Chronique n°5 : Un vélo-couché à la découverte du monde, M. Monceaux

un vélo couché à la découverte du monde

Matthieu et Éole (source : En Echappée)

Bonjour et bienvenue sur notre blog pour cette cinquième chronique de notre défi « Quinze livres sur le voyage à vélo pour quinze semaines de découvertes » !

Comme nous vous le proposions dans notre article de présentation du défi, chaque semaine, pendant quinze semaines, nous allons lire un livre sur le voyage à vélo et le résumer pour vous sur le blog.

Après la chronique d’À contre-pied, on continue avec un nouveau récit de voyage !

Un vélo-couché à la découverte du monde, Matthieu Monceaux

Le 24 juin 2002, Matthieu Monceaux, jeune homme de 25 ans au moment du départ, s’embarque pour un voyage à vélo autour du monde, qui doit durer quatre ans. Fort d’une expérience de près de 13 000 kilomètres à vélo, acquise à travers le monde depuis ses 18 ans, le jeune voyageur n’est pas un novice. Il s’agit, cependant, de son premier voyage de plusieurs mois.

La particularité de cette nouvelle aventure : Matthieu a choisi, comme compagnon à deux roues, un vélo-couché qu’il appelle Éole. Le voyage est l’occasion pour lui de comparer ce vélo aux vélos droits classiques et de promouvoir le vélo-couché.

Le livre est un récit à la première personne, de type « carnet de route », dans lequel Matthieu donne parfois la parole à son vélo, petite touche d’originalité. C’est un texte qui peut surprendre, en bien ou en mal, et qui ne laisse pas indifférent : Matthieu partage ses impressions, sans chercher à donner une bonne image de lui, des gens ou du monde, se concentre souvent sur les points négatifs du voyage et n’hésite pas à faire de l’humour noir.

Le jeune homme milite ouvertement contre la pollution et le pouvoir de l’argent, pendant son voyage et dans le récit. Il ne cherche pas à faire rêver le lecteur, mais à lui livrer une vision du monde différente de celle véhiculée par les médias de masse. Les chapitres, tous dédiés à un pays, contiennent autant, voire plus, d’informations sur l’histoire et la politique locale, que de descriptions des paysages.

Vous voulez vous procurer ce livre et nous encourager ? Passez par ce lien et nous toucherons une petite commission, sans que le prix ne change pour vous !

L’article est long, nous vous proposons donc un tableau qui présente son contenu. Vous pouvez choisir de tout lire, ou bien de cliquer sur les parties qui vous intéressent pour qu’elles s’affichent.

Sommaire
Chapitre 1 : États Zunis d’Amérique Résumé Enseignements
Chapitre 2 : Canada dry Résumé Enseignements
Chapitre 3 : Retour aux États-Unis Résumé Enseignements
Chapitre 4 : Mexique tu m’exiques Résumé Enseignements
Chapitre 5 : Grattez-moi là (Guatemala) Résumé Enseignements
Chapitre 6 : Le sale Vadore (Salvador) Résumé Enseignements
Chapitre 7 : Hon dira… ce que l’on voudra (Honduras) Résumé
Chapitre 8 : Ni car à quoi (Nicaragua) Résumé Enseignements
Chapitre 9 : Costa d’ricains (Costa Rica) Résumé Enseignements
Chapitre 10 : Pas Nama Résumé Enseignements
Chapitre 11 : El Ecuador Résumé Enseignements
Chapitre 12 : Par où, l’Père Où ? (Pérou) Résumé Enseignements
Chapitre 13 : Bol de vie en Bolivie Résumé Enseignements
Chapitre 14 : Art, gens, tine Résumé Enseignements
Chapitre 15 : Brait-il ? (Brésil) Résumé
Chapitre 16 : Hue ! Ruguay Résumé Enseignements
Chapitre 17 : Retour chez l’argent, tiens (Argentine – Chili) Résumé Enseignements
Chapitre 18 : Chili con carne Résumé Enseignements
Chapitre 19 : Retour chez l’ennemi (Argentine, Chili) Résumé Enseignements
Chapitre 20 : Chili con diablos Résumé Enseignements
Chapitre 21 : Nouvelle zélée (Nouvelle Zélande) Résumé Enseignements
Chapitre 22 : Tchin-Chine Résumé Enseignements
Chapitre 23 : C’est T’i pas Bête (Tibet) Résumé Enseignements
Chapitre 24 : Nez pâle et visage pâle (Népal) Résumé Enseignements
Chapitre 25 : Un, deux, pas si simple (Inde) Résumé Enseignements
Chapitre 26 : Pas kystant Résumé Enseignements
Chapitre 27 : Hi-han (mes jeunes ânées) (Iran) Résumé Enseignements
Chapitre 28 : Turquie paradis ? Résumé

Remarque : Les dates affichées sont issues du récit et nous les indiquons pour donner une idée du temps passé dans chaque pays. Parfois, l’auteur ne donnait pas de date exacte pour les passages de frontières, d’où les « (?) » apposés à côté de certaines dates : ce sont les dates les plus probables, mais ce n’est pas écrit noir sur blanc dans le récit.

Chapitre 1 : États Zunis d’Amérique — Fin juin  – Début juillet 2002

Résumé

Matthieu et son vélo-couché Éole prennent l’avion à Paris, le 24 juin 2002, direction Washington (City), pour un périple à travers le monde, prévu sur quatre années de voyage. Le jeune voyageur ressent une grande tension à l’arrivée, un an à peine après les attentats du 11 septembre. Éole a un peu souffert du voyage en avion, au niveau des jantes et du guidon et Matthieu assure les quelques réparations nécessaires.

La première nuit, en camping sauvage, est difficile : entre deux autoroutes, à l’abri des arbres, le jeune aventurier peine à dormir. Le lendemain, il visite Washington DC sous une forte chaleur (40°C), où il rencontre Concepcion Martin Piccioto, militante qui proteste jour et nuit devant la Maison Blanche, toute l’année, contre les actions guerrières du gouvernement.

autoroute highway nord americaine

Highway nord américaine (source : MPD01605)

Le cyclo-voyageur roule ensuite à Baltimore, Philadelphie et New-York, où son vélo-couché attire les regards et les rires. Problème : seules des grosses routes très passantes relient ces villes, ce qui rend le trajet difficile, pollué et fatigant. Peu inspiré par la population qui semble indifférente, le jeune homme préfère le camping sauvage, qui lui permet de décompresser en paix, mais il est souvent dénoncé par des habitants et chassé par la police. Il gardera un mauvais souvenir de son passage aux États-Unis.

Enseignements

Conseils techniques
  • Prendre l’avion avec son vélo : Le jeune voyageur préfère ne pas emballer son vélo dans une boîte en carton. il espère ainsi que les opérateurs seront plus attentionnés en le chargeant dans la soute. Le résultat est peu convaincant (NDLR : nous préférons protéger nos vélos par une boîte en carton et du papier bulle pour les pièces sensibles).
  • Outils : Le jeune homme utilise une lime pour remettre en état son vélo après le vol en avion.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Militant anti-pollution, Matthieu accroche une pancarte à l’arrière de son vélo, pour dénoncer la circulation automobile et ses conséquences sur le climat et sur la société ;
  • Le jeune homme, qui campe dans les villes, se fait souvent déloger par la police. Nous conseillons de camper, si possible, en périphérie des villes et bien isolé des habitations. En effet, la présence d’un campeur en ville peut déranger, parfois à raison, les résidents. Un des policiers lui conseille aussi de demander l’hospitalité aux gens. Le jeune voyageur essuie quelques refus et décide de ne pas insister. De bonnes expériences d’autres voyageurs montrent que cette pratique est possible aux États-unis, cependant (par exemple, À contre-pied d’Étienne Hoarau) ;
  • Le voyageur a son premier accident à cause d’une plaque d’égout détériorée, qui fait dévier les roues d’Éole.

Chapitre 2 : Canada dry — Juillet – Début août 2002

Résumé

Arrivé par le Québec, Matthieu est heureux de découvrir les nombreuses pistes cyclables de la province. Il est spontanément hébergé par une famille à Québec-ville, puis il part découvrir le lac Saint-Jean, qu’il faut mériter en gravissant de longues et difficiles montées sous 30°C. La récompense est à la hauteur des efforts, malgré les moustiques sanguinaires qui frappent, toutes les nuits, dans les bois.

Le voyageur rejoint Montréal, où il est invité pour trois jours par des habitants. La population lui semble bienveillante. Sur la route pour Toronto, un couple l’invite à une prière de groupe sur un parking et décide de prier pour lui. Quelques jours plus tard, il trouve un petit déjeuner devant sa tente, au matin.

chutes du niagara

Infrastructures autour des chutes (source : Ad Meskens)

La route vers les chutes du Niagara déplaît au voyageur : trop fréquentée, trop bruyante et polluée. Il essaye des petites routes, mais le problème est le même. Il est déçu par le spectacle des chutes, dont l’environnement naturel est gâché par les infrastructures touristiques.

Alors qu’il retourne vers les Etats-Unis, Matthieu rencontre un couple qui se rend, en 4×4, à une convention des vélo-couchistes (voyageurs en vélo-couché). Il propose de les y rejoindre deux jours plus tard, souhaitant s’y rendre à vélo, mais une fois sur place, il ne parvient pas à trouver la convention, et personne n’est au courant !

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage
  • Quand il découvre le petit déjeuner devant sa tente, le jeune homme est ravi et laisse un mot de remerciement. Il est bon d’honorer les manifestations de générosité et de remercier les gens, cela les encouragera à recommencer et profitera à d’autres voyageurs ;
  • Dans un café, l’aventurier demande de l’eau « à boire » pour remplir son bidon. On lui donne de l’eau chaude ! Dans un pays inconnu, mieux vaut toujours être trop précis, pour obtenir ce que l’on veut ;
  • Matthieu est victime d’une plaque d’huile qui le fait glisser et tomber sur la route. Sylvain et Alexandre, auteurs du récit On a roulé sur la Terre, avaient fait la même mauvaise expérience !

Chapitre 3 : Retour aux États-Unis — Août – Fin septembre 2002

Résumé

Matthieu retourne aux États-Unis par Détroit, ce qui s’avère difficile : les deux passages, un tunnel et un pont, sont interdits aux vélos, et les bus n’acceptent pas Éole à bord. Le jeune voyageur tente alors le stop, ce qui finit par fonctionner.

Le jeune homme profite de son récit pour nous partager ses réflexions (sur l’état du monde, sur les gouvernements, sur les médias de masse et sur l’argent) qui nous invitent à une remise en question de nos acquis. Il en est de même de sa pancarte, via laquelle il communique et milite pour ses idées, qui souvent rebute les curieux, mais qui génère aussi quelques contacts positifs.

La malchance frappe, Matthieu subit des crevaisons et est plusieurs fois chassé par la police : pour avoir campé sur la voie publique, ce qui est interdit, mais aussi pour avoir allumé son réchaud… ce qui a été considéré dangereux par un résident. En deux mois, il a eu affaire à la police treize fois déjà !

westcliffe et son relief

Westcliffe et son relief (source : Andreas F. Borchert)

Autour de Westcliffe, le relief se fait sentir et l’aventurier grimpe ses premières montagnes (2800 m d’altitude). Il souffre du manque d’oxygène, auquel il faut s’habituer. Il passe une soirée avec deux Indiens Patwin, qui boivent l’eau des montagnes et cuisinent dans un petit four en terre cuite de leur fabrication. Matthieu salue ce mode de vie écologique.

Après quelques intempéries, l’aventurier bénéficie d’un fort vent dans le dos, qui le pousse rapidement vers le Mexique.

Enseignements

Conseils techniques
  • Pour garder le contact : Quand il s’entend bien avec des nouvelles rencontres, Matthieu leur laisse sa carte de visite ;
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Sur son trajet aux États-Unis, les routes sont souvent bordées de clôtures, ce qui l’empêche de s’enfoncer dans la nature pour camper ;
  • Il faut se méfier des crotales, serpents naturellement agressifs, les plus actifs dans le pays. Leur morsure est mortelle ;
  • Un point qui peut surprendre est le port d’armes dans certains états du pays.

Chapitre 4 : Mexique tu m’exiques — Fin septembre – Mi-décembre 2002

Résumé

L’arrivée au Mexique par Ciudad Juárez est un choc : la frontière passée, tout devient « usé, crade, bruyant », mais surtout vivant, coloré et joyeux. Le jeune voyageur est ravi, mais il est un peu perdu sur les routes sans signalisation et… ne sachant pas parler l’espagnol. La ville, où le crime fait rage, lui paraît dangereuse et il se dépêche d’en sortir. Il roule dans le désert, vers Ascencion, où la population l’accueillera avec curiosité et générosité. De nature timide, il est un peu gêné par tant d’attention braquée sur lui et devra s’y habituer.

Une eau de qualité douteuse provoque sa première crise intestinale du voyage. Heureusement, il est accueilli pour la nuit par des pompiers, avec qui il peut discuter et se changer les idées, dans un mélange de français, d’anglais et de quelques bribes d’espagnol. La police, ici, ne vient jamais le déloger quand il bivouaque sur la voie publique, sauf une nuit, mais pour lui proposer de planter sa tente dans l’enceinte de la Mairie, en sécurité.

guanajuato

Vue sur Guanajuato

La ville de Guanajuato, inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco, plaît beaucoup au jeune homme, avec ses maisons de style colonial aux couleurs vives et joyeuses. Il y est invité spontanément par une famille dont la mère parle un bon anglais et le père quelques mots de français. Ils lui présentent des amis francophones, ce qui lui permet d’en apprendre beaucoup sur le Mexique, ses habitants et sa situation économique : le pays est assez riche, mais cette richesse est très mal répartie. Il profite de cette rencontre pour se reposer une semaine chez ses hôtes.

La capitale se rapprochant, la circulation devient très dense et dangereuse. Après trois jours et 250 kilomètres sur une autoroute saturée, Matthieu arrive à Mexico. Avec un budget d’environ 20 000 euros pour quatre ans de voyage, le jeune homme a opté pour la décroissance – mode de vie écologique et économique, contraire à la croissance et la surconsommation. Ne pouvant pas camper dans la ville, il cherche l’hébergement du côté de l’Alliance française. À sa grande déception, on l’invite… à se trouver un hôtel. Il ne tentera plus de ce se faire accueillir par ces institutions. Pour ses nuits suivantes dans la capitale, il se trouve des emplacements plus ou moins isolés dans des parcs ou sur des bouts de pelouse.

Il quitte Mexico et part explorer Teotihuacán et sa pyramide de 65 mètres de haut (la troisième plus grande du monde). À Puebla, il passe trois semaines avec un groupe de jeunes Européens, bénévoles dans une association dédiée aux enfants de la rue. Les adieux sont difficiles, mais la route escarpée qui l’emmène à Oaxaca l’est encore plus ! La nature devient jungle, Matthieu atteint le Pacifique.

teotihuacan

La pyramide de Teotihuacán (source : Ricardo David Sánchez)

Enseignements

Conseils techniques
  • Entretien des pneus : Éole est trop chargé et ses pneus menacent d’exploser. Pour contrer cela, Matthieu les asperge d’eau régulièrement ;
  • Cartes à jour : Comptant se réapprovisionner en eau dans un village indiqué sur sa carte, l’aventurier tombe sur des ruines et doit faire 70 km de plus pour trouver de l’eau… dure épreuve ! Il n’y a pas de solution miracle, mais nous conseillons de s’équiper des cartes les plus récentes possibles, de demander l’avis de la population avant de rejoindre un village et surtout, de faire des réserves d’eau chaque fois que nécessaire et que l’occasion se présente, sans se dire qu’on en trouvera plus loin.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Au Mexique, Matthieu suscite beaucoup d’intérêt et il est plusieurs fois abordé par des journalistes locaux. Finalement, sa popularité est telle qu’il ne peut plus rouler quelques centaines de mètres sans devoir s’arrêter pour serrer des mains. Agréable pour certain, gênant pour d’autres…
  • Face à une proposition d’hébergement spontané, le jeune homme garde toujours une certaine méfiance, pour ne pas tomber dans un piège. Il n’est pas toujours facile d’évaluer l’honnêteté de ses hôtes. Une règle valable : suivre son instinct et toujours avoir une excuse pour se retirer si quelque chose ne va pas ;
  • Matthieu adapte son itinéraire selon ses envies, mais aussi suivant les propositions des gens qu’il croise. Il est intéressant d’avoir un parcours assez libre, pour permettre ce type d’imprévus et d’opportunités de rencontres. Aussi, quand le climat n’est pas favorable (trop de pluie ou de vent), le jeune voyageur préfère rester dans sa tente et attendre que ça passe, quitte à peu rouler certains jours.

Chapitre 5 : Grattez-moi là — (Guatemala) — Mi-décembre 2002

Résumé

N’ayant pas de visa mexicain, Matthieu pouvait rester au maximum trois mois au Mexique. Il arrive à la frontière guatémaltèque avec quatre jours de marge et avoue qu’il a beaucoup accéléré les derniers jours pour y être dans les temps. Il profite de ce chapitre pour faire un point informatif sur le coup d’état de 1954, le rôle joué par les États-Unis, ses causes et ses conséquences.

La population lui semble très timide et polie, et les conditions de vie, dignes du Moyen-Age. Il part admirer le Lago de Atitlan, grand lac à 1500 mètres d’altitude, après une ascension difficile de deux jours, durant lesquels il doit pousser Éole sur les routes trop pentues. Il finit par faire du stop, avec succès.

Avant de rejoindre le Salvador, il visite Antigua et la capitale, Guatemala, deux villes qu’il trouve très belles.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage
  • Matthieu découvre qu’en Amérique du Sud, aux postes frontière, les autorités sont censées lui délivrer une carte de tourisme, en plus du tampon sur le passeport. Ne s’étant pas arrêté au poste frontalier au Mexique, il lui manque ces justificatifs. Heureusement le passage au Guatemala se fait sans problème, mais il tâche ensuite de toujours obtenir ces deux éléments aux frontières.

Chapitre 6 : Le sale Vadore — (Salvador) — Fin décembre 2002

Résumé

Au Salvador, Matthieu est déçu par l’attitude des habitants, qui gardent leurs distances. Comme aux États-Unis, il souffre d’un manque d’hospitalité et est chassé par le gardien d’un lotissement. Des enfants pauvres viennent l’aider à déménager ses affaires dans leur quartier, sous le regard désapprobateur de certains résidents.

Après six mois de voyage et plus de 13 500 kilomètres au compteur, le jeune voyageur arrive aux portes de l’Honduras. Alors qu’il fait une pause au bord d’une route, il est victime de la négligence d’un chauffeur de camion qui, en reculant sans vérifier son rétroviseur, le blesse assez gravement à la jambe et écrase Éole et une bonne partie des affaires du voyageur.

Matthieu doit être rapatrié en France où il est soigné et retrouve sa motricité après deux semaines de convalescence. Après un mois, il est prêt à repartir. Par chance, la société qui fabrique son vélo-couché lui en offre un autre et le jeune voyageur peut retourner au Salvador et reprendre sa route où il l’avait laissée.

Enseignements

Conseils techniques
  • Le sifflet, un gadget qui lui a sauvé la vie : Lors de son accident avec le camion, Matthieu hurle pour stopper le chauffeur, sans succès. Heureusement, il a toujours un sifflet autour du cou, et ce bruit strident est plus puissant que les rugissements du moteur. Le conducteur comprend l’accident juste à temps ;
  • Sécurité la nuit : Le jeune homme a bricolé un système d’alarme qui retentit quand quelqu’un s’approche trop près de sa tente (avec un fil de nylon et une sirène) ;
  • Pour ne pas attirer les convoitises : Le voyageur peint son vélo en noir, ce qui le rend peu attrayant.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • En voyage, les accidents n’arrivent pas qu’aux autres. La vigilance est importante et il faut aussi se munir d’une bonne assurance de voyage.

Chapitre 7 : Hon dira… ce que l’on voudra — (Honduras) — Février 2003

Résumé

Il fait 40°C et, après un mois en France à -5°C, Matthieu a un petit peu de mal à s’y remettre. Il souffre de nausées et s’arrête fréquemment pour s’asperger d’eau.

Sa traversée du Honduras ne comporte pas de faits remarquables, la route est facile, ses contacts avec la population sont neutres. Il profite du chapitre pour faire un point sur l’histoire politique du pays, influencée encore une fois par les États-Unis.

Chapitre 8 : Ni car à quoi — (Nicaragua) — Février – Mars (?) 2003

Résumé

Matthieu atteint l’ancienne ville coloniale Léon avec bonheur, après une piste assez technique, bosselée et poussiéreuse. Là, le drapeau français qu’il a accroché à son vélo attire un habitant francophone, avec qui il passe la soirée.

Il est heureux de pouvoir trouver des coins de nature à l’écart de la civilisation, où il peut faire du camping sauvage tranquillement et admirer les étoiles. Un matin, un groupe de cavaliers lui offre un petit déjeuner alors qu’il sort de sa tente.

Il atteint Managua, la capitale, où souffle un vent très violent. Sa tente en subit les conséquences et le jeune homme doit la réparer. Puis, il longe le lac Nicaragua, direction le Costa Rica.

Enseignements

Conseils techniques
  • Entretien du vélo : Après une piste particulièrement poussiéreuse, Matthieu prend soin de nettoyer et regraisser la chaîne d’Éole, pour conserver ses performances et augmenter sa durée de vie.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Le jeune aventurier a accroché un drapeau français sur son vélo, ce qui peut inviter les francophones a venir lui parler. (NDLR : une idée sympathique pour faire des rencontres, mais faire attention à la situation géopolitique et aux relations diplomatiques entre les pays traversés et son propre pays, pour ne pas devenir une cible en cas de tensions).

Chapitre 9 : Costa d’ricains — (Costa Rica) — Mars (?) 2003

Résumé

Matthieu trouve le Costa Rica beaucoup trop touristique et les routes très saturées. La circulation devient dangereuse. Excédé, il arbore une pancarte indiquant le nombre de morts annuels dus aux accidents de la route. Il en oublie (sûrement volontairement) de décrire le paysage.

Enseignements

Conseils techniques
  • Equipement additionnel : le vélo du jeune homme est équipé de deux rétroviseurs, accessoires qui semblent appréciés des voyageurs au long cours pour augmenter leur visibilité et donc leur sécurité dans la circulation. Kristelle, dans son récit À l’école du monde, le qualifiait d’indispensable. Alexandre et Sylvain, auteurs de On a roulé sur la Terre, en étaient aussi équipés.

Chapitre 10 : Pas Nama — Mars (?) – Avril 2003

Résumé

Le chapitre commence par un point détaillé sur l’histoire du canal de Panama. Matthieu nous décrit ensuite son arrivée à Panama city : il y a peu de voitures, un bon point pour visiter la ville à vélo, mais la sécurité laisse un peu à désirer. Le voyageur est entouré par trois malfrats, qui décident finalement de ne pas passer à l’acte, probablement grâce à sa grande taille (1m90), son attitude ferme et calme, et le couteau qu’il a bien en vue.

Dans la jungle du Darien

Dans la jungle du Darien (source : Jeff Dooley)

Au sud du Panama, la route panaméricaine s’arrête. La Colombie est séparée du Panama par une jungle dangereuse et impraticable à vélo. Le jeune aventurier a le choix entre l’avion et le bateau pour continuer son périple. Il comprend que sortir du Panama ne sera pas simple et décide de prendre son temps, de laisser la solution venir à lui. Il choisit le bateau, beaucoup moins polluant, mais ne trouvant personne pouvant l’embarquer à Panama City, il rejoint la ville de Colon, côté Atlantique, où de nombreux voiliers de particuliers accostent.

À Colon, il rencontre une sympathique famille qui lui permet de planter sa tente dans leur jardin. Ses tentatives de bateau-stop prenant du temps, il va rester parmi cette famille pendant plus d’un mois, partageant avec eux discussions et dîners.

Dans l’idée de trouver un voilier hospitalier, l’aventurier stationne au port avec sa pancarte indiquant son identité, sa nationalité, les services qu’il peut rendre (il est technicien en électronique et informatique) et son projet de tour du monde. Aidant, à quai, les voiliers à traverser le canal, il se fait un peu d’argent. Puis il se fait des contacts en aidant les navigateurs avec leurs problèmes informatiques divers. Il finit par rencontrer un navigateur breton qui accepte de le déposer sur les îles Galápagos en échange de son travail à bord.

Enseignements

Conseils techniques
  • La pancarte : Au port de Colon, Matthieu se sert de sa pancarte comme tout bon auto-stopper, mais ici pour faire du bateau-stop (La Bible du grand Voyageur en parle, mais nous n’avons pas résumé cette partie).
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Dans On a roulé sur la Terre, Sylvain et Alexandre avaient reçu le conseil de ne jamais montrer leur peur. Matthieu en fait l’expérience face aux trois malfrats qui l’abordent à Panama City : il reste calme et ils préfèrent se retirer ;
  • En voyage, se servir de ses compétences personnelles et/ou professionnelles est un bon moyen de faire des rencontres, grâce à l’entraide, et/ou de gagner de l’argent (c’est un thème décrit dans La Bible du Grand Voyageur).

Chapitre 11 : El Ecuador — Fin avril – Fin mai 2003 sur les Îles Galápagos / Juin 2003 en Équateur

Résumé

Les Îles Galápagos ont une faune variée et intéressante, mais pas assez de routes au goût d’Éole. Au bout d’un mois, le voyageur (et sa monture) s’ennuient. Ils trouvent une place à bord d’un cargo pour l’Équateur. Après négociations, la traversée leur coûtera 70 euros pour trois jours de mer. L’avion aurait coûté plus du triple. Ils accostent à Guayaquil, mais fuient rapidement la ville à la circulation sauvage pour rouler au milieu de rizières infestées de moustiques. Le nouvel objectif de Matthieu : les Andes.

La route commence à monter, mais après trois mois de quasi-inactivité, le jeune homme peine à pédaler et souffre de nouveau du manque d’oxygène en altitude. Il doit descendre du vélo et le pousser dans les côtes les plus coriaces. Las, il accepte l’aide d’une famille qui propose de l’avancer en camion. Un des enfants en profite pour voler quantités d’affaires dans ses sacoches, que le voyageur récupère en se fâchant.

Entre Guaranda et Riobamba, la nature se pare ses plus beaux atours : arbres, champs cultivés à flanc de montagne, ruisseaux, toute une palette de couleurs ! Puis le climat devient pluvieux. Les habitants croisés sont pauvres et travaillent dur aux champs. La communication se fait surtout avec les enfants, curieux et avides de distractions. Certains paysans lui demandent de l’argent, ce qui le rend morose. Avant Riobamba, l’aventurier et son vélo gravissent un col à 4200 mètres. Une grande joie et un sentiment d’accomplissement accompagnent cet « exploit » personnel.

Guaranda

Dans une rue de Guaranda (source : Roy et Danielle)

Il profite de son passage en ville pour changer du matériel défectueux, puis rencontre sur la route un Américain à vélo. Les deux hommes font quatre jours de route ensemble. C’est l’occasion pour Matthieu de comparer les « performances » d’Éole à celles d’un vélo droit (même si le voyageur confirme qu’il ne s’agit pas d’une course). Le vélo-couché est plus rapide, bien que plus lourd de 30 kg (avec son chargement), sauf dans les montées.

La route pour le Pérou est ardue. Les montées et descentes se succèdent continuellement, et le jeune aventurier manque parfois de provisions. Il est réconforté par les paysages magnifiques et l’absence de voitures sur les pistes accidentées qu’il choisit.

Enseignements

Conseils techniques
  • L’énergie en voyage : Matthieu voyageait avec un panneau solaire portatif, mais il est défectueux depuis le Panama. Il le remplace par une dynamo (10 Watt, 20 Volts) qui alimentera sa batterie centrale ;
  • Matériel électronique : Le jeune homme transporte avec lui un ordinateur de poche, un appareil photo numérique, un baladeur, une tondeuse électrique et de l’éclairage pour sa tente).
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Lors de son voyage en solitaire, Kristelle, auteure du récit À l’école du monde, décrivait la drague insistante de nombreux hommes, dont elle faisait l’objet. Homme seul, Matthieu subit lui aussi plusieurs fois les avances de jeunes femmes rêvant d’Occident, ou de mères voulant marier leurs filles ;
  • En Amérique du Sud, les chiens errants sont un problème récurrent pour les voyageurs à vélo qui sont souvent attaqués par ces animaux. La solution communément choisie est de se munir d’un bâton anti-chien ou d’une matraque. L’avantage du vélo-couché, dans ce cas, est qu’il est possible et aisé de gravir une côte en ne gardant qu’une main sur le guidon. On peut alors chasser les chiens de l’autre main, sans s’arrêter ;
  • Les vols sont fréquents dans cette région du globe. Il faut toujours garder un œil sur ses affaires ou accepter le risque.

Chapitre 12 : Par où, l’Père Où ? — (Pérou) — Juin – Juillet 2003

Résumé

La première année de voyage est passée. Après un point historique sur la fin de la civilisation inca au Pérou, Matthieu exprime sa déception face à la côte pacifique du pays, qu’il trouve laide, rongée par le désert et jonchée de déchets. Pendant vingt jours, il est harcelé par un vent violent et contraire, et peine à avancer. Il fait chaud : 35°C à l’ombre, le jeune voyageur manque de nourriture et d’eau. Il cherche à s’en procurer dans un village, mais les habitants le rejettent.

Pour le jeune homme, le Pérou ressemble à l’Afrique (il a visité le Sénégal, le Mali et la Gambie), les conditions de vie notamment, mais sans sa grande hospitalité et le respect accordé au voyageur. À chaque passage dans un village, la population lui lance des « gringo loco » (étranger fou) et lui pose des centaines de questions, sans même écouter les réponses.

L’aventurier est attristé par l’omniprésence des téléviseurs, même dans les villages les plus pauvres, qui diffusent des séries américaines qui contrastent trop avec le niveau de vie local et créent jalousie et incompréhension : les habitants voient en Matthieu un riche occidental et ne comprennent pas pourquoi il voyage à vélo (d’où « étranger fou ») et pourquoi il ne leur donne pas d’argent. Le jeune homme dénonce la tendance des touristes à distribuer argent, bonbons et stylos dans les villages, qui transforme certaines populations en bandes de mendiants.

Il passe trois jours à Lima, la capitale, qu’il trouve jolie mais bien trop polluée par un trafic extrêmement dense. Puis il dépasse Nazca et s’enfonce dans le désert, chaud et sec, qui laisse finalement place à la montagne, au climat froid et humide, pour quatre jours de montée. La nuit, il fait très froid (-5°C) et l’aventurier doit enfiler TOUS ses vêtements pour résister. Dans la montagne, les chiens errants sont devenus si gros que le bâton a perdu son utilité, mieux vaut essayer de les semer.

plaza mayor de lima

Plaza Mayor de Lima (source : Håkan Svensson)

La ville de Cuzco, ancienne capitale inca, est très touristique. Beaucoup trop au goût du jeune homme, qui n’apprécie pas le contraste entre la richesse affichée des touristes et la pauvreté de la population. La ville attire beaucoup de visiteurs par la présence voisine du Machu Picchu, le monument inca mondialement connu. Géré par une grosse société chilienne, ce dernier affiche des droits d’entrée très élevés (entre 100 et 300 euros, transport et visite) car il faut passer par une agence de voyage ou s’offrir les services d’un guide accrédité. Matthieu ne peut et ne veut pas payer. Il s’y rend clandestinement, en marchant discrètement trente kilomètres le long de la voie ferrée qui y mène (puis trente kilomètres au retour !). Après réflexions, le jeune voyageur se rend compte de son faible intérêt pour les constructions humaines : il préfère les grandeurs de la nature.

Entre Cuzco et La Paz, en Bolivie, le relief est relativement plat. Le jeune homme tâche d’éviter les gens, qui lui demandent systématiquement de l’argent.

Enseignements

Conseils techniques
  • L’eau, dans le désert : Avant de traverser le désert, Matthieu prend sept litres d’eau en réserve. Ils sont épuisés au bout de deux jours et il double ses réserves pour les jours suivant ;
  • Hydratation et énergie : Le jeune homme se désaltère et récupère grâce à du thé très sucré. Dans On a roulé sur la Terre, Alexandre et Sylvain expliquaient que l’eau froide est transpirée trop rapidement et que le thé est bien plus efficace dans le désert. Quand il en a à disposition, Matthieu tire aussi son énergie du Coca-Cola, comme les deux voyageurs ;
  • Variations alimentaires : Quand le climat est froid, l’aventurier observe qu’il mange deux fois plus que par temps chaud ;
  • Matériel additionnel : Une lampe frontale, une couverture de survie, un câble métallique et un cadenas pour attacher le vélo et les sacoches ensemble.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Comme Sylvain, Alexandre, Kristelle et Etienne, les auteurs de nos trois premières chroniques de récits de voyage, Matthieu doit faire preuve de ruse et de bagout pour obtenir ce qu’il veut. Au Machu Picchu, il se sert de ses facultés en électronique pour s’attirer les bonnes grâces des gardiens, qui acceptent de garder son vélo en sécurité et l’hébergent pour la nuit ;
  • Le jeune voyageur constate que la cuisine est un moyen d’adoucir les contacts avec la population. Par exemple, il partage des crêpes avec des paysannes qui s’étaient d’abord enfuient en le voyant ;
  • Depuis sa sortie des États-Unis, l’aventurier vit avec moins de trois euros par jour.

Chapitre 13 : Bol de vie en Bolivie — Août 2003

Résumé

La Paz, capitale administrative de la Bolivie, encastrée entre deux hautes montagnes (plus de 6000 mètres), accueille le jeune voyageur pour deux jours de repos à l’hôtel. Il y croise un couple de français qui voyage en tandem.

Il rejoint le Salar d’Uyuni, désert de sel, par le nord. Plusieurs jours d’affilé, les nuits sont très froides (-12°C en moyenne) et Matthieu dort très mal, son duvet n’étant pas bien adaptés à une telle température, malgré les indications du fabricant. Rouler sur le salar est un véritable plaisir : le temps est radieux, le silence est complet, et le lac salé gelé offre 12 000 kilomètres carrés de totale liberté. Il passe la soirée à Uyuni, avec des touristes, de plus en plus nombreux dans la région.

Le salar d'Uyuni

Le salar d’Uyuni, grand lac salé, sec ici (source : Lion Hirth)

Deux choix se présentent à ce stade du voyage : continuer vers le Chili et le désert d’Atacama, ou quitter les Andes pour rejoindre le Brésil. Matthieu choisit la deuxième option. Il roule vers Sucre, la capitale constitutionnelle de la Bolivie, puis vers l’Argentine sur une piste sablonneuse et en montée qu’il doit franchir à pied. Pendant plusieurs jours, le sable perdure et toutes les affaires du jeune homme sont recouvertes de poussière, ainsi que sa peau, qui s’irrite. Le paysage vaut le détour, cependant, et la végétation augmente à mesure que l’altitude diminue.

Au bord des routes, Matthieu croise de nombreux hommes allongés, terrassés par l’alcool et les feuilles de coca, tentant de noyer la misère et les problèmes dans l’oubli de soi.

Enseignements

Conseils techniques
  • Liste de vêtements de Matthieu : 2 maillots cyclistes (manches courtes et manches longues), 2 t-shirts coton (manches courtes et manches longues), veste polaire, veste imperméable goretex, bas polaires, survêtement, pantalon imperméable, 2 paires de grosses chaussettes, cagoule, gants. Il a aussi un short. (NDLR : le coton est peu recommandé pour les voyageurs à vélo, il absorbe beaucoup la transpiration et sèche lentement. Le reste de la liste correspond à nos vêtements de voyage été + hiver, avec les deux t-shirts en moins) ;
  • Nourriture de Matthieu pour 4-5 jours d’autonomie : 1,5 kg de pâtes, 500 g de riz, 20 petits pains, 500 g de lait concentré sucré, 500 g de beurre, 4,5 L de Coca-Cola, 8 L d’eau et 500 g de chocolat. (NDLR : nous n’emportons jamais de beurre avec nous, plutôt du fromage. Quand c’est possible, nous choisissons la semoule, qui demande moins de temps d’ébullition et donc consomme moins de carburant du réchaud) ;
  • Pour s’orienter : Le voyageur navigue avec une boussole accrochée à son guidon.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Le statut d’Occidental riche, de « gringo loco » du jeune homme bloque les relations sincères avec les habitants. Il peine même à obtenir de l’eau dans les villages. Même en exhibant aucune richesse, les auteurs des récits de voyage que nous avons précédemment chroniqués ont vécu la même expérience auprès des populations pauvres, surtout dans les régions touristiques. Il n’est alors pas facile de briser la glace. Ils y parvenaient parfois par l’humour, le bagout, le spectacle, le partage, etc. La Bible du Grand Voyageur propose des idées pour faciliter les rencontres, par exemple par le jeu, et en fonction de critères culturels.

Chapitre 14 : Art, gens, tine — Septembre (?) – Octobre 2003

Résumé

L’arrivée en Argentine est agréable. Finis les gros coups de klaxons, les voitures s’écartent pour assurer la sécurité du voyageur. Le pays est très européanisé, ce qui rend la communication facile avec les habitants. Alexandre et Sylvain avaient eu le même sentiment dans On a roulé sur la Terre. Matthieu profite du chapitre pour faire un point sur l’histoire ancienne et récente du pays.

Le nord du pays est très plat, ce qui finit par devenir ennuyeux. Il fait très chaud et le voyageur manque souvent d’eau. À Posada, impossible de trouver meilleur coin pour camper qu’un terrain de football, mais avec l’autorisation des voisins.

Avant de décrire les chutes d’Iguaçu, le plus beau spectacle naturel qu’il ait vu dans sa vie, Matthieu fait un point sur la consommation d’O.G.M en Argentine (très importante) et sur l’histoire des missions jésuites, destinées à protéger les Indiens Guaranis contre les chasseurs d’esclaves et décimées par le Brésil au 18ème siècle.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage
  • Les jours de très grand vent, le voyageur préfère rester lire dans sa tente que de s’épuiser pour rien sur la route ;
  • Malgré le fait qu’il manque souvent d’eau, Matthieu n’hésite pas à la partager quand on lui en demande. Il a remarqué que le contraire est très mal vu dans les régions où l’eau est rare ;
  • Comme Kristelle (À l’école du monde), Matthieu profite de chacun de ses passages dans des villes pour mettre à jour son site et utiliser internet dans les cyber-cafés.

Chapitre 15 : Brait-il ? — (Brésil) — Octobre 2003

Résumé

Le jeune aventurier est très déçu par le Brésil, ses villes qui lui semblent très nord-américaines et ses campagnes au style européen. Le dépaysement espéré n’y est pas.

L’accueil des habitants est chaleureux, mais la circulation trop dense. Le voyageur quitte le pays rapidement.

Chapitre 16 : Hue ! Ruguay — (Uruguay) — Fin octobre – Mi-novembre 2003

Résumé

Pour le jeune homme, la communication est aussi facile avec les Uruguayens qu’avec les Argentins. Ils lui offrent fréquemment de quoi se ravitailler sur sa route. Cependant, timide et dégoûté par ses mauvaises expériences aux États-Unis, le voyageur n’ose jamais demander l’hospitalité directement.

Tous les trois jours, le ciel est le théâtre d’orages longs (cinq à six heures) et violents.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage
  • NDLR : En matière d’hébergement spontané, il y a autant de réactions possibles que de caractères humains. Demander l’hospitalité est souvent quelque chose d’impressionnant, mais il faut être prêt à essuyer des refus et s’obstiner si on veut réussir dans cette voie.

Chapitre 17 : Retour chez l’argent, tiens — (Argentine) — Mi-novembre – Fin décembre 2003

Résumé

Matthieu est invité à Buenos Aires chez une riche famille qu’il avait rencontrée aux Galápagos, mais il se sent vite mal à l’aise dans cette luxueuse maison, où l’hypocrisie semble être de la partie, et il est finalement congédié. Il est rejoint par un cyclo-voyageur, en vélo-couché lui aussi, qui fait le tour du monde depuis 2001. Ils prévoient de descendre ensemble jusqu’à Ushuaia, puis de remonter par la frontière entre le Chili et l’Argentine.

Les deux hommes arrivent en Patagonie et Matthieu est décontenancé face au paysage plat, immense et semi-désertique, lui qui s’attendait à de vertes prairies. La pampa patagonne avait eu le même effet sur Kristelle, auteure du récit À l’école du monde, qui avait finit par l’apprécier en la redécouvrant à pied. La route est toute droite et interminable. Un fort vent contraire souffle en permanence, rendant difficile le trajet et le montage de la tente. Ce vent est si fort qu’il abîme la peau, et gerce les lèvres et les mains.

La pampa argentine

Paysage de pampa (source : Maximiliano Alba)

La Terre de Feu est très touristique et les prix augmentent, ainsi que le nombre de 4×4 sur les pistes. Une nuit, les deux voyageurs sont dérangés par une fête où est diffusée de la musique techno jusqu’au matin. Dans un camping, ils rencontrent un voyageur en vélo droit qui a mis deux mois pour faire les 3000 kilomètres les séparant de Buenos Aires. Eux en ont mis qu’un, leurs vélo-couchés étant plus aérodynamiques.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage
  • Matthieu et son nouveau compagnon de voyage ont fait le choix d’avancer chacun à son rythme. Ils ne roulent pas ensemble et passent les soirées ensemble quand ils s’arrêtent au même endroit. Pour leur traversée de la Patagonie, Kristelle (À l’école du monde) et un compagnon de voyage avaient fait le même choix, pour garder leur indépendance tout en partageant des moments de convivialité.

Chapitre 18 : Chili con carne — Fin décembre 2003 – Début janvier 2004

Résumé

Entre Punta Arenas et Puerto Natales, Matthieu accepte d’être avancé par deux hommes en camion, qui ont l’habitude d’aider des cyclistes victimes du vent, dans la région.

Les trois hommes discutent politique et comparent la société française et la société chilienne. Une bonne rencontre pour le jeune voyageur.

Enseignements

Conseils techniques
  • Protection contre le vent : Par grand vent, l’aventurier s’équipe d’un masque de ski et d’un foulard qui protège le bas de son visage.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Matthieu accepte la proposition des camionneurs, non pas parce qu’il est particulièrement fatigué, mais pour les encourager à rester généreux avec les cyclistes qu’ils croisent.

Chapitre 19 : Retour chez l’ennemi — (Argentine, Chili) — Janvier – Début février (?) 2004

Résumé

De Puerto Natales, au Chili, le voyageur rejoint Calafate, en Argentine. À la frontière, il croise des champs de mines signalés par des panneaux de danger ! Le vent souffle toujours très fort, mais l’aventurier met le cap vers le glacier Perito Moreno (qui avait beaucoup plu à Kristelle, ce qu’elle raconte dans son récit À l’école du monde). Il retrouve en chemin son compagnon de voyage, et les deux hommes admirent ensemble le célèbre glacier. Matthieu s’interroge à propos de l’impact du réchauffement climatique sur le monument de glace.

Les deux hommes se séparent à Calafate. Matthieu combat le vent sur la route 40, de jour, durant lequel il peine à avancer et chute souvent, et de nuit, quand le bruit des bourrasques l’empêche de dormir. Le voyageur est tenté de s’arrêter pour attendre la fin de la tempête, mais à quoi bon ? Le vent souffle en continu, pendant plusieurs semaines d’affilé, et le jeune homme doit avancer pour trouver de l’eau et de la nourriture.

carretera austral

Sur la Carretera Austral (source : Rakela)

Après une semaine de lutte, l’aventurier est de nouveau au Chili, où il part explorer la Route Australe (Carretera Austral). Les paysages sont magnifiques et le jeune homme se délecte du tableau des grands lacs bleus, des sommets enneigés et des nuances de couleurs de la montagne. Il doit souvent pousser son vélo dans des pentes à 15% de dénivelé.

Finalement, Matthieu retourne une dernière fois en Argentine, dans l’idée de trouver des bons pneus de remplacement pour Éole. Dès la frontière passée, le vent reprend avec force ! L’aventurier fait plusieurs chutes et doit même marcher à quatre pattes pour se mettre à l’abri derrière des arbustes.

Enseignements

Conseils techniques
  • Écouter son corps : Face à l’effort physique intense, Matthieu doit s’arrêter toutes les heures pour manger du pain et de la confiture ;
  • Réserves d’eau : Il fait très chaud et l’aventurier consomme sept litres d’eau par jour. Il transporte quotidiennement dix litres d’eau, pour boire, faire cuire ses aliments et se laver. Il parvient à se ré-alimenter tous les 50 kilomètres ;
  • Pour les sommeils sensibles : le jeune homme transporte des boules Quiès pour ne pas entendre le vent la nuit. Il s’en sert aussi quand il roule sur des routes à fort trafic.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Comme les voyageurs de nos chroniques précédentes, lorsqu’ils roulent dans les vastes étendues semi-désertiques d’Amérique du Sud, Matthieu se rend compte que le vrai danger pour un voyageur à vélo est la solitude et l’isolement en cas d’accident ou de manque de ressources vitales.

Chapitre 20 : Chili con diablos — Mi-février – Début mars 2004

Résumé

De retour au Chili, Matthieu emprunte la route panaméricaine, direction Santiago. Il recommande d’éviter cette route : le trafic est trop intense et dangereux (camions et bus). Il n’a aucun envie de rejoindre la capitale chilienne, trop polluée à son goût, mais il doit s’y rendre pour prendre un avion pour la Nouvelle-Zélande. Il trouve un vol pour Auckland qui partira début mars.

En attendant, il part randonner à vélo dans les montagnes en Argentine. Il remonte la cordillère des Andes pour la troisième fois, avant de regagner Santiago.

Après 590 jours et plus de 35 000 kilomètres sur le sol des Amériques, le jeune voyageur monte dans l’avion pour un nouveau continent.

Enseignements

Conseils techniques
  • Planter sa tente, malgré le vent : Un soir, le jeune homme doit creuser un trou entre deux rochers pour y planter sa tente, tant le vent est violent.

Chapitre 21 : Nouvelle zélée — (Nouvelle Zélande) — Mars – Début mai 2004

Résumé

À l’aéroport d’Auckland, de l’insecticide est pulvérisé sur tout le matériel de Matthieu par le personnel (mesure sanitaire). Le jeune homme, qui n’a pas de billet d’avion pour sortir du pays risque d’être refoulé à l’entrée, mais, après contrôles il est autorisé à entrer sur le territoire. Premières impressions : la ville est trop proprette et l’architecture trop stricte. Tout cet ordre ennuie le jeune voyageur.

Il se met en quête d’une famille amie qu’il a connu au Panama, les trouve à Whangarei et passe trois semaines en leur compagnie, à faire des réparations et l’entretien de leur voilier. La séparation sera difficile, le jeune aventurier avait trouvé en eux un semblant de famille. Il en perd son portefeuille qui, heureusement, ne contenait qu’une somme modeste d’argent et une carte de crédit (il en a plusieurs).

Lassé par la Nouvelle-Zélande, le voyageur prépare la suite de son périple : Asie du Sud-Est ou nord de la Chine et Tibet ? Il choisit la deuxième option pour éviter la saison des pluies et profiter de l’arrivée de l’été. Il trouve un vol pour Pékin et est hébergé spontanément par un nouvel ami jusqu’à son départ. Dans l’intervalle, il fait le plein de matériel neuf.

Enseignements

Conseils techniques
  • Matériel additionnel : Un réchaud multi-carburants ;
  • Pour augmenter la durée de vie des sacoches : Le voyageur intervertit ses sacoches, pour qu’elles ne s’usent pas toujours au même endroit ;
  • Précautions concernant l’argent et les papiers : Le jeune homme a réparti son argent, ses cartes de crédit et ses papiers dans différents porte-monnaie, disposés dans différentes sacoches.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • En Nouvelle-Zélande (comme en Australie, en Finlande, ainsi qu’en Suède et Slovénie, mais pour les moins de 15 ans), le port du casque est obligatoire pour les cyclistes.

Chapitre 22 : Tchin-Chine — Début mai – Début juin 2004

Résumé

Au centre-ville de Pékin, le voyageur est très heureux de découvrir la faible présence de voitures, qui roulent lentement et, à l’inverse, que le vélo est roi ! Malheureusement, la tendance s’inverse d’année en année et les vélos sont remplacés par les voitures. Il trouve une place dans une auberge de jeunesse internationale et s’y fait des amis. Le voyageur passe trois jours à Pékin. Il visite la Cité Interdite, mais est encore une fois peu intéressé par les constructions humaines. De même lors de sa visite de la Grande Muraille, beaucoup trop touristique à son goût. Il lui préfère la montagne voisine.

grande muraille de chine

La Grande Muraille en période d’affluence (source : Snowyowls)

Matthieu roule vers l’ouest. À 400 kilomètres de Pékin, les routes sont surchargées par tous les types de véhicules imaginables et autres animaux de ferme. Les automobilistes sont distraits et klaxonnent beaucoup. Le jeune homme regrette ne pas avoir de casque anti-bruit, qu’il remplace par des boules Quiès. Les gens sont très curieux et le voyageur se retrouve souvent au centre d’une vingtaine de curieux, parfois trop insistants.

Dans un restaurant à JingXia, le jeune homme devient le centre de toute l’attention, et il est invité à passer la nuit chez un Chinois. Il visite ensuite Lanzhou, mais ne s’attarde pas plus de deux jours, son visa est limité et il veut garder du temps pour rouler au Tibet.

Son séjour en Chine lui a plu. Le quotidien était parfois fatigant, avec les foules de curieux qui l’entouraient partout où il s’arrêtait, la communication par gestes et la pollution ambiante, mais les personnes rencontrées lui laissent un excellent souvenir et il a apprécié l’intérêt qu’il suscitait auprès des habitants.

Enseignements

Conseils techniques
  • Carte routière en Chine : Le voyageur utilise une carte imprimée en anglais ET en idéogrammes chinois. Cela lui permet d’avoir à la fois la prononciation et l’écriture pour les noms des lieux géographiques. Dans le récit À l’école du monde, Kristelle utilisait deux cartes (une en anglais et une en chinois).
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Matthieu a la bonne idée de rester méfiant face aux autorités locales (telles que les policiers). En effet, la corruption reste présente dans les pays en développement. Quand on lui demande ses papiers, il présente en priorité des photocopies ;
  • Contrairement à Alexandre et Sylvain, auteurs du récit On a roulé sur la Terre, qui trouvaient la communication avec les Chinois extrêmement compliquée, Matthieu parvient à se débrouiller pas mal par gestes et bribes d’anglais (NDLR : le récit des deux premiers voyageurs prend place dix ans auparavant, quand la Chine commençait tout juste à s’ouvrir au monde) ;
  • Un ami chinois lui offre un pantalon de toile pour remplacer son short dans les futurs pays musulmans qu’il traversera ;
  • Attention à la durée de validité des visas, il faut souvent adapter son trajet pour rester en règle.

Chapitre 23 : C’est T’i pas Bête — (Tibet) — Début juin – Mi-juillet 2004

Résumé

Un peu avant d’arriver au Tibet, par le Nord-Est, Matthieu rencontre un Norvégien qui a créé, dans la région, des écoles pour les enfants pauvres. Le jeune voyageur passe quatre jours avec son nouvel ami, les professeurs et les élèves. Une pause bien méritée après un premier col à 3800 mètres d’altitude.

L’entrée au Tibet est réglementée et il faut un permis spécial, délivré par l’agence de voyage gouvernementale. En 2004, il fallait de plus former un groupe d’au moins quatre personnes de même nationalité. Cette règle a été assouplie : aujourd’hui, un voyageur seul peut entrer sur le territoire, mais toujours accompagné d’un guide. Comme il l’avait fait au Machu Picchu, Matthieu décide de voyager clandestinement. En Nouvelle-Zélande, il s’est beaucoup documenté et connaît les astuces pour passer sans permis : être discret et éviter les grandes villes, les postes de contrôle et la police spéciale (le PSB ou « Public Security Bureau »).

À Golmud, le jeune aventurier fait prolonger son visa d’un mois auprès de la police spéciale, en assurant qu’il va vers le Vietnam et qu’il évitera les zones interdites d’accès. L’agent de police se doute qu’il ment et qu’il compte rouler au Tibet mais, opposé à l’interdiction d’entrée, il accepte de prolonger son visa.

 la gare de golmud

La gare de Golmud (source : Thomas Kraus)

Le jeune homme repart de Golmud tôt le matin, de nuit, pour passer le premier poste de contrôle discrètement. Il croise un premier poste, désert. Un peu plus tard, le jour s’est levé et l’aventurier arrive au niveau d’un barrage de police où des véhicules attendent leur tour pour circuler. Tentant le tout pour le tout, il accélère au maximum et passe le barrage sans s’arrêter. Des policiers essayent de le stopper dans sa course, mais il leur échappe et part se cacher un peu plus loin. Il est ensuite pris en chasse par un taxi, mais parvient à le semer. Les jours suivants, le voyageur croise, avec frayeur, de nombreuses voitures de police. Il n’a cependant pas d’ennuis, les policiers semblent tolérer sa présence et le saluent joyeusement.

Sur « le toit du monde », la température varie brusquement, de 3 à 25°C, selon la présence ou l’absence du soleil. Dans une réserve écologique, le jeune homme rencontre un groupe de jeunes cyclo-touristes, un Chinois, une Chinoise et une Coréenne, avec lesquels il se lie d’amitié et va rouler les prochains jours (chacun à son rythme). Le groupe grimpe plusieurs cols à plus de 4500 mètres d’altitude, avec Lhassa pour ligne de mire. Le corps de Matthieu s’est habitué à ces hauteurs et au manque d’oxygène, et il franchira un col à 5000 mètres sans problème, puis un col à 5200 mètres, sous la neige. Il profite des magnifiques paysages et des couchers de soleil sur la montagne, malgré la présence de camions sur les routes. Il roule parfois avec deux Allemands rencontrés à la frontière du Tibet.

Ici aussi, les touristes sont nombreux et des espaces naturels sont transformés en attractions payantes. L’aventurier rencontre quelques nomades tibétains. Mais, habitués à la présence des touristes, ils lui demandent de l’argent. Fin juin, le jeune homme arrive à Lhassa, capitale du Tibet, et se mêle aux touristes qui visitent la ville. Il y reste une petite semaine, puis se met en route pour le Népal. La piste le conduit à traverser une rivière (de l’eau jusqu’aux genoux), à slalomer entre des cailloux tranchants, à rouler sur une route en chantier, à glisser dans la boue, à grimper de nouveaux cols. Puis la route commence à descendre vers le Népal.

Sur les routes du Tibet, Matthieu aura croisé de nombreux cyclo-voyageurs, étrangers ou locaux, seuls ou en groupe.

Enseignements

Conseils techniques
  • Entretien du vélo : Après un passage dans la rivière, Matthieu prend soin de regraisser la chaîne d’Éole ;
  • Élément de confort : Le jeune voyageur transporte avec lui une bassine pliante, dans laquelle il se fait des bains de pied chauds. Un gadget non indispensable, mais réconfortant et une bonne motivation dans les dures montées ;
  • Tracter un autre cycliste : Pour aider un de ses compagnons de route qui peine dans les montées, Matthieu attache une corde entre le dossier de son vélo-couché et le guidon de son ami. Dans À contre-pied, Etienne raconte aussi avoir essayé cette technique avec son compagnon de route.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Attention aux formalités administratives pour entrer au Tibet (voir le détail dans le résumé) ;
  • Au Tibet, au mois de juin, Matthieu préfère commencer sa journée de vélo en fin de matinée et la finir tard le soir. Il a constaté qu’il pleuvait tous les matins et faisait beau l’après-midi ;
  • Le jeune voyageur n’aime pas faire des pauses de plus de dix minutes (sauf à l’occasion des repas). Il a remarqué qu’au-delà de ce délai, son corps arrêtait d’alimenter ses muscles, rendant douloureuse la remise en route ;
  • Il s’interroge sur l’image qu’il laisse aux locaux les plus pauvres. Même sans exubérance, sa richesse est visible, et il craint d’engendrer de la jalousie et du mal-être.

Chapitre 24 : Nez pâle et visage pâle — (Népal) — Mi-juillet – Fin juillet 2004

Résumé

Matthieu passe la frontière népalaise sans aucun souci, malgré son séjour clandestin au Tibet. La route est extrêmement boueuse et finit par venir à bout des patins de frein d’Éole, beaucoup sollicités dans les pentes à -15%. C’est la mousson, il fait très chaud et humide, tout pourrit et les affaires du jeune homme se couvrent de moisissure. À peine deux jours après son arrivée, il commence à souffrir de diarrhée.

À Katmandou, la pollution prend le jeune voyageur à la gorge, et la circulation sauvage lui donne des sueurs froides. La ville est surpeuplée et très sale. Il profite de son passage pour acheter un visa indien. Le délai d’attente est d’une semaine, ce qui laisse le temps au jeune aventurier pour déambuler dans la ville et faire des rencontres. Il est contacté par la télévision nationale, qui diffuse un reportage sur lui. Malheureusement, cette nouvelle popularité ne lui attire que des klaxons à longueur de journée.

Vue sur Katmandou

Vue sur Katmandou (source : Sharada Prasad CS)

Le Népal l’épuise. Accablé de chaleur et fragilisé par l’eau de très mauvaise qualité, Matthieu est malade et exténué. Il s’éloigne des montagnes et part rouler le long de la frontière indienne, dans la jungle des réserves naturelles. Une nuit, il est réveillé par le rugissement d’un tigre. Les locaux l’avaient prévenu du danger. Le risque d’attaques est réel.

Le jeune homme conclue le chapitre par des informations sur les maoïstes et les intouchables.

Enseignements

Conseils techniques
  • Sécurité : Le jeune aventurier garde toujours un couteau à cran d’arrêt à portée de main ;
  • Vaisselle : Au Népal, le jeune homme profite de la mousson pour laver sa vaisselle… en laissant tout simplement ses couverts en dehors de la tente, la nuit.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Les visas constituent un pôle de dépense important et qu’il faut prendre en compte dans le calcul de son budget. Par exemple, pour les dix pays à visa qui séparent le Népal de l’Europe, Matthieu prévoit un budget de 500 euros.

Chapitre 25 : Un, deux, pas si simple — (Inde) — Fin juillet – Mi-août 2004

Résumé

Le jeune voyageur arrive en Inde par un petit poste frontalier, qu’il passe sans problème. Il est rapidement frappé par la circulation dangereuse et bruyante, et par la grande curiosité des gens. À chacune de ses pauses, il provoque un attroupement. Une nuit, ayant trouvé un coin à l’écart et bien caché, il se couche rassuré. Le lendemain matin, à l’aurore, une foule de curieux l’attend devant sa tente !

Après un point culturel sur la démographie, la religion et le système des castes en Inde, Matthieu nous raconte sa course pour sortir au plus vite de ce pays qui l’oppresse. À Pilibhit, il cherche un train pour Dehli, et finit par obtenir un ticket, malgré quelques lenteurs et complications administratives en gare. Le train est bondé et les comportements violents de certains voyageurs choquent le jeune homme. Le trajet dure près de vingt heures, pour trois cent kilomètres parcourus, mais l’aventurier arrive à bon port, où il aura quelques difficultés pour récupérer Éole (il devra attendre plusieurs jours).

old delhi

Vue sur les toits d’Old Delhi (source : Abhatnagar2)

En attendant Éole, Matthieu visite Delhi et va à la rencontre de ses habitants. La ville est sale et polluée. La misère est apparente. Les rapports entre les gens sont stressés et violents. Le jeune voyageur ressent une grande haine contenue, qui finit souvent par exploser au grand jour et générer des conflits dans la rue. Le jeune homme souffre toujours du ventre, les conditions d’hygiène laissant à désirer.

L’aventurier doit patienter une dizaine de jours pour obtenir un visa pour l’Iran. On ne lui cède qu’un visa de transit d’une semaine et il se met en route pour le Pakistan. De plus en plus malade, il finit par se rendre à l’hôpital, malgré des doutes sur la qualité des traitements. Il y passe trois jours très éprouvants, privé de sommeil et de nourriture par du personnel peu regardant, qui tente en plus de l’escroquer en lui présentant une facture factice…

À bout de forces, après une mauvaise rencontre (un groupe d’individus malveillants), le voyageur franchit enfin la frontière du Pakistan.

Enseignements

Conseils techniques
  • Un avantage des cale-pieds : Une des jambes du jeune homme est affaiblie. Grâce à ses cale-pieds, il peut pédaler à la force de son autre jambe uniquement.
Conseils et réflexions sur le voyage
  • Matthieu s’était lié d’amitié avec un voyageur ivoirien qui lui avait raconté avoir beaucoup souffert du racisme en Inde : regards méprisants, bousculades et refus d’hébergement dans les hôtels.

Chapitre 26 : Pas kystant — Mi-août – Début septembre 2004

Résumé

Arrivé au Pakistan, le jeune voyageur est victime, à plusieurs reprises, de la malveillance de jeunes gens qui s’amusent à le frapper pour le faire tomber de son vélo. Il espérait se faire soigner à Lahore, mais il n’y trouve pas d’anglophone pouvant l’aider à trouver un bon hôpital, et il préfère rejoindre rapidement la gare pour trouver un train pour l’Iran.

Dans le train, il voit le paysage changer, passer du vert au désert. Il descend à Quetta, dernière grande ville pakistanaise avant l’Iran, où il fait des analyses infructueuses à l’hôpital. Sur le conseil des médecins de son assurance rapatriement, le voyageur décide de se reposer deux semaines à Quetta.

Sa santé ne s’améliorant pas, malgré le repos, il poursuit vers l’Iran en train, nous décrivant quelques personnages hauts en couleurs. Encore une fois, le voyage est long : trente-cinq heures pour 650 kilomètres.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage
  • Au Pakistan, Matthieu remarque une grande hospitalité, caractéristique de la religion musulmane.

Chapitre 27 : Hi-han (mes jeunes ânées) — (Iran) — Début septembre 2004

Résumé

Son passage en Iran est rapide, son visa n’étant que d’une semaine. Le voyageur va de Zâhedân à Ispahan en bus pour gagner du temps. Dans la ville, il découvre de grandes mosquées aux dômes bleus.

une mosquee bleue a ispahan

Un des dômes bleus d’Ispahan (source : Jeanne Menj)

Le jeune homme reconnaît la grande hospitalité des Iraniens, mais il raconte avoir subi des impolitesses et attaques sans gravité (jets de pierres, par exemple) à plusieurs reprises.

Enseignements

Conseils et réflexions sur le voyage
  • En Iran, Matthieu constate que les prix (par exemple des hôtels) sont généralement fixés et que le marchandage ne fonctionne pas.

Chapitre 28 : Turquie paradis ? — Début septembre – Mi-septembre 2004

Résumé

L’aventurier remarque un grand changement dans le comportement des automobilistes en Turquie, par rapport aux pays précédents. Ici, la politesse et le code de la route sont de mise.

Il est hospitalisé à Ankara, où on lui diagnostique une giardiase, maladie intestinale véhiculée par l’eau et la nourriture.

Épuisé, Matthieu est trop malade pour continuer son voyage. Après 27 mois sur les routes et 44000 kilomètres au compteur, il demande avec grande tristesse à être rapatrié en France.

Conclusion du récit

Le livre se termine par une conclusion, très intéressante, dans laquelle Matthieu partage ses sentiments sur le voyage et sur la réinsertion dans la vie « normale ». Les thèmes abordés sont les difficultés du retour, son mal-être dans la société de consommation, ce que le voyage a changé en lui, sa nouvelle vision du monde et ses déceptions.

Il invite le lecteur à s’interroger sur le pouvoir de l’argent, la course au profit et les grandes inégalités qui en découlent. S’en suit un chapitre sur l’écologie, qui se concentre sur des sujets chers à l’auteur (réchauffement climatique, transports, énergie nucléaire, OGM) et présente la notion de décroissance, puis une liste de quinze gestes simples pour réduire son impact négatif sur notre belle planète.

En annexes, Matthieu met à la disposition du lecteur quelques chiffres clés sur les pays traversés, le top 5 de ses paysages favoris, le détail de son budget et des informations techniques sur le vélo-couché.

Bilan

Un récit qui ne laisse pas indifférent !

L’ouvrage de Matthieu Monceaux n’a pas vocation à faire rêver le lecteur. Il prend d’ailleurs soin de le préciser en introduction. L’accent mis sur les aspects négatifs du voyage et l’humour noir de l’auteur peuvent décevoir, déstabiliser, voire choquer les personnes à la recherche d’un livre pour s’évader. Comme il le dit lui-même en postface, le jeune homme ne cherche pas à jouer les « grands héros sympathiques ». Son franc parlé et son certain pessimisme peuvent plaire ou au contraire rebuter.

Quand on referme le livre, on ne peut s’empêcher de réfléchir sur le monde, sur notre société et sur nos propres actions. Mission accomplie pour le jeune homme !

Un point de vue intéressant :

Matthieu est parti autour du monde pour « voir de ses propres yeux ». Son voyage était une quête de vérité, une volonté de se défaire du filtre des médias de masse.

Il livre donc ses impressions, sans fioritures et sans arrondir les angles : la pollution, la destruction de la nature, le manque d’hospitalité et les comportements antisociaux de certains, il ne nous cache rien, au risque de nous dégouter du voyage !

À l’inverse de nous dégoûter du voyage, le récit nous donne envie d’aller voir « de nos propres yeux » nous aussi !

Le témoignage de Matthieu est comme un défi pour le lecteur qui envisage de voyager : la réalité est-elle vraiment aussi noire ?

On a envie de suivre les traces du jeune homme pour faire nous-même l’état des lieux, pour nous confronter aux populations et tenter de faire mieux. Tenter de mieux s’intégrer. Tenter de trouver la beauté au milieu des déchets. Tenter le destin.

Un vélo-couché à la découverte du monde n’est pas un récit de voyage classique. Tout en donnant des indications précieuses pour ceux qui préparent un voyage (étapes, itinéraires suivis, dates, conseils techniques et humains), l’auteur se concentre beaucoup sur les problèmes qu’il y a dans le monde. Plus que sur les paysages, par exemple.

Nous conseillons ce livre aux lecteurs :

  • Qui n’ont pas peur des remises en question et de l’humour noir ;
  • Qui veulent découvrir une vision alternative du monde ;
  • Qui s’intéressent aux problèmes dans le monde et veulent réfléchir à des solutions.

Nous conseillons ce livre aux futurs voyageurs :

  • Qui s’intéressent à l’option « vélo-couché » ;
  • Qui veulent aussi se préparer au pire ;
  • Qui cherchent des avis contrastés pour ne pas être déçus ;
  • Qui aiment le challenge : les galères de Matthieu peuvent-elles être évitées ?

Ce qui nous a particulièrement marqué :

  • L’état d’énervement dans lequel ce livre peut nous mettre (envers la société, le monde, ou encore l’auteur ) !
  • La sincérité de Matthieu, qui ne cherche pas à se montrer sous son meilleur jour ;
  • Le monde, qui n’est pas toujours comme on l’aurait imaginé ou souhaité.
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Maxime et Lucie En Echappée
On est tous les deux des passionnés de voyage à vélo et très curieux à ce sujet. Suivez sur ce blog nos voyages à vélo, et découvrez nos rencontres, inspirations et conseils pour préparer les vôtres ! Le blog évoluera au fil de nos découvertes cyclistes et de nos rencontres. Notre projet est de vous livrer nos expériences, mais aussi de donner de la voix aux autres voyageurs pour compléter nos avis. Alors, débutants ou confirmés, suivez-nous et partez avec nous en échappée !

2 reflexions sur “Chronique n°5 : Un vélo-couché à la découverte du monde, M. Monceaux

  1. ubuntuvps

    Vous etes-vous deja demande ce qui rend les adeptes du velo si passionnes par ce moyen de transport sur deux roues, et sans moteur de surcroit? Difficile de comprendre si l’on n’y a pas vraiment goute, mais cette chronique va peut-etre vous donner le gout de joindre le cortege!

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