argent après la fermeture du bureau, s’extirper d’un groupe d’enfants qui tentaient de leur voler des affaires. Le sol est impraticable et ils s’enfoncent dans le sable avec leurs vélos. Ils doivent monter clandestinement dans un train pour quitter la ville de Nouadhibou.

Dans les villages du désert mauritanien, les enfants sont durs et les harcèlent pour obtenir de l’argent ou leur soutirer des biens. La route est longue et les conditions sont difficiles (chaleur et vent), il leur faut souvent dégonfler les pneus et y aller à pied en poussant leurs vélos. Le sol alterne entre sable mou impraticable et zones de cailloux qui crèvent les pneus. Quand le sol est bien lisse, point de soulagement, ils découvrent en effet un nouvel ennemi du cycliste : la « tôle ondulée », vaguelettes extrêmement rigides formées sur le sol par les amortisseurs des véhicules. Le sol leur envoie des coups de pied aux fesses ! Mais les deux aventuriers se motivent mutuellement !

Phénomène de tôle ondulée

Le phénomène de tôle ondulée (source : Benefactor123)

À Atar, ils se rendent chez le cheikh Elie Ould Moma, chef spirituel de la Mauritanie et grand marabout. Ils passent la nuit sur place, puis replongent dans le désert. Comme à plusieurs reprises dans le désert, des habitants leur partagent un peu de leurs repas. Les deux garçons viennent à leur tour en aide à des villageois en allant repêcher une outre au fond d’un puit.

Mais les mauvaises conditions d’hygiènes, la nourriture douteuse et la fatigue commencent à prendre le dessus sur leur santé. Ils arrivent à Akjoujt après plusieurs heures de lutte contre une tempête de sable, à bout de forces.

Enseignements

Conseils techniques

  • Leur matériel spécifique : ils s’équipent de pneus à crampons pour la traversée du désert de cailloux de Mauritanie ;
  • Pour avancer dans le sable mou et éviter l’ensablement : dégonfler les pneus (ils épousent mieux la forme du sable et ils proposent plus de surface de contact au sol, ce qui conduit à une meilleure répartition du poids) et avancer à pied ;
  • Réserves pour leur traversée du désert : douze litres d’eau et huit kilogrammes de nourriture chacun pour trois jours d’autonomie.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • On découvre que leurs vélos pèsent au total 140 kilogrammes quand ils sont dessus !
  • Les deux voyageurs s’encouragent du regard et se motivent mutuellement par la confiance qu’ils ont dans l’autre. C’est « réussir là où un seul aurait échoué » ;
  • Face au désert qui les freine, les fait chuter et les épuise, ils doivent faire preuve d’un grand détachement pour survivre ;
  • Quand ils se font arrêter, ils gardent leur calme et tentent toujours de régler le problème par la conversation, voir l’humour si cela est bien perçu. Ils n’hésitent pas à puiser dans leurs ressources pour impressionner leurs interlocuteurs et les rallier à leur cause (ex : réciter des versets du Coran, réciter des passages de droit, etc.)

De Akjoujt à Dakar — Décembre 1993

Résumé

Par chance, les deux jeunes voyageurs, accablés de fatigue et par la maladie, sont recueillis par un travailleur occidental de la mine d’Akjoujt. Ils sont pris en main par un médecin qui leur prescrit un vermifuge et ils peuvent se reposer sur place une nuit.

Ils traversent leur dernière portion de désert, sous-alimentés et torturés par des coliques. Ils profitent de leurs pauses nocturnes pour récupérer et se relaxer en vue des épreuves du lendemain. Ils sont accueillis par des militaires, puis par un curé. Dakar est à 500 kilomètres mais il ne leur reste que trois jours avant Noël et ils veulent arriver à temps pour le fêter avec leurs parents. Ils roulent la nuit pour avaler plus de kilomètres et après une tempête de sable, c’est une tempête de criquets qui s’abat sur eux.

Sur le fleuve Sénégal

Sur le fleuve Sénégal (source : Jacques Taberlet)

Finalement, l’arrivée au Sénégal, par le fleuve Sénégal, leur fait l’effet d’entrer au paradis. Les paysages se couvrent d’arbres, les habitants se drapent de tissus colorés, chantent et dansent pour les saluer, sourient. Cela contraste avec l’apparente froideur des habitants du désert. Ils ont perdu dix kilos chacun et sont épuisés, mais ils ont atteint Dakar dans les temps et sont heureux de fêter Noël en famille.

Enseignements

Conseils techniques

  • Technique de récupération et de relaxation mentale par les sens : les deux voyageurs recréent un environnement apaisant, sous la tente, en regardant longuement des photographies de forêts, puis en respirant des chiffons imbibés de parfums, en dégustant un demi carré de chocolat, pour finalement se laisser bercer par une boîte à musique.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Les garçons et leurs familles ont organisé plusieurs rendez-vous sur leur trajet. Cela les a aidé à garder un bon moral et à avancer, mais les obligeait parfois à rouler très vite pour arriver à temps ;
  • Ils étaient suivis par la presse, ce qui est un bon moyen pour attirer des sponsors et financer son voyage.

Du Cap-Vert à Mendoza — Janvier-Février 1994

Résumé

C’est au Sénégal que s’arrête la portion africaine de leur voyage. Les deux cyclo-voyageurs rejoignent en avion le Cap-Vert, qui n’a de vert que le nom, puis l’île de Sal. Ils doivent user de leur bagou, acquis en Afrique, pour obtenir que l’équipage accepte leurs vélos. Des Français qui voyagent en voilier les accueillent pour une nuit et les ravitaillent en plats en conserve. Finalement, ils quittent l’île en avion, direction l’Argentine. Ils prévoient de traverser l’Amérique du Sud d’ouest en est, de Buenos Aires à Santiago, au Chili, en parcourant 2000 kilomètres sur la Route 7 encore appelée Via Panamerica.

Buenos Aires a des allures d’Europe, comme un mélange des plus grandes villes françaises, espagnoles, italiennes et allemandes. Le contact avec les habitants est très facile et les deux garçons sont invités à passer la nuit chez des jeunes filles, avides d’entendre le récit de leurs aventures. Après une nuit chez un curé, ils entament une longue épopée dans les plaines de champs inondés de la Pampa. Les huit heures par jour à rouler sur la longue route droite leurs laissent le loisir d’admirer les paysages et les milliers d’oiseaux qui peuplent les lieux. La nuit, ils plantent leur tente le long de la route ou dans des fermes quand on les y autorise. Pour s’alimenter, ils ont la chance de croiser des restaurants routiers tous les cent kilomètres. Ils y mangent si bien qu’ils reprennent les dix kilos qu’ils ont perdus… plus dix autres kilos !

La pampa argentine

Paysage de pampa (source : Maximiliano Alba)

La traversée est assez monotone et chaque jour ressemble au précédent, mais un matin, un lendemain de tempête, les garçons se réveillent pour découvrir un énorme taureau prêt à charger devant leur tente. Par chance, des fermiers les tirent de ce danger mortel. Ils retrouvent finalement les parents d’Alexandre et profitent de ce répit pour se reposer et récupérer. On leur annonce qu’à Mendoza, un de leurs amis se joindra à eux pour la traversée des Andes.

Enseignements

Conseils techniques

  • Matériel additionnel : des bougies, pour s’éclairer (et se réchauffer) quand on n’a plus de sources électriques.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Après trois mois de vélo en continu, les deux aventuriers ont un peu de mal à marcher ;
  • Dans la Pampa, ils ne vivent plus rythmés par les horaires, mais par l’hypoglycémie : leurs pauses sont déterminées par leur appétit ;
  • Des douleurs au dos et aux genoux se font sentir : ils profitent d’une pause en famille pour récupérer.

La traversée des Andes — Janvier 1994

Résumé

À Mendoza, grande est leur surprise quand leur ami Éric, reporter et aventurier, débarque de l’avion avec deux invitées surprises : Sonia, la fiancée d’Alexandre et Natascha, une amie allemande très sportive ! Pour les nouvelles venues, pas du tout entraînées, les côtes à 12 % de dénivelé sont un peu rudes. Elles sont encouragées et soutenues par les trois garçons pour les premiers kilomètres, mais leur acclimatation est extrêmement rapide et le groupe parvient à atteindre le col de Cruz de Portillo, à 3000 mètres d’altitude, par une piste de 1500 mètres de dénivelé. Là-haut, la vue est grandiose et les couleurs se mélangent, roches noires, rouges, jaunes, et les Andes en fond.

Dans les Andes

Dans les Andes (source : Alpertron)

Ils remontent le cours du fleuve Mendoza et se préparent à rejoindre le Chili en passant le col du Cristo Redemptor à 4200 mètres. Les effets de l’altitude se font sentir quand ils atteignent le col et son immense statue de bronze, un christ de quinze mètres, érigée par l’Argentine et le Chili en signe de paix.

Au Chili, ils jouent à s’accrocher à l’arrière des camions bâchés et à se laisser tracter : risqué, mais reposant. Le littoral apparaît finalement et à Santiago, les deux garçons doivent dire au revoir à leurs amis qui rentrent en France.

Enseignements

Conseils techniques

  • Choix petite route/route principale: en choisissant la grande route, il est plus facile de ne pas se perdre et le trajet est plus direct. En choisissant une petite route, pour faire le même trajet, il y a souvent plus de relief et le risque de se perdre est plus important, mais on évite la circulation rapide et dense et on voit plus de paysages préservés.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Parfois le groupe se séparait en deux, pour essayer des routes différentes, selon les envies des voyageurs, et pour se retrouver un peu plus loin. Cela permet de contenter tout le monde et de se laisser un peu d’espace quand on voyage en groupe.

La traversée du Pacifique — Janvier 1994

Résumé

Trouver un vol pour l’Asie du Sud-Est n’est pas chose aisée pour Alexandre et Sylvain qui doivent persévérer pour trouver leur bonheur. On finit par leur proposer un vol qui transite par l’Île de Pâques, Tahiti et la Nouvelle-Zélande, avant de rejoindre Singapour.

À peine arrivés sur l’Île de Pâques, un habitant leur propose de les héberger chez lui pour la nuit. Ils passent finalement une semaine chez lui et explorent l’île dans ses moindres recoins : volcans, village troglodytique et bien entendu les fameuses statues moai, célèbres gardiens de l’île. Il fait très chaud et humide, et il pleut tous les jours. Les garçons profitent de splendides couchés de soleil sur la mer et d’une partie de chasse sous-marine avec leurs nouveaux amis. Le lendemain, ils quittent leur hôte, émus, pour rejoindre Tahiti en avion. Ils y passeront deux jours.

Statues Moai Ile de Paques

Les emblématique statues Moai de l’Île de Pâques (source : Ian Sewell)

L’arrivée à Tahiti leur fait l’effet d’un coup de massue tant l’air est chaud et moite. L’ambiance est festive et les habitants chantent et dansent pour leur souhaiter la bienvenue. Les odeurs et paysages sont exotiques, mais ils retrouvent un peu de la France dans les boulangeries et les cabines téléphoniques. Un jeune français les accueille chez lui, ce qui leur donne l’occasion d’explorer l’île et Moorea à vélo, et de profiter de baignades avec des dauphins, puis des requins.

Les douaniers Néo-Zélandais les fouillent scrupuleusement et détruisent une partie de leurs réserves alimentaires : les inspections sanitaires sont ici très strictes et les deux aventuriers sont passés par l’Afrique. Sur le parking de l’aéroport, ils sont abordés par un habitant qui les invite chez lui pour leurs trois jours sur l’île et leur fait visiter Auckland, à l’atmosphère proprette, flegmatique et victorienne.

Finalement, ils montent dans l’avion qui va les mener vers la plus longue partie de leur aventure (environ 17 000 kilomètres), la traversée de l’Eurasie, de Singapour à Paris.

Enseignements

Conseils techniques

  • Matériel additionnel : du matériel de couture, pour repriser les vêtements, et des rayons de rechange pour leurs roues ;
  • Pour embarquer les vélos dans l’avion : ils font mention à des « cartons protecteurs ».

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Ils font des réserves alimentaires avant de se rendre dans les îles, où l’approvisionnement peut-être plus difficile, restreint et cher ;
  • À Tahiti, les fleurs ont des significations bien précises et il peut arriver de contrarier des locaux en portant une fleur de manière inappropriée ;
  • Le camping sauvage est interdit à Tahiti et puni par une amende ;
  • Les garçons ont parcouru 8060 kilomètres depuis Paris et ils constatent que dans une grande partie du monde la civilisation humaine est récente. En effet, ils n’ont croisé aucun bâtiment ancien pour le moment.

De Singapour à Bangkok — Février-Mars 1994

Résumé

Logés chez de la famille de Sylvain, les deux voyageurs passent plus d’une semaine à Singapour, qu’ils partagent entre tourisme et démarches administratives. Il leur faut en effet un visa pour la Birmanie, qu’ils comptent bien traverser même si tous veulent les en dissuader : la jungle est vérolée par les cartels de la drogue et il est interdit de voyager hors des circuits officiels. Malgré la chaleur accablante, les garçons sont tenaces et l’ambassade birmane finit pas céder et par leur accorder les visas. Ils profitent de cette pause pour goûter les eaux du Pacifique, qui sont si chaudes qu’ils transpirent en nageant. Le centre-ville de Singapour est impeccable, il est d’ailleurs formellement interdit de le souiller. Les deux aventuriers n’y trouvent pas grand intérêt, l’occupation principale des habitants semblant être le shopping.

C’est le 8 mars 1994 et ils quittent Singapour pour rejoindre la Malaisie, direction Paris ! Une autoroute flambant neuve s’offre à eux mais ils doivent ruser un agent de police qui voulait leur interdire d’y circuler. Ils traversent d’immenses champs de palmiers jusqu’à atteindre Kuala Lumpur. Ils y rencontrent un Néo-Zélandais qui leur fait découvrir les luxes de la ville et les invite à dormir dans son gratte-ciel tout neuf. Dans les villages ruraux, ils sont accueillis à bras ouverts et les habitants se plient en quatre pour les installer au mieux.

kuala lumpur la nuit

Kuala Lumpur de nuit (source : Naim Fadil)

Ils traversent la frontières thaïlandaise, et surgissent devant eux les paysages d’Asie bien connus, les pains de sucre rocheux recouverts par la jungle. Ils passent de nombreuses nuits dans des monastères bouddhistes, où l’ambiance n’est pas si religieuse que ça, et dans des écoles où ils peuvent communiquer un peu en anglais avec certains professeurs. Ils y apprennent quelques bribes de la langue locale pour faciliter leurs futures rencontres… ce qui ne leur est pas d’une grande aide face à une bande de babouins qui les attaque dans la jungle. Les matraques font de nouveau preuve de leur utilité.

Après un dernier regard à l’océan et la traversée de marais salants, ils arrivent à Bangkok où ils sont assommés par le vacarme, la pollution et la circulation chaotique. La jungle verte est devenue jungle de béton et d’acier.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage

  • En Thaïlande, les garçons comprennent qu’ils n’attirent pas les convoitises. Ils sont pauvres et attirent au contraire la bonté et la sympathie. Ils ont renversé leur statut de touriste occidental pourvoyeur de gros sous ;
  • Pour remercier leurs hôtes ils n’ont rien de matériel à offrir, mais ils les divertissent en jouant de la musique et par des jongleries ;
  • Le choc culturel est grand quand les deux voyageurs assistent, horrifiés, au spectacle d’une foule qui se tord de rire devant un cadavre. Plus tard ils comprennent : pour les Thaïlandais qui se moquaient, l’âme du mort avait depuis longtemps quitté son corps pour se réincarner dans un nouveau. Le cadavre en lui-même n’était qu’une enveloppe, qui les amusait par sa posture « grotesque ».

De Bangkok à Chiang-Khong — Mars-Avril 1994

Résumé

Au pied des gratte-ciel, c’est un enfer de métal, de suie, de puanteur et de klaxons. Les deux voyageurs se dépêchent de fuir la route principale, où la circulation est très périlleuse. Les premiers contacts avec la population sont méfiants et violents, mais rapidement, les garçons s’attirent la sympathie par un petit spectacle de flûte et de jongleries. Après une promenade dans les ruelles encadrées de petites maisons en bois de la ville, ils passent la nuit dans un collège français. Ils profitent de cette étape urbaine pour acheter des visas birmans et indiens, mais ils ne peuvent obtenir celui du Laos, et ne savent pas encore comment ils rejoindront la Chine. Un matin, la ville est inondée par la pluie, ils pataugent dans l’eau jusqu’aux genoux. Au bout de cinq jours, les aventuriers saturent et ne supportent plus la ville qui leur semble être un temple de la surconsommation. Ils mettent les voiles.

Ambiance dans Bangkok

Ambiance dans Bangkok (source : Christian Haugen)

Les journées se ressemblent, les rencontrent sont nombreuses, mais peu authentiques, principalement à cause de leur statut de touriste occidental riche. Ils sont cependant toujours bien accueillis dans les monastères. Ils traversent avec une grande tristesse des forêts calcinées, brûlées pour laisser place à des terre cultivables, mais très peu fertiles. Ils font quelques mauvaises rencontres, comme celle de deux policiers saouls qui leur proposent des prostituées ou celle d’une vendeuse qui tente de les arnaquer.

À la frontière birmane, un officiel corrompu leur propose de payer six mille francs pour une excursion touristique en voiture. Les deux voyageurs envisagent une traversée du fleuve Mékong, puis du Laos par la jungle, mais ils en sont dissuadés par le directeur d’une Alliance française qui leur décrit bêtes sauvages, tribus sanguinaires et brigands. Ils se résolvent à prendre l’avion pour rejoindre la Chine, mais un médecin français leur promet  de les aider à passer la frontière. Pour cent dollar chacun, ils peuvent passer, mais ils seront conduits sur le fleuve Mékong en bateau, puis à travers la jungle en camion, escortés par un guide.

Enseignements

Conseils techniques

  • Cacher son argent : les garçons avaient des réserves d’argent dans des doublures de leurs sacoches (cousues, argent réservé en cas de problème).

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Ne pas laisser des officiels disparaître avec les passeports. Dans certains pays, la corruption est importante et mieux vaut ne pas accorder une totale confiance aux autorités. Faire des photocopies de ses papiers au cas où ;
  • En Thaïlande, le rire accompagne la résignation. La culture du « ce n’est pas grave » est très présente et le rire sert à garder la face.

De Pakbeng à Zonghdian — Avril 1994

Résumé

Finalement, après trois jours de descente du fleuve Mékong, leur guide les laisse emprunter seuls la route vers la Chine. Il dira aux autorités qu’il les a accompagnés. Ici aussi, dans le nord du Laos, la jungle alterne avec des zones de forêt en cendre. Dans les villages, les deux garçons provoquent la joie et l’émerveillement des tribus qui n’étaient pas, à cette époque, fréquemment en contact avec des blancs. Ils remercient leurs hôtes par des spectacles de musique et de jonglerie. Leurs relations avec la population sont excellentes et marquées par le rire et le partage.

Un feu de forêt les surprend alors qu’ils roulent dans la jungle, ils échappent de peu au brasier. Plus tard, après une baignade dans une petite rivière, ils doivent se débarrasser de dizaines de sangsues ! Juste avant d’atteindre la Chine, ils rencontrent un officiel laotien en visite dans les villages. Ils évoquent les incendies, mais le fonctionnaire fait mine de ne pas savoir de quoi il s’agit.

À travers les collines du Yunnan, Une traversée du Sud de la Chine — Avril 1994

Résumé

Alexandre et Sylvain sont les premiers occidentaux à passer le poste frontalier de Boten, qui n’existe que depuis 1992. Le changement de paysage est considérable, la jungle a disparu au profit d’immenses plaines de riz cultivé sur des collines en terrasses. Pour les deux garçons, la communication avec les Chinois qui ne parlent pas l’anglais est très difficile. Même en usant d’un langage par signes : leur interprétation par les Chinois est très différente du sens voulu et cela conduit à de nombreux malentendus. Les deux voyageurs apprennent quelques phrases de chinois, pour faciliter leur séjour dans le pays.

Cultures en terrasse Yunnan

Cultures en terrasse dans le Yunnan (source : Philippe Semanaz)

Le relief est constitué de collines, une nouveauté pour les deux aventuriers. Chaque ascension est aussitôt annulée par une vallée et ils peinent dans la chaleur humide.

C’est la fête de l’eau. Partout où ils passent, les deux voyageurs sont arrosés par les habitants qui s’amusent à leur jeter des seaux d’eau sur la tête. Ils deviennent une cible de choix pour les villageois qui arrêtent de s’arroser mutuellement à leur passage. Trempés jusqu’à l’os, leurs sacoches imbibées d’eau, ils roulent toute la journée en essayant d’éviter les festivités.

Bientôt, le relief change à son tour et les collines laissent place à la montagne et ses sommets à 3000 mètres d’altitude, à l’approche de Xiaguan.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage

  • La communication, même par signes, peut parfois être très difficile. NDLR : Il peut être judicieux d’emporter avec soi des images pour faciliter le dialogue (par exemple : photo d’un médecin ou d’un hôpital, photos de nourriture/boisson, photo d’un lit, etc.) 

De Xiaguan à Lhassa — Avril-Mai 1994

Résumé

À Dali, ville touristique sur le bord du lac de Xiaguan, le tenancier d’un bar apprend aux deux voyageurs que les routes pour rejoindre Lhassa sont trop dangereuses (rebelles, montagnes enneigées) ou interdites. Il leur conseille de s’y rendre en avion, moyen de transport que les garçons veulent éviter au maximum : ils passeront par le Tibet et emprunteront une route clandestine pour éviter les contrôles, la route des cols et des fleuves !

Au gré des ascensions et des descentes, l’hiver et le printemps se partagent le terrain. À 3000 mètres il fait très froid et les aventuriers doivent s’équiper en vêtements chauds. Dans les vallées à 1200 mètres, le climat est plus doux, sans être tropical comme dans le Yunnan. Les paysages de montagne sont époustouflants.

Paysage tibétain

Paysage tibétain (source : Göran Höglund)

Après une première nuit dans un monastère tibétain, ils se lancent à l’assaut du col de Dequên (5500 mètres). La très faible température augmente l’effort car ils doivent s’arrêter souvent pour s’alimenter ou changer de vêtements, entre transpiration et pluie. Transis de froid, ils arrivent au col… pour s’apercevoir que ce n’était pas le col, qui trône à deux kilomètres devant eux. La deuxième ascension est très difficile, mais en pleine tempête de neige, les pauses ne pardonnent pas et il faut continuer. Ils parviennent finalement à franchir cet obstacle de taille. Alors qu’une nouvelle montée se présente, ils dressent le camp en urgence, trop épuisés pour un nouveau défi. Ils sont gelés et souffrent de l’onglée qui leur mord les doigts et orteils. Ils redescendent le lendemain jusqu’au lit du Mékong et le franchissent. À Markham, ils passent un poste de contrôle alors que les gardes ont le dos tourné.

Malgré leurs efforts, les garçons ont pris du retard par rapport à la durée de validité de leur visa, pour rejoindre Lhassa. Ils acceptent la proposition d’un camionneur chinois de les conduire sur quelques kilomètres. Le camion perd une roue et c’est l’accident ! Heureusement, il n’y a pas de victimes et les vélos n’ont rien. Les aventuriers jurent de ne plus accepter ce type d’offres. Ils grimpent désormais une moyenne de 1700 mètres par jour et ils s’y sont habitués, leurs corps se sont adaptés. Cependant, les chutes sont fréquentes et pas loin d’être dangereuses, à cause des mauvaises routes et de la fatigue.

À Lhassa, ils ont rendez-vous avec la mère de Sylvain. Ils avalent la route comme ils peuvent, faisant sur le trajet de nombreuses rencontres pittoresques, entre bonté et arnaques.

Enseignements

Conseils techniques

  • Vêtements adaptés au climat : avant de grimper les cols du Tibet, les deux garçons s’équipent de vêtements chauds (pantalons longs, manteaux, etc.) ;
  • Réserves alimentaires : pour entreprendre l’ascension des cols, les deux aventuriers ont besoin d’énergie. Ils font des réserves de viande séchée et de nourriture conditionnée en sachets.
  • Pour dégeler le dérailleur : après une nuit de tempête dans la montagne, les dérailleurs des vélos sont gelés. Les garçons n’ont d’autre choix que d’uriner dessus pour faire fondre la glace ;
  • Réparation des pneus : afin de prolonger la durée de vie de leurs pneus, les deux voyageurs les recousent quand ils se déchirent.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Les visas ont une durée de validité, parfois courte. Il faut alors adapter ses distances quotidiennes parcourues pour traverser les pays concernés dans les temps ;
  • Selon les pays, les distances ne sont pas exprimées de la même manière par les habitants : nombre de kilomètres, nombre d’heures de vélo, nombre de jours, etc. ;
  • Pour s’occuper sur la route, à chaque borne kilométrique les garçons cherchent un événement historique associé. Par exemple, pour la borne 1789… 😉
  • Les descentes peuvent être très dangereuses car synonyme de chutes quand la route est de très mauvaise qualité. Il faut toujours rester prudent et vigilant.

De Lhassa à Katmandou — Mai 1994

Résumé

Alexandre, Sylvain et sa mère prennent trois jours de repos bien mérité à Lhassa et en profitent pour visiter les monastères. Au départ de Marie-Claude, les garçons reprennent la route vers Katmandou, au Népal. Ils remontent le fleuve Brahmapoutre et se fient aux drapeaux de prières pour connaître le sens du vent. Dans un hôtel, ils viennent en aide à un voyageur américain qu’ils avaient déjà croisé à Lhassa et qui a été mordu par un chien. Ils lui font des points de suture. Ils repartent sous la neige et doivent à nouveau combattre des chiens, des dogues du Tibet qui gardent les troupeaux de yaks.

Dogue du tibet

Dogue du tibet (source : timquijano)

Les deux voyageurs grimpent un col à 4600 mètres sans même s’en rendre compte. Ils commencent à être bien entraînés, mais deux passes à 5200 mètres les séparent encore du Tibet. Dans la descente du premier col franchi, ils croisent deux français qui voyagent en 4×4 et qu’ils avaient rencontrés à Lhassa, eux aussi. Ils les invitent à dormir à leur hôtel le soir. Le lendemain, un groupe de touristes allemands leur offre des réserves de charcuterie pour la route.

La seconde passe est un double col (5000 et 5200 mètres) ! C’est la passe de Gyatso, elle représente la fin du Tibet et l’arrivée en Inde. Arrivés en haut, les deux aventuriers débouchent une petite bouteille de champagne qu’ils transportaient en surplus depuis Lhassa pour cette occasion. Un peu saouls, les garçons se lancent dans une descente de 120 kilomètres qu’ils imaginaient être du gâteau. Mais la montagne n’a pas fini de les contrer et, à leur grand désespoir, le vent souffle si fort qu’ils doivent pédaler dur pour rouler dans la descente à 15 % ! Affamés, ils mangent de la viande avariée chez un cantonnier. Ils progressent avec peine et lassitude dans le froid et le vent et se laissent aller à pleurer.

Ils arrivent finalement à Nyalam. Le vent s’est arrêté et ils descendent avec bonheur les 3000 mètres de dénivelé qui transforment le paysage : de roches et glace en forêt de montagne, puis en forêt tempérée, et finalement en jungle quand ils atteignent le Népal.

Enseignements

Conseils techniques

  • Matériel médical : du fil de chirurgie et des aiguilles peuvent servir, en cas de blessure dans un environnement difficile ;
  • Accessoires de vélo : les vélos des deux garçons sont équipés de rétroviseurs, pour augmenter la sécurité dans la circulation, de pignons arrière à douze dents, pour faciliter la grimpe et de pneus à crampons, pour rouler dans la neige et sur la glace.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Quand ils ne parviennent pas à se faire comprendre dans les petits restaurants locaux, les deux voyageurs vont directement en cuisine, montrer les aliments qu’ils souhaitent consommer ;
  • Détail « bien-être » : la mère de Sylvain leur a offert de nombreux échantillons de parfum. Il leur est agréable de choisir chaque jour une nouvelle fragrance à porter, pour oublier la crasse et la pénurie dans laquelle ils vivent en voyage (conditions de vie qu’ils ont choisies, mais qui sont parfois difficiles).

De Zhangmu à Sonauli — Mai-Juin 1994

Résumé

Les passages de frontières sont toujours synonymes de joie pour les deux aventuriers, car ils annoncent de nouvelles découvertes. Mais ce passage particulier est une fête : les garçons célèbrent leurs quarante-cinq jours passés à grimper un total de 60000 mètres de dénivelé, entre la jungle laotienne, les collines du Yunnan et une trentaine de cols tibétains.

L’air frais des montagnes a de nouveau laissé place à la chaleur lourde et humide. Ils sont surpris par la mousson, s’abritent, puis finalement décident de rouler sous les trombes de pluie.

Le Népal leur apparaît très coloré et sale, animé et joyeux. Les contacts avec la population sont bons. Comme en Argentine, ils sont contemplatifs devant la beauté des femmes, élégantes et gracieuses. Ils apprécient aussi le respect qui semble leur être accordé, eux fervents défenseurs de la cause féminine et convaincus que la réduction de la pauvreté est liée à l’éducation des femmes. Ils découvrent les intérieurs népalais, exigus, et la nourriture, très pimentée. Ils passent leur pire nuit de tout le voyage dans un dortoir commun où ils sont envahis par des insectes grouillants en tous genres.

Une dernière montée de 1400 mètres les sépare de Katmandou, et c’est cette fois dans la chaleur accablante qu’ils devront la gravir. Alexandre perd connaissance proche du but, frappé par l’hypoglycémie.

Vue sur Katmandou

Vue sur Katmandou (source : Sharada Prasad CS)

Arrivés dans la vallée de Katmandou, ils sont déçus par le site, gâché par de laides constructions et dépourvu de la belle vue sur l’Himalaya qu’ils l’espéraient. Comme à Dakar et Bangkok, la circulation devient excessivement dense, bruyante et dangereuse à l’approche de la capitale népalaise. La ville est très occidentalisée, ce qui fait du bien aux deux aventuriers en mal de confort. La religion est omniprésente et représentée partout par les symboles bouddhistes et hindouistes. Dans un café, les garçons rencontrent des jeunes expatriés français qui les invitent dans leur villa le temps de leur séjour dans la ville. Comme dans chaque grande ville étape, ils alternent entre visites et démarches administratives.

Partir de Katmandou et s’arracher au confort pour se remettre en route dans la fournaise leur est difficile. Comme souvent depuis leur traversée de l’Asie, les garçons souffrent de coliques dues aux mauvaises conditions d’hygiènes alimentaires. Ils traversent la jungle sous la mousson et rejoignent l’Inde.

Enseignements

Conseils techniques

  • Matériel de rechange : les garçons ont emporté une chaîne de rechange, qui leur est utile quand la précédente se casse ;
  • Contre l’hypoglycémie : une réserve de vitamines et de tablettes énergétiques, à ne consommer qu’en cas de coups de barre sérieux, est très utile. Surtout en vue d’efforts prolongés dans des milieux où l’alimentation est incertaine ;
  • Contre l’aveuglement : ils constatent qu’un chapeau à rebords est plus efficace que des lunettes de soleil. De plus, le chapeau permet d’éviter l’aveuglement causé par les phares, quand ils roulent de nuit ;
  • Divertissement : ils avaient sur eux plusieurs cassettes audio ;-).

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Les deux aventuriers se rendent compte qu’ils ont parfois apprécié des lieux dont on leur avait dit du mal (Moorea, par exemple) et à l’inverse, qu’ils sont parfois déçus lorsque leurs attentes étaient trop grandes (Katmandou, par exemple). Mieux vaut faire abstraction des a priori ;
  • Sur le trajet, ils perdent quelques petits objets, desquels ils ont appris à se détacher. Ils ont cependant si peu de biens matériels qu’ils n’hésitent pas à revenir en arrière sur plusieurs kilomètres quand ils perdent quelque chose de trop utile pour être abandonné (une serviette, par exemple).

Du Nepal à Delhi, l’Uttar Pradesh — Juin 1994

Résumé

En Inde, la véritable fournaise les frappe. Ils sont d’ailleurs accueillis par un écriteau indiquant que l’Inde leur adresse une chaleureuse bienvenue. Le mois de juin est réputé pour ses températures élevées et l’année 1994 est une année record. En route pour Delhi, ils se lèvent très tôt le matin, à quatre heures, pour profiter de la fraîcheur de la nuit (28°C). Ils se rafraîchissent grâce aux pompes d’irrigation des immenses champs qui constituent la région et font la sieste jusqu’à la fin d’après-midi, pour rouler le soir à l’abri du soleil.

La route est dangereuse et la circulation meurtrière : tous les types de véhicules tentent d’y cohabiter et la loi du plus fort, le camion, règne. Les garçons se vengent en attaquant les camions avec leurs matraques. Quand ils arrivent dans des villages, tous les habitants s’attroupent autour d’eux, très curieux, mais très pudiques et calmes.

Partage de la route en Inde

Partage de la route en Inde (source : Vijayanarasimha)

Leur 15000ème kilomètre est marqué par une catastrophe mécanique : les dents de leurs pédaliers sont trop usées et n’accrochent plus les chaînes, qui glissent inexorablement. Des pièces de rechange sont introuvables et les commander seraient trop compliqué et trop long. Heureusement qu’Alexandre a des talents de bricoleur. Il tend les chaînes grâce à des lanières de caoutchouc trouvées dans une décharge, de sorte qu’elles ne ripent plus sur les pédaliers.

Les relations avec les Indiens sont plutôt bonnes et les deux voyageurs sont plusieurs fois accueillis chez l’habitant. Ils développent même une plaisanterie avec les cyclistes indiens, qui consiste à faire croire à l’autre que son pneu arrière est crevé. Ils carburent au Coca-Cola, qui les protège de la dysenterie. Après un trajet assez ennuyeux, égaillé par la visite du Taj Mahal, ils arrivent à Delhi.

Enseignements

Conseils techniques

  • « Système D » : quand il est impossible de remplacer une pièce, il peut être bon de laisser parler sa créativité… ou de se mettre à la recherche d’un ou d’une bricoleur(euse) !

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Quelques enseignements sur la culture indienne, d’après les deux voyageurs :
    • Les réponses aux questions paraissent souvent approximatives. La notion de précision est différente ;
    • Les Indiens sont curieux et aiment comprendre le pourquoi des choses. Ils leur demandent souvent quelle est l’utilité de leur voyage ;
    • La notion du temps est différente et l’attente est normale.

De Delhi à Amritsar — Juin 1994

Résumé

Sylvain et Alexandre passent dix jours à Dehli, hébergés par le photographe Raghu Raï. La ville présente deux facettes : Old Dehli, la vieille ville au centre et New Dehli, les quartiers récents et verts en périphérie. C’est bientôt la mousson et dans l’attente, les gens sont nerveux et violents, ce qui surprend les deux voyageurs. Ils obtiennent des pneus de rechange dans le quartier des marchands de cycle (Sadar Bazar), achètent leurs visas pakistanais et se font livrer des pièces détachées par leurs parents (via Air France Cargo, livraison à l’aéroport).

Plusieurs fois lors de leur traversée du nord de l’Inde, les garçons sont témoins ou même victimes de violences publiques. Cependant, ils font aussi des rencontres intéressantes et sincères.

Au Pendjab, les aventuriers attirent l’attention de la population, qui montre son soutien en leur offrant des rafraichissements et l’hospitalité. Ils sont séduits par la culture positive de ces habitants, ainsi que par la richesse et l’opulence agricole de la région. Après de nombreux villages, où ils sont extrêmement bien accueillis, ils arrivent à Amritsar, capitale du Pendjab, ville surpeuplée et effervescente. Ils passent la nuit dans une école chrétienne et la journée suivante à découvrir un temple sikh.

Une rue d'Amritsar

Une rue d’Amritsar (source : Julian Nyča)

L’arrivée à la frontière pakistanaise est marquée par un terrible accident qui se déroule sous leurs yeux : un cycliste qui roulait devant eux est percuté et écrasé par un camion. Ils fuient la scène pour tenter d’échapper au traumatisme.

Enseignements

Conseils techniques

  • Livraison de matériel : les deux garçons ne trouvent pas les pièces de rechange qu’il leur faut (par exemple des couronnes de pédaliers neuves, des chaînes). Ils se les font donc livrer par leurs parents, via Air France Cargo qui livre les colis directement à l’aéroport.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • L’ambassade pakistanaise ne les accepte pas lorsqu’ils se présentent en shorts et T-shirts ;
  • Les garçons constatent qu’une pause de plus de trois jours rend le départ très difficile. Trois jours représentent pour eux la limite de l’enracinement ;
  • Ils profitent de la pompe à eau d’un cimetière pour se laver.

D’Amritsar à Quetta — Juin 1994

Résumé

En traversant la Chebab River, après quelques jours au Pakistan, les deux voyageurs passent brusquement des plaines fertiles au désert aride. Suffocant de chaleur, ils se baignent au bord du fleuve, dans une eau souillée par les buffles. Ils en ressortent couverts de plaques rouges.

Ils attaquent une montée de 30 kilomètres pour rejoindre le Fort Munroe, à 2000 mètres d’altitude, où l’air se rafraîchit, à leur grand bonheur. Là, ils rencontrent le peuple des montagnes, les Baloutches, froids et armés jusqu’aux dents, mais curieux et non-hostiles. Dans ce désert, les garçons rencontrent des problèmes d’approvisionnement en nourriture. Heureusement, l’hospitalité est inscrite dans la culture des habitants et ils partagent le repas des gens qu’ils croisent. Ils sont aussi soulagés par la mousson qui arrive enfin et met fin à la chaleur extrême qu’ils vivaient depuis leur arrivée en Inde.

« Le Baloutchistan est un repaire de pirates » : entre Iran, Afghanistan et Pakistan, c’est une plaque tournante pour de nombreux trafics. Ils sont d’ailleurs invités à prendre un thé sous la tente d’un groupe de brigands armés qui se disent amis de la France, mais qui les auraient tués s’ils étaient russes…

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Les plaques d’huile sur la chaussée sont dangereuses pour les cyclistes : l’une d’elle les fait chuter tous les deux sans qu’ils ne puissent rien faire pour se rattraper ;
  • Les relations géopolitiques entre les pays peuvent influencer les relations avec les habitants. Il peut être bon de se renseigner avant le départ (et pendant, si possible), pour ne pas se précipiter dans des situations périlleuses.

De Quetta à Téhéran — Juillet 1994

Résumé

Quetta leur apparaît comme une ville d’hommes, avec ses baraquements militaires et son absence d’effervescence, de marchandises et de rires. Ils sont invités par une religieuse espagnole qui tient une école pour jeunes filles. On leur déconseille la route, qui est aux mains des tribus, ils feraient mieux de prendre le train pour l’Iran. Mais les deux aventuriers veulent s’en tenir à leur pari de rouler sur la Terre à bicyclette, coûte que coûte.

Sur la route, ils sont bientôt interpellés par un chef de tribu qui leur fait visiter sa tente remplie d’armes et de haschisch. Ils sont invités à y passer la nuit, à condition de ne pas poser de questions, et ils dorment au milieu des armes, sous la surveillance de gardes armés. Troublante nuit, ils ne savent pas s’ils sont des hôtes ou des otages. Ils repartent le lendemain sans encombre.

En plein désert, ils rencontrent un cycliste suisse qui fait le chemin inverse ! La chaleur est étouffante et le vent est contre eux. Alexandre vit cette partie du voyage dans une grande torpeur. Il a de la fièvre et des coliques, il ne digère plus rien et faiblit de jour en jour. Malgré leur épuisement, les garçons enchaînent les kilomètres et font des journées complètes de vélo, pour fuir le désert et pour arriver à temps au rendez-vous avec les parents de Sylvain à Téhéran. Ils ont 1660 kilomètres à parcourir en quinze jours. Les journées, ils roulent sans arrêt, fatigués et malades. Les soirs ils s’effondrent dans le désert ou dans des forts militaires. Chaque fois qu’ils trouvent un médecin, Alexandre se voit administrer une dose de sérum physiologique, qui l’aide un peu à tenir.

Bam en Iran

Bam en Iran (source : Patrick Ringgenberg)

Finalement, les parents de Sylvain les rejoignent plus tôt, à Bam. Mme Tesson, qui est médecin, diagnostique une hépatite et souhaite rapatrier Alexandre en France. Les garçons négocient pour qu’il soit pris en charge dans un bon hôpital à Téhéran et qu’il s’y repose jusqu’à sa guérison, avant de repartir à vélo.

Enseignements

Conseils techniques

  • Défense : les deux aventuriers sont équipés de couteaux. Utiles pour la vie de tous les jours, mais aussi pour intimider et faire reculer d’éventuels ennemis.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Pour lutter contre la déshydratation dans le désert, mieux vaut boire du thé amer très chaud que de l’eau fraîche. Le thé limite la sudation, avec laquelle les sels minéraux quittent le corps, le privant d’énergie.

De Téhéran à Kertch, en Ukraine — Juillet-Août 1994

Résumé

Alexandre souffre d’une hépatite E. Alors qu’en France tous, amis et famille, tentent de le convaincre d’abandonner l’aventure, il résiste et promet de ne repartir de Téhéran qu’une fois guéri. L’hépatite E se soigne par le repos. Il choisit de s’en remettre à l’expérience d’une vieille femme croisée sur la route qui lui avait conseillé de consommer un kilogramme de miel par jour. Le remède fonctionne et il est de nouveau sur pieds après trois semaines de convalescence et de lecture.

Pendant ce temps, Sylvain s’est lié d’amitié avec les gendarmes de l’ambassade de France, a visité la ville et a même pratiqué l’escalade. Avant de quitter la ville, en direction de l’Arménie, les deux garçons s’attellent à des réparations nécessaires de leurs vélos, au magasin de cycles Peugeot local. Rafaël, un cyclotouriste iranien propose de les accompagner en vélo jusqu’à la frontière arménienne.

Arrivés en Azerbaïdjan, le désert cède sa place à la campagne verte et fraîche. Chaque nuit, ils sont hébergés dans un village différent, par un membre de la famille de Rafaël. Ils sont très bien accueillis et très bien nourris. Finalement, Rafaël les quitte un peu avant la frontière, où ils sont fouillés et où ils craignent des représailles pour avoir trafiqué leurs visas. Ils réussissent à passer et apprennent avec surprise que le poste frontière n’était ouvert que ce jour-là et qu’il ne ré-ouvrirait pas avant un mois ! Quelle chance !

Paysage verdoyant Azerbaidjan

Paysage verdoyant d’Azerbaidjan (source : Adam Jones)

Les villes de l’Arménie des années quatre-vingt dix, au sortir de l’Union soviétique, leur paraissent très laides, mais ils sont charmés par la campagne. Ils sont tour à tour hébergés par des Arméniens francophones, des expatriés français et des religieux qui tiennent un hôpital catholique. À la frontière géorgienne, les officiers se fichent bien de leurs passeports, ils veulent de la vodka ! Tous les jours suivant, ils se font offrir des verres de vodka et ont hâte de retrouver une certaine sobriété.

Ils roulent vers l’Ukraine, le long du littoral de la mer Noire, défiguré par d’imposantes constructions en béton de l’ère soviétique. À la frontière, ils sont refoulés, mais un officier russe propose de les faire passer, dans le coffre de sa voiture pour une somme raisonnable (trente-cinq dollar et deux paquets de cigarettes). Ils acceptent.

Enseignements

Conseils techniques

  • Gérer son matériel : de même qu’ils se font parfois livrer de l’équipement, ils renvoient leurs duvets en France avant de quitter Dehli, pour s’alléger. Cependant, ces derniers leur manquent un peu, dans la froide campagne d’Azerbaïdjan.

Conseils et réflexions sur le voyage

  • Les garçons acceptent de passer la frontière ukrainienne dans le coffre de la voiture d’un officier russe. Manœuvre très risquée, ils sont guidés par leur instinct.

De Kertch à Oradea — Août-Septembre 1994

Résumé

Les deux aventuriers craignent que leur passeur les livre à la police. Il n’en est rien et il les débarque à Kertch sains et saufs où ils sont aussitôt accueillis chaleureusement par une amie à lui. Clandestins, ils doivent éviter les nombreux contrôles et barrages routiers.

Le littoral est vallonné, comme le Yunnan, mais la mer apporte beaucoup au paysage et la route est agréable. Ils ont Yalta en ligne de mire, dernier jalon avant le retour en Europe. La vue du port est magnifique et ils s’y rendent, avec pour objectif de rejoindre Odessa en bateau. Ils y trouvent un capitaine qui accepte de les prendre à bord. En attendant le départ, ils amassent un petit pécule en jouant de la musique pour les passants.

Sur le bateau, rien ne peut entamer leur joie : ils rentrent en Europe, elle leur manque tant ! Cependant, une violente tempête survient et après une nuit de lutte contre les éléments, ils découvrent à l’aube qu’ils ont atterris dans une base militaire. Manque de chance pour des clandestins… Face aux officiels, les deux garçons font preuve de débrouillardise et négocient leur « châtiment » : être escortés jusqu’en Moldavie, pour une somme de quinze dollar chacun. Sur le trajet, au milieu de vaste champs désertés, règne une grande tension due à la fin très récente de l’URSS.

Le paysage change et les voyageurs retrouvent les forêts tempérées et des campagnes qui ressemblent à celles de France. Ils renouent avec leurs racines en Roumanie, où ils sont bien accueillis et hébergés par des habitants, mais ils souffrent du froid la nuit, sans leurs duvets, lorsqu’ils sont conviés à dormir dans des granges. Ils finissent par rejoindre l’E60, une route européenne ! À Oradea, ils apprennent par téléphone que la sœur d’Alexandre les rejoindra pour deux jours de visite à Vienne.

Enseignements

Conseils techniques

  • Les duvets : arrivés en Europe, en septembre, les garçons regrettent un peu de s’être séparés de leurs duvets. En effet, les nuits sont fraîches (moins de 10°C) ;
  • S’alléger : sur la route européenne, ils croisent des étudiants en voiture qui rentrent de vacances, direction Saint-Denis. Ils se déchargent alors de tous les objets qui ne leur serviront plus (réchaud, vaisselle, pharmacie, instruments et matériel de jonglerie).

De la frontière hongroise à la frontière française — Septembre-Octobre 1994

Résumé

Après tant de jours passés dans des contrées très pauvres, les deux aventuriers apprécient particulièrement la propreté de l’Europe, son climat tempéré et le bon état de ses routes. En Hongrie, le contact avec les habitants est fraternel et naturel. C’est à partir de ce pays que le voyage devient facile. La lutte quotidienne contre les éléments, la faim et la fatigue est terminée.

En se séparant de nouveau d’une partie de leur équipement restant, ils découvrent à quel point ils sont devenus minimalistes et s’étonnent d’avoir pu vivre dans des maisons remplies d’objets avant leur départ de France.

Ils redécouvrent avec bonheur les villes de belles pierres, bien entretenues, et le confort des foyers où ils sont accueillis. Puis ils célèbrent leurs retrouvailles avec la sœur d’Alexandre à Vienne, avant de parcourir l’Autriche et l’Allemagne, où l’amour du vélo est flagrant. Pour la première fois depuis leur départ, le vélo n’est pas considéré comme une nuisance, mais comme un moyen de transport respectable et noble. Sur les pistes aménagées, ils ont la sensation de rouler en file indienne, eux qui s’étaient habitués au code de la route sauvage et à la solitude. Ils arrivent à Munich, après 25000 kilomètres de vélo, pour fêter l’Oktoberfest, puis repartent vers la Suisse. Leur carnet d’adresse se remplit, ils se font de nombreux amis sur ce trajet européen, hôtes et cyclotouristes dont la densité est très importante dans cette partie du globe.

Le panneau « France » apparaît. Les deux voyageurs sont moins émus qu’ils ne le souhaiteraient. C’est le choc du retour, mais bientôt ils sont submergés par la joie. En France, les émotions se bousculent, le sentiment d’accomplissement les envahi. Ils s’émerveillent de tout.

Leur tour du monde s’achève, sur les Champs Elysées au milieu d’une foule d’amis, d’admirateurs et de la presse qui a suivi leurs aventures. Ils ont réussi ! Et le lendemain, c’est la rentrée… la vie continue.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage

  • En Europe, malgré l’individualisme et la méfiance que l’on peut attribuer aux habitants, les deux garçons sont extrêmement bien accueillis, hébergés par de très nombreux hôtes dont ils gardent d’ailleurs les coordonnées ;
  • Très proche de l’arrivée, Alexandre oublie un peu d’être vigilant et fait une mauvaise chute. Il faut lui recoudre le crâne. Il faut rester vigilant jusqu’au bout.

Conclusion

Sylvain et Alexandre nous invitent dans l’intimité de leur Tour du Monde à vélo. La rédaction, très fluide, de ce récit à deux voix nous donne l’impression de voyager, de voir les paysages, de sentir les odeurs et d’entendre le chant de ce monde qu’on veut à notre tour explorer !

Le texte est généreux en détails et on y trouve de nombreuses informations utiles, tant sur le plan matériel qu’humain. C’est une lecture que nous recommandons chaudement aux amateurs de récit de voyage et aux voyageurs en quête de conseils et d’inspirations !

Ce qui nous a particulièrement marqué :

  • La grande hospitalité des gens, tout autour du monde ;
  • Les capacités de négociation des deux voyageurs : ils font constamment usage de leur bagou, d’humour et de culture pour se tirer des mauvaises passes ;
  • La motivation que chaque voyageur inspire à l’autre.

Nous espérons que cette première chronique vous a plu et que les informations que nous avons tirées du récit pourront vous être utiles 🙂 Partagez-nous vos impressions en commentaires.

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À la semaine prochaine pour une nouvelle chronique !

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Maxime et Lucie En Echappée
On est tous les deux des passionnés de voyage à vélo et très curieux à ce sujet. Suivez sur ce blog nos voyages à vélo, et découvrez nos rencontres, inspirations et conseils pour préparer les vôtres ! Le blog évoluera au fil de nos découvertes cyclistes et de nos rencontres. Notre projet est de vous livrer nos expériences, mais aussi de donner de la voix aux autres voyageurs pour compléter nos avis. Alors, débutants ou confirmés, suivez-nous et partez avec nous en échappée !

Une réflexion au sujet de “Chronique n°1 : On a roulé sur la Terre, A. Poussin et S. Tesson

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