[Podcast] Premier voyage seule, en Belgique et aux Pays-Bas : le témoignage de Dominique

velo amsterdam

Amsterdam à vélo

Bonjour et bienvenue sur En Echappée pour un nouveau témoignage de voyageur à vélo ! Nous sommes aujourd’hui avec Dominique, qui avait fait quelques voyages en couple, mais se lançait l’été dernier pour son premier voyage en solo !

Son choix de destination s’est porté sur la France, la Belgique et les Pays-Bas, en suivant le tracé plus ou moins existant de l’Eurovelo 12 !

Ce dont on parle dans cette interview :

Présentation de Dominique et de son voyage

Dominique : Dominique, j’ai 51 ans, je vis en couple, en famille. J’ai toujours aimé me balader à vélo, mais en famille c’est toujours compliqué, parce que j’ai un fils qui n’aime pas trop l’itinérance. Il aime bien le vélo comme effort physique, mais pas l’itinérance. On a essayé un peu, mais ça a toujours été très court parce que tout le monde ne s’y retrouvait pas. Et avec mon mari, on en a fait un petit peu aussi.

Mais j’avais envie de partir toute seule, c’était un peu un défi.

J’ai voyagé deux fois trois jours par le passé, j’avais beaucoup aimé, mais à chaque fois, j’avais eu peur. Et là, comme mon mari travaille à Mayotte et que mon fils est parti là-bas, je me suis dit que j’avais l’occasion de partir. Au départ, je pensais partir un mois et puis au final, j’ai aussi des contraintes comme mes parents sont un peu malades, donc j’ai pu partir quinze jours. Et donc comme je déposais mon fils à l’aéroport au nord de Paris, je m’étais dit que j’allais mettre le vélo dans la voiture – comme j’ai une voiture suffisamment grande pour mettre le vélo dedans – et je vais vers le Nord, longer la mer. Je n’avais pas envie d’être en France, c’était après les élections, je me suis dit « Olala… », j’avais envie de quitter la France, de changer d’air. Donc j’ai déposé ma voiture à Dunkerque. Et j’avais regardé sur Internet, qu’il y avait, paraît-il, l’EuroVelo 12.

Maxime : Oui, qui fait le tour de la Mer du Nord.

D : Paraît-il, parce que je n’ai vu aucun panneau EuroVelo 12 sur le trajet que j’ai pu faire.

Lucie : Ah mince !

D : Donc je suis partie de Dunkerque. Et grâce à Warm Showers, j’ai pu trouver à Dunkerque des gens qui m’ont gardé la voiture. Warm Showers, vous connaissez, c’est vraiment bien, c’est un site que je recommande. Après, je n’étais pas vraiment équipée en carte. Comme j’avais fait une partie de l’EuroVelo 4 en Bretagne et que c’était super bien balisé, je me disais que ça allait être pareil, mais pas du tout. Mais bon, comme j’ai longé la côte, je me suis dit que ce n’était pas très compliqué. Donc j’y étais un peu à la découverte, je n’étais pas très bien équipée, mais ce n’est pas facile de trouver des cartes non plus. J’avais une carte Nord de la France/Belgique/Pays-Bas, carte française. Et j’avais aussi des guides touristiques Belgique, Pays-Bas, mais pour le vélo ce n’est pas très utile. Et puis, je pensais à acheter éventuellement au fur et à mesure.

Donc je suis partie de Dunkerque, j’ai longé la côte, mais en France ce n’est pas du tout adapté aux vélos. Ça va encore, mais ce n’est pas très protégé. Il n’y a pas de piste cyclable, aucun panneau, mais on longe la mer, donc ça va à peu près. Après, je suis arrivée en Belgique, je n’y ai toujours pas trouvé de panneau EuroVelo 12, mais comme je savais avec ma carte routière où je voulais aller, j’ai longé plus ou moins la côte, mais pas tout près de la côte belge car c’est assez urbanisé. Donc j’ai longé les canaux. La Belgique, je ne sais pas si vous y êtes déjà allé, c’est un peu comme les Pays-Bas, c’est bien aménagé niveau piste cyclable.

L : Non, on n’est jamais allé dans ces pays-là, même si on nous a dit que c’était très adapté.

D : Ah oui, j’ai vraiment l’intention d’y retourner. J’ai balisé mon itinéraire en fonction des Warm Showers que j’ai pu trouver. J’ai fait du camping aussi. Je suis allé près de Bruges, puis j’ai filé vers les Pays-Bas, je ne suis pas resté très longtemps en Belgique. J’ai longé la côte, en Zélande. J’avais une amie française qui vit aux Pays-Bas depuis plus de vingt ans et que j’avais perdue de vue, donc j’ai repris le contact, c’était l’occasion. Elle habite au sud d’Amsterdam.

L : C’était ton objectif du voyage de rejoindre une amie à Amsterdam ou tu as continué après ?

D : Au départ, je voulais aller jusqu’au Danemark. Mais en même temps, je ne voulais pas passer par l’Allemagne, je voulais trouver un bateau qui m’emmènerait des Pays-Bas au Danemark. Parce que je n’avais pas envie de parler allemand. Il faut savoir que dès que j’ai mis le pied en Belgique, je n’ai parlé qu’Anglais, c’est très dépaysant pour ça. On est en zone flamande, il paraît qu’ils comprennent le français, mais je ne suis pas tombé sur des Belges qui comprenaient le français, peut-être en ville, je ne sais pas. Donc dès mon premier hébergement, c’était en anglais. Donc ça, c’est super intéressant, parce que dès que j’étais chez quelqu’un, on ne parlait qu’anglais. Aux Pays-Bas aussi. Ils maîtrisent bien l’anglais, aussi bien en Belgique qu’aux Pays-Bas, ils sont beaucoup plus bilingues que nous. C’est intéressant mais… après voilà, il faut se lancer !

Donc au départ, je voulais aller au Danemark, puis j’ai un peu revu mes plans à la baisse parce que je ne trouvais pas de bateau qui partait des Pays-Bas et ma copine qui habite là-bas n’en connaissait pas non plus. Donc je me suis dit que pour mon premier grand voyage toute seule, j’allais faire une boucle aux Pays-Bas. C’est ce que j’ai fait. Je suis revenue plus vite que prévu parce que mon papa a des problèmes de santé, mais j’ai quand même fait 15 jours. Je suis montée le long de la côte, jusqu’à La Haye. Puis, j’ai pris Gouda et mon amie habite Kulenborg.

Signalisation, smartphone et carte routière – sur les routes cyclables belges et hollandaises

Il faut savoir que pour se repérer aux Pays-Bas et en Belgique, il y a beaucoup de pistes cyclables et il y a des panneaux spécial vélo, surtout aux Pays-Bas. Ce sont des petits panneaux rouges. Et ils ont aussi un système de numérotation en points, mais j’ai trouvé que c’était beaucoup plus compliqué. En fait, on va d’un point à un autre, mais ce n’a aucune logique. Et parfois, la distance entre deux points est courte, donc si on a raté un numéro, on est un peu perdu. Donc je m’aidais des petits panneaux qui sont blancs et écrits en rouge et quelque fois, s’il y a un office de tourisme, on me donnait les trajets avec les points, donc j’essayais, mais souvent je perdais le fil au bout d’un moment et je me retrouvais avec les panneaux. Il y a aussi quelque chose qui m’a bien aidé, c’est que j’avais acquis un smartphone avec Google Maps, ce qui m’a bien aidé. On m’a aussi téléchargé l’application Osmond, mais je n’ai pas trop aimé, ce n’est pas très convivial et je pense qu’il faut passer du temps pour le maîtriser. Je m’étais dit en route que j’allais prendre le temps, mais non, une fois que l’on est parti, on a autre chose à faire.

L : Donc Google Maps était le bon allié ?

D : Oui, sauf quand je suis allé chez mon amie à Kulenborg. J’avais oublié que ça se déchargeait assez vite quand on met le GPS. De La Haye à Kulenborg, je n’ai pris que Google Maps et à la fin le téléphone s’est éteint et je n’avais plus rien ! Heureusement, je n’étais pas très loin.

NDLR : Pour plusieurs jours en autonomie, il peut être utile d’emporter avec soi une batterie portable. Nous voyageons avec une batterie Power Bank (22400 mAh), permettant au moins cinq recharges du téléphone. Certains voyageurs emportent des panneaux solaires portatifs qui peuvent s’étaler sur les sacoches arrière

L : Oui, c’est vrai que c’est le souci.

D : Oui. Donc il faut au minimum une carte quand même. J’avais une carte 1 :400 000, elle n’est pas très zoomée, mais ça allait. Et puis aller dans les offices de tourisme, parfois ils donnent des petites cartes. Et mon amie à Kulenborg m’a téléchargé des cartes « LF route », des routes qu’ils ont beaucoup aux Pays-Bas. Et justement, le long de la côte, quand j’ai contacté des Warm Showers, je leur disais que j’allais faire l’EuroVelo 12. Ils ne savaient pas ce que c’était et me corrigeait en me disant qu’aux Pays-Bas, c’était la « LF 1 ». C’est balisé aussi avec des panneaux.

NDLR : les routes Eurovelo empruntent souvent des itinéraires cyclables déjà existants dans les différents pays traversés. Exemple : l’Eurovelo 6 qui emprunte en France l’itinéraire de la Loire à Vélo.

Je suis ensuite montée jusqu’à Amsterdam, mon papa n’allait pas bien et je suis redescendue le long de la mer, sur quasiment le même itinéraire. Mais ça ne me dérangeait pas de revenir sur mes pas parce que je ne reconnaissais pas tout à fait. À l’aller, j’ai trouvé ça super facile, c’était plat et j’avais le vent dans le dos. Mais au retour, j’avais le vent dans le nez, force 4-5, et j’ai galéré quand même. C’était très dur. C’est un peu l’inconvénient de rouler au bord de la mer. J’avais envie de voir la mer. Bon, on ne la voit pas toujours parce qu’il y a des digues et autres, mais on la sent quand même. Si je refais un itinéraire dans les Pays-Bas et en Belgique, ça serait plus dans les terres. En Belgique, il paraît qu’il y a des endroits où c’est vraiment très vallonné.

Aux Pays-Bas moins. Mais il y a de beaux endroits dans les terres, et puis dans tous les cas, c’est cyclable partout, c’est vraiment extraordinaire au niveau des pistes cyclables, parce qu’on est jamais en danger. Et les automobilistes sont très respectueux des cyclistes. Il y a des règles d’ailleurs : les automobilistes, aux rond-points, doivent laisser passer les cyclistes – c’est dessiné, il y a des triangles qui sont dessinés sur la route. Moi je ne savais pas ce que c’était et c’est mon amie qui m’a expliqué « ça veut dire que la voiture doit s’arrêter ». Les voitures vraiment respectent.

L : C’est bien ça !

D : Oui, parce qu’en France on a l’impression de les déranger, alors que là, aux Pays-Bas, ce n’est pas du tout comme ça.

L : Oui, c’est l’inverse du coup !

M : Super !

D : Ça fait du bien ! Alors, après il y a beaucoup de monde qui fait du vélo, donc c’est vrai qu’on est jamais tout seul sur une piste cyclable, c’est extraordinaire. Et en même temps, moi en temps que femme toute seule je me disais « si j’ai une panne, je ne sais pas si on viendra m’aider, car c’est tellement banal de faire du vélo » [rires]. Après, les Néerlandais sont des gens gentils, mais assez réservés, et donc si… ils ne viennent pas vers nous, mais si on a besoin, ils répondent à la demande.

L : D’accord.

D : Il faut parler anglais quoi. Il y a des zones où ils ne parlent pas anglais, sur la côte. Ils parlent néerlandais ou allemand.

L : Il faut parler par signes, ou un langue germanique.

D : Oui, ça peut être pas mal d’avoir quelques notions d’allemand, mais on se débrouille avec des gestes.

Son ressenti sur ce premier voyage en solitaire

L : Et comment tu l’as vécu, est-ce que ça t’a donné envie de continuer comme ça ? Ça t’a plu ? tu as trouvé ce que tu recherchais ?

D : Oui ! J’ai beaucoup apprécié. Au bout de deux jours j’avais l’impression d’être partie depuis une éternité. Ca m’a paru tellement simple une fois sur mon vélo. Alors qu’avant, c’était difficile, j’appréhendais, j’avais toujours une boule au ventre. De partir toute seule c’étais quand même un peu un défi. Et aucune trouille après ! Vraiment des choses qui semblent faciles. Et même maintenant… c’est comme si j’étais allé au boulot… C’est extrêmement simple. Ça me paraît simple maintenant, alors qu’avant ça me paraissait compliqué. Et j’ai vraiment envie de recommencer, ça c’est sûr.

L : D’accord ! Donc tu as franchi le cap du fait que c’était un peu impressionnant, puis, un fois dedans : naturelle, pas de crainte. Et puis, tu n’as pas eu de souci j’imagine ?

D : Mon téléphone est tombé, c’est ce qui m’inquiétait le plus. Je me disais, si je n’ai plus de téléphone… Mais on se débrouille. Non, je n’ai pas eu de peurs. C’est bien ça : être sur son vélo, se sentir confiant. Le vélo, j’avais confiance en lui. J’avais pas envie qu’il crève quand même, parce que c’est galère quand on a des sacoches et tout. Et j’ai eu de la chance aussi, ça a été 15 jours de beau temps. J’ai eu du vent, mais je n’ai pas eu de pluie, donc je n’ai pas vécu cette galère là. J’étais pas trop chargée.

Son matériel

M : Tu avais quoi comme matériel d’ailleurs ? Quel vélo, quelles sacoches ?

D : Je n’ai pas beaucoup investi parce qu’il fallait chercher sur internet et ça me gonflait un peu [rire]. Et puis parce que je ne veux pas acheter par internet et payer par carte bancaire. J’avais une petite tente, que j’avais acheté pour mon fils, Décathlon, légère. Après, un matelas Décathlon que ma voisine m’avait prêté, mais il était un peu trop gros j’avoue. J’avais un oreiller, mais ça ne sert à rien. J’avais un réchaud Camping Gaz, mais je ne l’ai jamais allumé. Le matin, je me faisais un muesli, et après je prenais mon temps, j’allais boire un petit café à une terrasse. C’est ça aussi, c’est les vacances, où on est attendu par personne. C’est super ça. Je m’arrêtais tous les jours boire un thé. Aux Pays-Bas, en plus, ils ont du bon thé. Je trouve qu’on mange pas trop mal, et pas trop cher.

La nourriture et l’hébergement

L : Tu mangeais au restaurant, ou tu t’achetais des petits sandwiches ?

D : Oui, des sandwiches. Ils mangent beaucoup sur le pouce les Néerlandais, le midi. Ce qui fait que, quand on rentre dans un super marché, il y a plein de choses. Des fruits, des légumes, tous prêts. Bon, ça fait des emballages plastiques, et c’est pas toujours bio… d’habitude je mange bio, mais là quand je pars en voyage…

L : Tu t’adaptes à ce que tu trouves.

D : Oui, voilà. Et puis les Pays-Bas, comme la Belgique, ce n’est pas très grand, donc il n’y a jamais une très grande distance entre deux villages. En France, il faut peut-être plus prévoir. J’ai trouvé ça simple, tu peux faire juste 10 kilomètres et puis t’arrêter. Après, il faut savoir qu’en Belgique le camping sauvage est strictement interdit. Je n’avais pas l’intention de le faire. Et aux Pays-Bas ce n’est pas souhaitable non plus.

L : D’accord !

D : Ils disaient ça sur CCI [NDLR : Cyclo-Cmping International], et on me l’a confirmé après.

L : C’est bon à savoir.

D : Les campings… Il y a un camping quand même qui m’a refoulée.

L : Ah bon ?

D : Aux Pays-Bas, ce n’est pas vraiment adapté je trouve, ils ne pensent pas cyclo-voyageurs. C’est des très grands campings, enfin ceux que j’ai vu, en Belgique aussi, très grands campings avec des mobil-homes ou des caravanes. Un beau confort. Les Allemands, les Néerlandais et les Belges aiment bien ce confort. Et ils ont par contre avec eux leur vélo et ils font des balades.

L : Ils ne sont pas en itinérance.

D : Oui, ils ne font pas de l’itinérance. Et, du coup – pourtant j’ai vu quelques cyclo-voyageurs – mais je trouve que dans les campings où je suis allée ils étaient un peu étonnés de voir quelqu’un qui demandait juste une petite place pour une tente. Et une fois même j’ai été refoulée, car je n’étais plus aux horaires d’ouverture. Les horaires d’ouverture c’est neuf heures /dix-sept heures, donc on voit bien que ce n’est pas ouvert pour les cyclo-voyageurs. Mon mari m’a appelé à ce moment là, car j’étais un peu désespérée, enfin c’était juste le hazar qu’il m’appelle. Et je lui dis : « Voilà, je suis refoulée du camping, et il faut que je fasse encore dix kilomètres et je suis crevée ». Et il m’a dit : « Non, non, tu fais demi-tour, tu y vas ! ». Alors je me suis installée et puis voilà. J’ai trouvé un endroit où il y avait trois places pour des tentes. Mais bon, au restaurant du camping ils n’avaient pas envie de s’enquiquiner et ils m’avaient dit qu’il n’y avait pas de places… On est pas très bien accueillis en tant que cyclo-voyageurs, ce n’est pas quelque chose qui est généralisée là-bas. Autant il y a beaucoup de pistes cyclables et en tant que cycliste on est vraiment à sa place. Quand on veut camper, les campings – enfin, ce que j’en ai trouvé moi…

L : C’est une expérience !

D : …sont des gros campings pour des gens qui ont pas mal d’argent. Ils ne savaient même pas le prix d’un emplacement de tente à chaque fois. Et donc cette fois je n’ai pas payé, car je suis repartie le lendemain et ce n’était pas encore ouvert.

Son budget pour quinze jours

M : C’est quoi d’ailleurs ton budget en général ? Tes quinze jours ont coûté combien ?

D : J’avais retiré de l’argent, à peu près cinq cent euros. À peine, car j’en avais donné à mon fils, donc j’avais peut être quatre cent soixante dix euros. Et je suis revenu avec… si j’ai dû retirer cent euros… J’ai dû dépenser cinq cent euros à tout casser. J’ai pas eu énormément de dépenses, enfin si tous les jours un petit café, un petit machin [rire]. Mais les Warm Shower, c’est gratuit, même si je venais toujours avec quelque chose quand même, soit une bouteille de vin, soit un dessert. Donc je dépensais pour les Warm Showers entre cinq et dix euros. Le camping c’est à peu près quinze / vingt euros.

Et si, aussi, sur la côte belge, au retour, j’ai pris un tramway qui longe pratiquement toute la côte. De De Panne à Knokke. Mais alors le problème c’est qu’ils acceptent – c’est pas cher du tout, et ça fait soixante kilomètres, et moi comme il y avait du vent ça m’a bien dépanné pour revenir jusqu’à Dunkerque – ils vendent des billets « vélo », mais ce n’est pas du tout adapté pour les vélos. Donc là mon vélo ne roule plus, ça frotte de partout, parce qu’il y avait deux marches très très hautes pour monter le vélo, j’ai eu du mal, on m’a aidé… avec les sacoches et tout ça c’était un peu galère. C’est vrai que ça dépanne, mais si on peut s’en passer… Mais ce n’est pas cher, ça m’a coûté cinq euros pour soixante kilomètres. Et surtout si on est plusieurs vélos. Là moi j’étais toute seule. Heureusement. C’est un petit tram, il longe la mer, ça permet de voir la côte quand même. Mais il faudrait leur dire quand même, qu’ils adaptent [rire]. Il y a un wagon du milieu qui est plus accessible, mais c’est réservé aux personnes handicapées et aux poussettes, mais les vélos sont interdits. Et en plus il a fallu que je change de tram, et ils ne me l’avaient pas dit, surtout que tout est en flamand. La première fois j’avais bien vu le petit logo rouge pour dire que les vélos étaient interdits, mais c’était quand même là le plus accessible, donc j’y suis allé. Après il a fallu que je descende et quand j’ai voulu remonter au milieu, on m’a dit « Non, non, au fond ». Et là j’ai été obligée de demander de l’aide car c’était vraiment galère. Donc du coup mon vélo s’est abimé et il faut que je le mette à réparer. La béquille a cassé, mais c’était à la fin donc ça va !

Son vélo pour ce voyage

L : Et ton vélo, je ne sais plus si tu le disais tout à l’heure, c’est un VTT, un VTC ?

D : C’est un VTC que j’ai acheté il y a douze ans, chez un vendeur de cycles à Vannes. Je suis retournée le voir, il m’a installé des pneus increvables… comment on appelle ça ?

L : Schwalbe ?

D : Non, pas des Schwalbe. Je ne connais pas la marque.

L : Des Marathon ?

D : Non, je ne connais pas la marque, mais on voit bien qu’ils sont costaux et il y a une matière qui est spéciale.

M : Une couche de kevlar peut-être ?

D : Kevlar ! Voilà ! J’ai fait huit cent kilomètres quand même et mes pneus ne se sont pas dégonflés d’un iota ! C’est pas mal. Il m’a dit qu’il fallait bien les gonfler. Je me suis un peu aidée du Manuel du Voyage à Vélo de Cyclo-Camping International, je suis adhérente. Mais comme je n’avais pas envie d’investir beaucoup dans le matériel, je me suis dit que j’allais d’abord faire avec ce que j’ai.

Son rythme de voyage : une découverte de ses envies et besoins

Et je ne savais pas si j’avais envie – c’était un peu la découverte – je disais à mes copines :  » Peut-être qu’au bout de trois jours je vais m’arrêter dans un coin et je ne vais plus bouger « . Je ne savais pas trop, c’était vraiment la découverte par rapport à moi même. Et c’est grisant, le matin tu as toujours envie de repartir et d’aller toujours vers l’inconnu ! C’est assez sympa ! Et au final, oui, ça fait pas mal de kilomètres.

Après, au bout de dix jours, j’avais envie de me poser. Et ça c’est pas toujours facile de trouver un endroit où on peut se poser vraiment. J’avais vu une île au Nord des Pays-Bas, je pensais y aller, mais c’est là que j’ai eu un message et donc je n’y suis pas allée.

L : Sinon tu aurais fait une petite pause dans le voyage.

D : Oui, trois jours, sur une île. Parce que c’est vrai que, quand on campe, ou quand on est chez les gens, tous les jours, surtout quand on campe, il faut déplanter, ranger son matériel. Des fois tu as envie de te poser. Ah si, ce que je faisais quand même, c’est que j’ai fait plusieurs villes, et à chaque fois je restais au moins deux nuits dans chaque ville. À Bruges, j’ai trouvé un Warm Shower à quinze kilomètres de Bruges. Je leur ai demandé de rester deux nuits, et j’ai planté la tente dans le jardin chez eux. Après, quand je me suis trouvée près de La Haye, j’avais trouvé un Warm Shower aussi. Je suis restée deux nuits chez elle. À chaque fois des gens très sympas. Et à Amsterdam je n’ai pas trouvé de Warm Shower et je suis allée dans une auberge de jeunesse que j’avais trouvée dans mon guide Petit Futé. Je suis restée deux nuits aussi.

L : Oui, d’accord, ça te permettais de visiter un peu plus peut-être aussi ?

D : Oui, j’ai fait pas mal de musées, parce que moi j’aime ça ! À Bruges, à La Haye aussi. La Haye c’est une très jolie ville, avec beaucoup de végétation, c’est très agréable de s’y balader à vélo. Et puis il y a la mer juste à côté.

M : Super !

D : Je suis allée me baigner. Parce que c’est ça aussi l’inconvénient quand on est cyclo-voyageur, c’est que c’est difficile de laisser son vélo au bord de la mer pour aller piquer un plongeon.

L : C’est vrai qu’on ne s’est pas beaucoup baignés quand on longeait la mer nous non plus. On est un peu frustrés… On se dit « on va aller se baigner aujourd’hui », et puis des fois on est juste en train de rouler et on a pas spécialement envie de s’arrêter non plus. Ou alors ce n’est pas très pratique sur la plage… Il faut trouver les bons endroits.

D : Je pense qu’on est aussi dans une autre énergie où on avance. Et puis il y a aussi « qu’est-ce qu’on fait de nos bagages ? ». Même si, a priori, pourquoi on nous les volerait ?

L : Je pense qu’il n’y a pas trop de risque mais bon…

D : C’est tout ce qu’on a quoi !

C’était une belle expérience, même si ça s’est terminé un peu plus vite que prévu. À la fin j’avais le vent dans le nez, et je voulais absolument arriver le vendredi soir à Dunkerque car ceux qui gardaient ma voiture m’avaient dit soit vendredi soir, soit lundi. Comme je voulais aller voir une amie sur le week-end. Du coup ça a été un défi, j’ai pédalé pendant trois jours non-stop. Un jeudi, je me suis levée à six heures, j’ai vu qu’il n’y avait pas de vent, à sept-heures j’étais sur mon vélo et j’ai terminé à vingt heures [rire]. Pratiquement sans m’arrêter parce que je n’avais pas le temps. J’étais sur le vélo, j’avais tout prévu.

M : C’était quoi ton rythme en général ? Tu faisais combien de kilomètres par jour ?

D : C’est irrégulier. J’ai noté, il y avait des jours où j’avais rendez-vous par exemple avec un Warm Shower, donc j’avais peut-être fait 80 kilomètres. Le premier jour j’ai fait 70, le deuxième 35. Après, quand je suis allée me balader à Bruges, j’ai compté 40 kilomètres à peu près, car je me suis baladée aussi dans Bruges avec le vélo. Le lendemain 70, 40, 70. Quand je me suis promenée dans La Haye, 20 kilomètres à peu près. 70… Moi, ma moyenne, au delà de 60 je n’ai plus trop de plaisir. Il faut que ça s’arrête. Moi je ne suis pas… j’essaye d’aller au boulot à vélo, mais pas tout le temps, pas toute l’année. Je pense que je ne fais pas assez de vélo pour pouvoir m’enfiler 100 kilomètres chaque jour.

L : Oui, bien sûr. Et puis ça permet, quand on en fait un petit peu moins, de visiter un petit peu plus. Comme tu disais que tu aimes bien les musées. Il faut prendre le temps. On s’est rendu compte avec des amis, quand on faisait la Loire à Vélo, que si on faisait une quarantaine, on avait le temps de visiter un château, par exemple. Alors que si on en faisait plus, on était un peu pressés. Donc là cétait bien pour faire vélo / visite. Quand nous on part dans des endroits plus désertiques et qu’on veut juste avancer dans la nature, là on va plus facilement en faire 70 ou plus, mais ça dépend vraiment de ce qu’on a envie de faire dans sa journée, tout simplement.

D : Oui, et puis à chaque fois il faut penser au soir. Où est-ce qu’on va dormir… c’est surtout dormir, parce que manger on peut s’en passer. J’avais toujours du muesli, des fruits secs, je pouvais ne manger que ça le soir. Il y a toujours le moment où il faut penser « où je vais dormir ce soir ? ». On ne rentre pas à la maison, et on n’a pas le camping-car à côté. Mais c’est le charme aussi ! C’est l’inconnu, chaque jour. Et en fait, à chaque fois ça se passe bien !

L : Et puis c’est ce qui permets, je trouve, de relativiser un peu quand on rentre de se dire « on a connu des petites galères, des petites choses », donc peut-être qu’on est moins difficile quand on est chez soi, après. Je trouve que ça nous rend plus relax et plus simples dans la vie en général.

M : Tu te dis « oh, je n’ai rien à manger ce soir »… mais c’est quand même dix fois plus que j’avais tel jour en voyage.

D : Ah oui ! Moi j’avais toujours les soupes déshydratées, mais comme je n’avais pas envie de mettre le réchaud en route… mais j’aurai pu le mettre !25

L : Quand il ne fait pas froid, on a pas toujours envie de l’allumer, c’est vrai.

Quel climat sur la côte belge et en Hollande en juin ?

D’ailleurs, en climat, à la période… tu es partie à quelle période déjà, je ne me souviens plus ? Là tu en reviens ?

D : Oui, j’en reviens.

L : Et il faisait bon dans ces zones là ?

D : Oui, il faisait bon. Je crois que j’ai eu moins chaud qu’ici, car apparemment ici ça a vraiment été la canicule.

L : Mais c’est pas bien pour pédaler la canicule, c’était mieux avec un peu de…

D : Moi je trouve qu’à vélo, même quand il fait chaud, on crée un petit courant d’air quand on pédale. J’ai habité à Mayotte, je faisais du vélo là bas, je me déplaçais tous les jours. C’est vrai qu’il faisait chaud, mais je trouve que le vélo c’est jamais gênant, même quand il fait chaud.

L : D’accord !

D : Sauf les coups de soleil quand même un peu, il faut se protéger. Mais oui, il faisait bon. Un peu comme la Bretagne, des fois ça se couvre. Je vois les photos, des fois c’est un peu couvert, alors qu’il faisait bon. Quand j’étais sur Amsterdam il faisait un petit peu chaud, oui il faisait chaud quand même. C’est le week-end où il a dû faire chaud ici aussi.

Son prochain projet de voyage

L : Et, pour conclure, c’est quoi ton prochain projet ? Est-ce que tu en as déjà un en tête ? Ou est-ce que pour l’instant tu te laisses le temps de digérer ce premier voyage ?

D : Avec mon mari on va partir fin juillet, début août, parce que notre fils fait un stage de sport pendent quinze jours, et quand il est pas là on fait du vélo [rire]. On doit l’emmener à Saint-Jean-Pied-de-Porc, au Pays-Basque et notre projet, je ne sais pas trop comment on va faire, parce que je n’ai pas envie de faire trop de montagne. Mais sinon, je n’ai pas vraiment de projet personnel – parce que il y a ça, partir à vélo à deux c’est une chose, partir à vélo toute seule j’ai trouvé ça vraiment super, c’était la nouveauté. Mais je n’en ai pas là. Je suis enseignante, donc j’ai eu la chance de m’arrêter un peu, mais après… peut-être aux vacances de la Toussaint je ne sais pas. Donc là c’est Pays-Basque, et peut-être qu’on va descendre sur le Canal du Midi, je ne sais pas si vous l’avez fait ? J’ai cru comprendre que ce n’était pas très agréable.

M : Ah oui ?

L : Non, on ne connait pas encore cette zone là nous.

D : Il faut que je regarde sur internet !

L : D’accord ! De toute façon les projets viendront quand il y aura des opportunités. Des fois tu es inspirée par un voyage dont tu viens d’entendre parler, ou des choses que tu peux avoir vues au festival de Cyclo-Camping, ou autre. Nous c’est un peu comme ça qu’on s’inspire.

D : Vous partez cet été ?

L : Oui, cet été on va faire l’Ecosse.

D : À l’Ecosse d’accord, là je pense qu’il y a des dénivelés !

 L : Oui, c’est le but [rire] ! On veut grimper un petit peu.

D : Alors, justement c’est aussi l’Eurovelo 12 là ?

L : On ne va pas suivre d’Eurovelo là, on va faire le tour.

M : On va être à l’Ouest.

L : On va faire une boucle.

D : Parce que c’est un peu bizarre l’Eurovelo 12, je ne sais pas trop si elle existe vraiment…

Quelques mots sur les Eurovelo

M : Nous l’avons croisée en Norvège, l’Eurovelo 12, et en Suède. Il y avait le balisage. Mais en fait, l’Eurovelo c’est un projet pour l’instant et il y a certains endroits qui sont balisés et d’autres qui ne le sont pas encore. Qui sont juste en projet.

D : Donc la partie belge n’est pas… Même les Pays-Bas en fait, ils pourraient parce qu’elle existe…

L : Oui, il y a un effort à fournir qu’ils n’ont pas encore fourni.

D : C’est vrai que quand tu fais une partie de l’Eurovelo 4 dans les Côtes d’Armor, c’est hyper bien balisé. Il y a un sacré boulot.

L : Mais je pense qu’à terme il y aura quelque chose de bien un petit peu partout. Quand on va sur le site d’Eurovelo, on voit un petit peu où ils en sont. Ils donnent quelques nouvelles et ils indiquent avec un code couleur si c’est en cours de réalisation ou si c’est bon. Après c’est un peu inégal, ça dépend de ce que les pays ont eu envie de faire. Ca donne une idée. Mais c’est vrai qu’il faut pas s’imaginer – bon là, ce n’st pas ce que toi tu t’imaginais – mais on a vu parfois passer des articles sur internet disant « les Eurovelo, des pistes cyclables partout en Europe ! ». C’est pas vraiment ça en fait ! C’est pas des pistes cyclables.

D : Ah non, l’Eurovelo 4 c’est des petites routes.

L : C’est une confusion qui se fait des fois. Nous on essaye de communiquer et de dire que c’est un super projet, mais il ne faut pas forcément s’attendre à une route dédiée, en parfait état et bien balisée partout.

D : Mais c’est bien que ça existe, ça donne envie.

L : C’est une bonne dynamique ! Maintenant, ce n’est pas fini [rire], mais c’est déjà bien !

On te remercie beaucoup Dominique pour ton témoignage.

M : Merci !

D : À bientôt ! Et bons voyages à vous !

L et M : Merci !


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Maxime et Lucie En Echappée
On est tous les deux des passionnés de voyage à vélo et très curieux à ce sujet. Suivez sur ce blog nos voyages à vélo, et découvrez nos rencontres, inspirations et conseils pour préparer les vôtres ! Le blog évoluera au fil de nos découvertes cyclistes et de nos rencontres. Notre projet est de vous livrer nos expériences, mais aussi de donner de la voix aux autres voyageurs pour compléter nos avis. Alors, débutants ou confirmés, suivez-nous et partez avec nous en échappée !

4 reflexions sur “[Podcast] Premier voyage seule, en Belgique et aux Pays-Bas : le témoignage de Dominique

  1. marie bardet

    le pays basque c’est beau mais ce n est pas plat
    mais pas bien loin les landes et là c’est du billard
    une bonne idée des itineraires ur
    https://cycling.waymarkedtrails.org/#?map=10!43.3045!5.2819

    ilo fuat zoomer pour les voir apparaitre

    le canal du midi n est pas hyper bien entretenu (voir pas du du tout) dans la partie finale entre villefranche de lauragais et la mer

    mais avant depuis bordeaux ( on commence par la voie magnifique roger labepie )
    c’est nickel
    il y a a plein de possibilite de bivouac pres des haltes fluviales

  2. FRAYSSE Joël

    Bonjour Lucie et Maxime,
    En Septembre dernier j’ai parcouru en solo le trajet de Laroche-Migennes (89) à Port Saint Louis du Rhône (13) par le Canal de Bourgogne puis la route des grands crus de Bourgogne puis la ViaRhôna jusqu’à la mer (Camargue). La semaine suivante ce fut Orléans – Pornichet par ‘la Loire à vélo’. J’ai 2 fichiers PDF qui racontent tout cela, avec quelques photos : si cela vous intéresse, je vous les enverrai avec plaisir :-).
    Amitiés cyclistes -joël-

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