Bonjour et bienvenue sur notre blog pour cette neuvième chronique de notre défi « Quinze livres sur le voyage à vélo pour quinze semaines de découvertes » !
Comme nous vous le proposions dans notre article de présentation du défi, chaque semaine, pendant quinze semaines, nous allons lire un livre sur le voyage à vélo et le résumer pour vous sur le blog.
Après la chronique du guide pratique Voyager à vélo, Guide pratique du cyclo-camping 2015, on continue avec un guide pratique !
Le tour du monde à vélo, Françoise et Claude Hervé
Le tour du monde à vélo, de Françoise et Claude Hervé est le récit de voyage, en vingt chapitres, d’un couple qui, partis en 1980 pour trois ans autour du monde, est revenu quatorze années plus tard, avec 150 000 kilomètres au compteur et… un enfant !
C’est un classique parmi les récits de voyage à vélo !
Les Hervé ont une définition intéressante du voyage : voyager, c’est être disponible pour de nouvelles expériences. Sans itinéraire prévu, sans contraintes de temps et sans sponsors, le couple n’hésite pas à partager avec les locaux des semaines, mois, et même une année en tant que volontaires dans un camp de réfugiés, surtout quand leur présence peut-être utile.
Le récit est fluide et agréable à lire. Les descriptions le rendent vivant même si, parfois, les auteurs passent un peu rapidement sur certains lieux explorés. En même temps, ils ont choisi de condenser quatorze ans d’aventures en moins de trois cent pages. Leurs plus belles rencontres sont détaillées et ils nous font vivre le quotidien et la réalité des gens, ainsi que leurs aspirations, leurs cultures et leurs croyances.
Sans juger ou condamner, ils livrent leur témoignage sur le monde des années 80-90 et partagent leurs réflexions. Se voulant « colporteurs de rêve », ils cherchent aussi à enchanter le lecteur et à le faire s’évader, sans toutefois fermer les yeux sur les horreurs de la guerre et de la maladie (ils passent plusieurs mois avec des lépreux, notamment). Leur voix, un peu naïve parfois en début de voyage, alors qu’ils ont moins de trente ans, évolue au fil des années, tout comme leur compréhension du monde, ce que l’on ressent bien dans le texte et ce qui est très intéressant.
Le récit n’étant pas récent, les situations géopolitiques, sociales et économiques décrites ne sont plus toujours d’actualité. Nous vous proposons donc des conseils d’ordre technique et des réflexions sur le voyage que nous pensons intemporelles.
Vous voulez vous procurer ce livre et nous encourager ? Passez par ce lien et nous toucherons une petite commission, sans que le prix ne change pour vous ! |
L’article est long, voici donc pour vous un tableau récapitulatif de son contenu. Vous pouvez ainsi choisir de tout lire, ou tout simplement choisir de cliquer sur les paragraphes qui vous intéressent pour qu’ils s’affichent.
1. Kilomètre zéro
Résumé :
Le 1er avril 1980, Françoise et Claude s’embarquent pour un tour du monde sans durée déterminée, et ce n’est pas une blague, malgré la date ! Leur itinéraire est libre, ils choisissent de commencer par rallier le cap Nord en Norvège, point le plus septentrional d’Europe.
Le chapitre se consacre presque immédiatement aux raisons du voyage : fuir la routine et la société de consommation. Puis à leur choix du vélo comme moyen de transport : il leur permettra de vivre au grand air et de faire du sport. Ils avouent aussi être trop impatients pour l’auto-stop et trouver la marche trop lente.
Finalement, ils détaillent leurs préparatifs qui dureront deux ans :
- Argent mis de côté pour le projet (ils préfèrent ne pas représenter des sponsors, pour garder une totale liberté). Les voyageurs rassemblent 80 000 Francs (environ 13 000 euros actuels) ;
- Choix du vélo ;
- Premiers entraînements avec les vélos à vide, puis chargés. Ascension de cols et plusieurs randonnées à vélo de deux semaines en France ;
- Transition progressive entre « vie normale » et minimalisme propre au voyageur à vélo ;
- Démarches administratives et vaccins ;
- Lecture de récits de voyages, rencontres avec des voyageurs ;
Après deux ans de préparatifs et d’immersion dans le monde du cyclo-camping, les deux voyageurs sont clairs sur leurs motivations. Ils veulent un voyage lent pour mieux rencontrer les autres et la nature. Ils ont choisi le vélo pour son caractère humble et doux qui favorise les contacts. Ils ont besoin d’un dépaysement total pour réapprendre à vivre.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Sacoches : Les voyageurs s’équipent de cinq sacoches chacun (deux avant, deux arrière et une de guidon) ;
- Equipements de vélo : leurs pédales sont équipées de cale-pieds et ils ont quinze vitesses chacun ;
- Poids vélo, bagages : leurs vélos pèsent 15 kg et leurs bagages entre 40 et 50 kg.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Pour les deux aventuriers, l’envie de voyager est un processus lent et progressif, issu d’une longue réflexion. Une fois sûrs qu’ils veulent partir, ils ne décollent pas sur un coup de tête, mais préparent longuement le départ (deux années de préparation) ;
- Dix mois avant le départ, les voyageurs arrêtent toute activité professionnelle et s’immergent à cent pour cent dans le projet ;
- Ils prévoient d’adapter leur itinéraire aux contextes géopolitiques qui évoluent sans cesse. Cette démarche était aussi observée par Alexandre et Sylvain, les auteurs du récit On a roulé sur la Terre ;
- Ils prennent des cours intensifs d’anglais pendant trois mois avant leur départ.
2. Sur les routes d’Europe
Résumé :
Partis de Lyon, les aventuriers traversent rapidement le Luxembourg, la Belgique, puis la Hollande où ils se sentent (enfin) dépaysés et où ils font une belle rencontre. Leur passage en Allemagne est marqué par un climat difficile mais des rencontres généreuses et émouvantes. En mai, ils ont atteint la Norvège. Les habitants d’une ferme les accueillent avec simplicité et leur laissent même la maison le temps d’une soirée. Les voyageurs sont touchés par cette confiance qui les fait s’interroger sur leur rapport aux autres.
Le chapitre est un hommage aux rencontres ! Sur l’unique route principale du grand nord norvégien, les deux aventuriers finissent par être connus par tout le monde et les manifestations de bienveillance se multiplient. C’est le mois de juin, mais la Laponie est sous la neige. Les averses sont fréquentes, dont des tombées de grêle. En se rapprochant du cap Nord, les voyageurs découvrent avec ravissement le soleil de minuit. Ils célèbrent l’arrivée à la première étape de leur voyage avec deux amis allemands rencontrés sur la route.
Juillet 1980. Les voyageurs roulent en Finlande, où ils font de belles rencontres, malgré la barrière de la langue (NDLR : à remettre dans le contexte de l’époque). Au mois d’août, ils sont redescendus sur l’Allemagne, puis l’Autriche. Ils rejoignent la Hongrie en septembre. Fin septembre, en Yougoslavie, ils sont heureux de retrouver l’ambiance chaleureuse et bruyante du Sud. Ils partagent des moments heureux avec les habitants, mais des instants de frayeurs sur les routes où la circulation est anarchique.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Se faire comprendre : Les deux voyageurs ont un petit manuel des mots usuels en plusieurs langues sur eux. Ils préparent aussi un petit mot d’introduction dans la langue du pays quand ils demandent l’hospitalité ;
- Matériel de camping : Ils ont choisi un réchaud à alcool. Ils ont un petit saladier pour pouvoir cuisiner (ils préparent, par exemple, du pain et de la mousse au chocolat).
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Comme dans les autres témoignages-récits de voyageurs à vélo que nous avons lus, les aventuriers sont rapidement à l’aise sur leurs vélos et leurs corps s’adaptent ;
- Ils parcourent en moyenne une centaine de kilomètres par jour, à un rythme moyen de 15 km/h.
3. Un choc culturel : l’Islam
Résumé :
Mi octobre 1980, le couple voyageur entre en Turquie. Malgré la grande concentration de militaires armés qui gardent la frontière, on leur promet le meilleur pays de leur voyage. Rapidement, les aventuriers peuvent apprécier la grande hospitalité des habitants. Ils passent quinze jours chez un hôte, à Istanbul, et découvrent la ville à l’ambiance asiatique : foule, bruit, couleurs, activité… ils sont subjugués.
Ils choisissent de passer l’hiver en Grèce et partagent un mois en compagnie de leur famille qui les a rejoints. Ils retournent en Turquie par le village de Marmaris. Là, les paysages sont grandioses, mais le relief est très vallonné. Leurs efforts sont néanmoins récompensés par les nombreux vestiges antiques qu’ils croisent sur leur route.
À la fin de l’hiver 1981, les voyageurs roulent dans les montagnes turques. Ils sont recueillis et adoptés par une famille de paysans dans le village d’Obruk. Ils parcourent le pays, vers l’Est, de village en village. L’hospitalité est bien présente, mais le rapport avec les habitants varie. À Erzurum, le couple ne peut obtenir un visa pour l’Iran, pour raisons géopolitiques. Pour gagner l’Inde, ils passeront donc par l’Irak, en guerre avec son voisin iranien. Avant de traverser la frontière, ils passent du temps chez une famille turque qui prépare un banquet en l’honneur de leur première année de voyage.
Ils traversent l’Irak, passent dans des zones de combat et roulent dans les marécages où ils boivent de l’eau souillée qui les rendra malades. Au Koweït, ils donnent une conférence dans une école française. Ils rejoignent Karachi, au Pakistan, en bateau. À Hyderabad ils sont invités spontanément par une famille qui leur fait découvrir la ville et ses spécialités culinaires.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Bijoux et signes de richesse : Françoise arrête de porter sa bague de fiançailles quand elle constate que le bijou attire la convoitise des habitants les plus pauvres ;
- Accessoire vélo : Leurs vélos sont équipés de rétroviseurs (un accessoire estimé indispensable par nombre d’auteurs des récits de notre défi « quinze livres ») ;
- Equipement additionnel : Des lunettes, pour se protéger de la poussière ;
- Couverture médiatique : Les deux aventuriers ont toujours sur eux des coupures de presse au sujet de leur voyage. Cela facilite leurs démarches administratives plus d’une fois.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Les voyageurs remarquent une grande complicité entre les femmes du monde. Françoise est toujours intégrée facilement aux groupes de femmes, malgré la barrière de la langue, et une intimité se crée ;
- Après plus d’un an sur les routes, le voyage se transforme en façon de vivre ;
- Après leur exposé dans une école au Koweït, on leur propose une rémunération. Les conférences deviennent alors une source de revenu ;
- Les voyageurs constatent qu’il est très facile d’être accueilli quand on voyage en couple : les ambiguïtés sont évitées, ils inspirent confiance.
4. Une école de la vie : l’Inde
Résumé :
En juillet 1981, les voyageurs passent du Pakistan à l’Inde sans observer de grandes différences entre les deux côtés de la frontière, à part une plus grande participation des femmes à la vie active. En Inde, la population montre beaucoup de curiosité envers le couple et leurs vélos. À chaque pause, une foule s’amasse autour d’eux, ce qu’ils trouvent un peu oppressant.
Fin juillet, le dérailleur arrière de Claude casse. Les voyageurs n’en ont pas de rechange, ils en commandent donc un qui devrait arriver la semaine suivante de France. La pièce n’arrivant pas, ils en profitent pour participer au pèlerinage hindou d’Amarnath pendant trois semaines. À leur retour, pas de dérailleur… ils s’en passeront pour rouler dans les montagnes escarpées du Ladakh, où ils partagent la vie des tibétains, et pour gravir plusieurs cols, dont un à plus de 4000 mètres d’altitude.
En septembre, aux abords de Srinagar, les aventuriers prennent une retraite d’un mois auprès d’un ancien homme d’affaires londonien qui a tout quitté pour une vie plus spirituelle et dédiée à aider les plus pauvres, et qui leur apprend à méditer. Les voyageurs découvrent ensuite Puskar, dans le désert du Thar, puis Khajuraho et ses vingt-deux temples hindous, et enfin Varanasi et Manikarnika, où ils assistent à des célébrations religieuses. Leur voyage en Inde est marqué par de belles rencontres et par une ouverture sur les différentes religions.
En décembre, les voyageurs sont au Népal. Ils passent Noël avec une riche famille népalo-canadienne qui les a accueillis. Ils retournent en Inde début janvier 1982.
Enseignements :
Conseils et réflexions sur le voyage :
- En Inde, les voyageurs occidentaux sont souvent déroutés par la densité de la foule et le manque d’intimité (ils sont observés en permanence par des curieux). Matthieu Monceaux, auteur du récit de tour du monde Un vélo-couché à la découverte du monde en avait souffert et passait son temps à essayer de fuir la foule ;
- Claude et Françoise proposent toujours de la nourriture à leurs hôtes. Souvent, les gens refusent et préfèrent les inviter. Parfois, c’est une belle occasion de partager.
5. Vivre avec les lépreux en Inde
Résumé :
En février 1982, le couple de voyageurs est invité à déjeuner dans une colonie de lépreux. Leurs préjugés envers cette maladie, à l’effrayante réputation, leur font craindre le pire. Finalement, la colonie est extrêmement bien tenue et les malades dégagent une grande volonté de vivre. Les aventuriers se lient d’amitié avec la communauté autonome et avec les religieux qui gèrent l’hôpital, et passent plusieurs mois en son sein, finissant par ne plus voir leurs amis comme des lépreux, mais simplement comme des personnes.
Ils visitent d’autres léproseries, invités par des religieuses, et rencontrent même mère Teresa à Calcutta. Claude, qui est orthopédiste de profession, assiste à plusieurs interventions chirurgicales. Le couple aide souvent les religieuses à l’hôpital. Ils y côtoient la souffrance, l’horreur et la mort, ce qui les fait relativiser sur leurs propres vies. Ils y apprennent aussi l’amour d’autrui, plus fort que la maladie.
Enseignements :
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Les deux voyageurs n’ont pas grand chose à offrir à leurs hôtes en retour de la généreuse hospitalité qui leur est réservée. Néanmoins, ils offrent systématiquement leur aide et proposent aussi des séances de projections de diapositives, pour divertir leurs amis. De même, Alexandre et Sylvain (On a roulé sur la Terre) animaient les soirées chez leurs hôtes par des jongleries et de la musique.
6. Nous risquons six mois de prison
Résumé :
Les auteurs décrivent quelques scènes de violences en Inde qui les ont marqués. Cédant eux-même à la violence une fois, ils donnent des coups au gardien d’un passage à niveau, qui les retardait pour se divertir. Ils sont arrêtés et jugés ! Ils risquent six mois de prison. D’abord amusés par la situation, ils comprennent finalement que ce n’est pas une blague et préparent une défense dans laquelle ils décrivent leur voyage à vélo et demandent pardon pour leurs actes. Ils sont relâchés.
En août 1982, au Sri Lanka, les aventuriers évitent de peu une horde d’éléphants qui ravage tout sur son passage. Ils assistent, pendant deux semaines, à une importante célébration religieuse à Kataragama. Les disciples sont en transe, certains marchent sur des braises sans se brûler. Le lendemain, une horde de touristes assiste à la cérémonie et la dénature par ses flashes photographiques incessants.
En septembre 1982, le couple se retire au temple d’Angoda pour pratiquer la méditation. Cependant, ils sont vite lassés par le cadre de vie très strict du lieu, qui contraste beaucoup avec leur liberté de voyageurs. Ils quittent le temple au bout de deux semaines, trop impatients de se remettre en selle, puis passent quelques temps avec des Français de Singapour, qui vivent avec et comme les locaux. Ils rejoignent ensuite la Malaisie.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Réchaud : Dans ce chapitre, les auteurs évoquent leur réchaud au kérosène. Ils ont dû remplacer leur réchaud à alcool (précédemment cité) ou bien le compléter par ce dernier. (NDLR : les réchauds à fuel ou multi-carburants sont souvent indiqués pour les voyages au « bout du monde » car le carburant est disponible partout (contrairement au gaz, par exemple)).
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Quand on leur refuse une prolongation de visa, en Inde, les aventuriers, qui ne payeraient de pot-de-vin pour rien au monde, décident de s’armer de patience et d’attendre dans les locaux. La patience finit par leur attirer la sympathie des employés, qui convainquent leur chef de leur accorder leurs visas. Paule et Arthur David, auteurs du guide Voyager à vélo, décrivent une expérience similaire en Iran.
7. Attaque à main armée en Thaïlande
Résumé :
Début décembre 1982, le couple quitte la Malaisie pour la Thaïlande. Ici, il est trop risqué de bivouaquer, les bandits faisant rage. Les voyageurs cherchent à toujours être hébergés pour la nuit. Ils passent une soirée avec un groupe de jeunes gens armés, sans savoir s’il s’agit de militaires ou de guérilleros. Alors que l’année 1983 débute, les aventuriers sont menacés par deux jeunes motards armés qui veulent les forcer à quitter la route pour s’enfoncer dans les fourrés. Heureusement, des camions arrivent à leur hauteur au bon moment. Le couple se précipite devant les camions pour les arrêter et faire fuir les agresseurs, ce qui fonctionne.
Ils passent deux semaines à Bangkok, la capitale, avant de gagner le nord du pays. Ils y rencontrent un prêtre, ami d’un contact, qui a créé un atelier automobile pour donner des compétences et rendre employables les jeunes défavorisés. Ils passent deux semaines avec leur nouvel ami et ses connaissances, dont le couple propose les portraits dans le livre.
Après une exploration du nord et de l’est du pays, à la rencontre des tribus des montagnes et des temples, les aventuriers retrouvent la bouillonnante capitale, Bangkok, et sa circulation anarchique et très dense. Ils rendent visite à des jeunes français emprisonnés pour trafic de drogue. Un jour, les voyageurs subissent leur premier vol du voyage : le vélo de Françoise, avec ses sacoches contenant du matériel de valeur et leurs papiers (!) a disparu… la faute à deux minutes d’inattention. Heureusement, cette dernière parvient à le retrouver (!) avec tout son contenu, à l’exception de quelques ustensiles de cuisine.
De la Thaïlande, les voyageurs retiendront la joie apparente des habitants et la philosophie bouddhiste qui les rend plus tolérants, plus légers et harmonieux.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Pour limiter les conséquences d’un vol : En cas de braquage, les voyageurs gardent sur eux des papiers officiels périmés et un peu d’argent pour calmer et tenter de satisfaire un éventuel agresseur.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Dans le sud de la Thaïlande, le couple remarque une forte densité de serpents. Ceux-ci attaquent leurs mollets (pour se défendre à l’approche des vélos). Les voyageurs prennent donc l’habitude de lever les jambes quand un serpent est en vue ;
- À Bangkok, un journal national leur propose d’écrire un article contre rémunération. Cela devient une nouvelle source de revenus pour les voyageurs ;
- Les aventuriers constatent que les toilettes sont de qualité très variable selon les pays, et sont souvent sources de surprise : dans la jungle, au-dessus d’une rigole commune, etc. ;
8. Un an dans les camps de réfugiés cambodgiens
Résumé :
En avril 1983, le couple s’apprête à quitter la Thaïlande pour rejoindre Hong-Kong. Cependant, une courte excursion à la frontière cambodgienne va changer le cours de leur voyage. Là, la guerre fait rage entre le Cambodge et le Vietnam et de nombreux cambodgiens s’entassent dans des camps à la frontière thaïlandaise, faute de pouvoir entrer dans le pays.
Françoise et Claude sont accueillis par l’équipe d’Handicap International. Profondément touchés par les événements, ils décident de s’engager comme volontaires (rémunérés). Ils passent ainsi treize mois dans les camps, Claude pouvant mettre à contribution ses compétences en orthopédie, dans le département des prothèses pour les mutilés.
Un chapitre intéressant, au cœur de la complexité de l’aide humanitaire et du milieu médical.
Enseignements :
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Les aventuriers choisissent une vie sédentaire pour un an. À l’inverse d’être incompatible avec leur tour du monde, cette année à aider les autres correspond à leur définition du voyage : « être disponible à toute expérience nouvelle ».
9. Objectif : Lhassa, capitale du Tibet
Résumé :
Après une année de volontariat humanitaire en Thaïlande, en juin 1984, les aventuriers rentrent pour la première fois en France. Ces treize mois de sédentarité leur ont laissé le temps de réfléchir et ils sont conscients du manque que leurs familles peuvent éprouver en leur absence. Ne parvenant pas à obtenir un visa pour la Chine de France, ils partent tenter leur chance à Hong-Kong en septembre 1985. Ils obtiennent un visa de tourisme de trois mois.
En Chine, tout leur paraît excessif : immense gentillesse des familles, foule extrêmement oppressante, toilettes publiques trop publiques, etc. Les paysages naturels chinois sont décrits comme très beaux. Dans la province du Guizhou, le relief devient très escarpé, avec des pics à 2000 mètres. Les voyageurs y subissent une pluie de deux semaines et la boue recouvre vite leurs vélos et leur équipement. Dans les villages, ils sont bien reçus par les habitants.
Le couple roule vers Lhassa, capitale du Tibet, qu’ils veulent atteindre pour Noël. En novembre, ils dépassent Chengdu et entrent en Himalaya par le col de Jin Duo Shan Kou (à plus de 4000 mètres). Ils auront alors à franchir seize autres cols du même acabit pour rejoindre leur destination. Ils partagent la vie des tibétains et de leurs yaks, et sont généralement les bienvenus. Les vues sont grandioses :
Alors qu’ils approchent de Lhassa, ils s’engagent sur une piste très difficile, déconseillée par tous les Chinois qu’ils croisent. Là, ils devront lutter pour avancer avec leurs vélos sur des portions barrées par des chutes de pierre et à travers rivières et falaises. Ils s’attirent d’ailleurs la sympathie d’ouvriers chinois qui les aident à transporter leur matériel. Ils arrivent dans la capitale tibétaine pour Noël, comme ils le souhaitaient.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Problème de garde-boue: Pendant une période de fortes pluies, la piste devient très boueuse et la boue s’accumule sans-cesse entre les roues des voyageurs et leurs garde-boue, rendant le pédalage difficile. Dans leur guide Voyager à vélo, Paule et Arthur David recommandent d’abandonner le garde-boue. NDLR : Lors de notre voyage de cinq jours en Bretagne en décembre 2015, Lucie a eu le même problème sur les pistes boueuses ;
- Système D: Quand la boue fait rompre le dérailleur arrière d’un de leurs vélos, les aventuriers demandent de l’aide auprès d’une usine métallurgique, ce qui s’avère fructueux ;
- Lutter contre la poussière sur la route : Le couple est équipé de masques protecteurs.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Les voyageurs valorisent leur longue attente pour obtenir un visa chinois en apprenant des rudiments de mandarin.
10. Claude va-t-il perdre ses doigts ?
Résumé :
Après avoir célébré les fêtes de fin d’année 1985 à Lhassa, les deux aventuriers se remettent en route en janvier 1986. Ils veulent rejoindre Golmud, à plus de mille kilomètres au nord de Lhassa et ils se sont très lourdement équipés pour lutter contre le froid et la pénurie alimentaire.
Ils roulent au dessus de 4500 mètres d’altitude. L’atmosphère est glaciale (entre -15 et -30°C), le vent les assaille, la route est dangereusement glissante. Après dix jours de lutte, le vent et le froid sont toujours présents. Les voyageurs souffrent, mais sont souvent récompensés par des vues incroyables et une grande plénitude.
Claude sent de moins en moins ses pouces. Le médecin d’une base militaire postée sur leur trajet lui annonce qu’ils sont en train de geler ! Les voyageurs doivent gagner l’hôpital de Golmud au plus vite ! Ils s’acharnent encore quelques jours contre la puissante montagne, puis finalement s’avouent vaincus et rejoignent la ville en camion, où les pouces de Claude sont sauvés, mais pas leur sensibilité, qu’il ne retrouvera pas.
Entre Golmud et Xining, le couple s’aventure dans le désert… enneigé. Cependant, la faune local est le chameau. Puis le désert laisse de nouveau place à la montagne à 2000-3000 mètres d’altitude. Dans cette province du Qinghai, le vent est l’ennemi principal des voyageurs et il les déséquilibre souvent. Alors qu’ils sont bloqués dans un village par une tempête de sable, ils partent affronter le vent à pied, pour admirer le lac Qinghai. Le paysage leur plaît beaucoup.
Les aventuriers roulent maintenant sur la route de la soie. Ils y font une agréable rencontre avec une famille généreuse et heureuse de les recevoir. Ils trouvent, en général, les Chinois très hospitaliers, malgré l’interdiction théorique, pour les locaux, d’accueillir des étrangers (NDLR : légalement, de nos jours, il faut aller se déclarer à la police locale quand on est invité par des locaux). En février, ils entrent en Mongolie intérieure. Il y fait très froid et le désert de Gobi est balayé par le vent.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Vêtements contre le froid : Pour s’attaquer à l’Himalaya, les voyageurs font le plein de nourriture, mais aussi de vêtements chauds qu’ils achètent localement : vestes molletonnées, gants, moufles, collants, bonnets et chaussures fourrées.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- En Chine, il existe des hôtels bon marché, mais ils sont réservés aux Chinois. Les étrangers n’ont accès qu’aux hôtels qui leur sont destinés. Françoise et Claude, qui n’ont qu’un tout petit budget quotidien, arrivent à négocier le prix de la chambre avec tous les hôteliers qu’ils rencontrent grâce à leurs coupures de presse nationale relatant leur aventure !
11. La Chine peuplée
Résumé :
En Chine, le couple intéresse les médias. Les deux voyageurs sont même parfois reçus comme des célébrités. À Datong, en mars 1986, le bureau de tourisme local se met en quatre pour leur organiser une visite de la ville, de ses industries et de ses grottes, qui ravissent les aventuriers par leur beauté.
Ils approchent de Pékin, la capitale chinoise, et la population se densifie à vue d’œil. Comme en Inde, ils sont encerclés par une foule oppressante à chacune de leurs pauses. Ils créent même des embouteillages, obligeant la police à intervenir. Quand la foule leur manque de respect, il leur faut parfois user de violence (de menaces, surtout). Ils visitent la Grande Muraille, puis passent trois semaines à Pékin où ils sont hébergés par des Français travaillant à l’ambassade. Dans la capitale, ils proposent de nombreuses projections de diapositives dans les écoles et les ambassades, ce qui représente une source de revenus et un bon moyen d’élargir leur réseau d’entre-aide.
En Avril, ils se mettent en route pour Shanghai, en longeant le Grand Canal qui relie la ville à la capitale. Ils s’accordent, en chemin, une randonnée à pied et gravissent la montagne sacrée de Taïnan, où ils apprécient la grande quiétude des lieux. Le printemps leur fait du bien, après un hiver très rude. Ils roulent dans les plaines, ce qui les repose après la montagne. Ils font des rencontres agréables et admirent la beauté de Suzhou et Hangzhou.
Ils arrivent à Shanghai en mai 1986. L’architecture est remarquable, les habitants leur paraissent épanouis. Le rythme de la ville est intense et l’activité commence très tôt le matin. Dans un building, ils se lient d’amitié avec un jeune Chinois qui a étudié le français. Comme avec plusieurs de leurs rencontres de voyage, ils se reverront quelque part sur le globe, des années plus tard.
Les aventuriers ont le sentiment d’avoir eu la chance d’être les témoins de la Chine de leur temps. Ils retiendront surtout la gentillesse de ses habitants.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Poids des vélos : À ce stade du voyage, leurs vélos pèsent environ 70 kilogrammes chacun (chargés).
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Les aventuriers ont traversé la Chine à vélo, en dehors des circuits officiels, ce qui n’était pas permis à l’époque. Cependant, quand les autorités viennent les interroger, ils ont le soutien du public qui suit leurs aventures grâce aux médias. Cela leur permet de rester dans le pays et de gagner l’approbation des autorités ;
- Pendant leur séjour prolongé en France, avant d’obtenir un visa chinois, les voyageurs avaient appris le mandarin. Cela leur est plutôt utile pour lier contact avec les habitants. Cependant, ils remarquent que les villageois utilisent surtout des dialectes, variables selon les régions, et ne parlent pas toujours un mandarin facile à déchiffrer.
12. De la mafia japonaise à la famille Kuan
Résumé :
Mi-juin 1986, les voyageurs quittent la Chine pour le Japon. À Osaka, ils sont choqués par l’urbanisation, les affiches publicitaires omniprésentes et la circulation organisée et très dense. Le contraste avec l’arrière pays chinois est frappant. La population est discrète et contient sa curiosité, ce que les voyageurs apprécient après les attroupements qu’ils provoquaient en Chine et en Inde.
Ils font rapidement de belles rencontres. Nombreux sont les gens qui les accueillent chez eux, souhaitant le bien-être de Françoise notamment. À Tokyo, malgré le dynamisme de la ville, ils se sentent bien. Ils y communiquent beaucoup sur leur voyage et passent trois semaines à travailler avec des magasines locaux.
En août, ils roulent sur Hokkaido et apprécient les grands espaces que leur offrent les champs. De retour sur l’île d’Honshu, la plus peuplée, ils ont un petit différent avec des yakusas (la mafia japonaise)… qui aurait pu mal tourner ! Sur les routes de l’île, la circulation est très dense et les automobilistes ne sont pas bienveillants envers eux. À Tamagawa, les voyageurs se prélassent dans un onsen (bain public très chaud) alimenté par une source chaude.
Ils roulent le long de la côte Ouest japonaise, puis rejoignent la Corée du Sud en ferry, fin octobre, pour deux mois. Ils y sont souvent accueillis par des moines, visitent Séoul, et goûtent une spécialité coréenne au fort goût d’ail qu’ils n’apprécient guère mais ne pourront éviter dans le pays. Ils célèbrent la fin 1986 dans une communauté française en Corée, puis regagnent le Japon, où ils explorent les îles restantes.
En février 1987, ils rejoignent Taïwan, où ils sont recueillis et adoptés par une famille à Taipei, des amis d’un contact de voyage. Ils explorent ensuite l’intérieur des terres pendant trois semaines, puis retrouvent leurs amis, avant de prendre un avion pour les Philippines.
Enseignements :
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Les voyageurs sont frappés par la générosité des Japonais qui viennent souvent vers eux pour leur proposer de la nourriture ou même de l’argent pour la suite de leur voyage.
13. Les guérisseurs aux mains nues des Philippines
Résumé :
À San Fernando, en ce printemps 1987, le peuple philippin est très religieux. Invités par un couple rencontré en route, les voyageurs assistent à une cérémonie de crucifixions. Leurs nouveaux amis leur donnent une adresse de guérisseur à mains nues sur Manille, la capitale du pays : sans instruments, le guérisseur manipule le nez de Claude et réduit un peu le problème nasal qui le gênait. Les aventuriers ne savent pas vraiment quoi en penser, mais ils constatent que des médecins occidentaux s’adressent parfois à ces guérisseurs…
Les voyageurs roulent sur l’île de Bornéo, en direction de Brunei. Ils sont hébergés dans une tribu qui subit de plein fouet la déforestation menée par les grandes industries forestières des pays riches. Le couple observe que les villages, même les plus reculés, se modernisent peu à peu, matériellement, mais sans réels progrès de santé ou d’hygiène pour les habitants.
Grâce à un permis spécial que le consulat indonésien leur a accordé, les voyageurs peuvent rejoindre la partie indonésienne de l’île de Bornéo, par un sentier normalement réservé aux contrebandiers (!). Fin juillet, ils atteignent Jakarta, la capitale de l’Indonésie, située sur l’île de Java, en bateau.
L’île de Java abrite un mélange de cultures : les habitants sont principalement musulmans, mais leurs racines sont bouddhistes. L’architecture rappelle presque l’Europe, mais l’ambiance effervescente est asiatique. La circulation est anarchique. Les aventuriers sont charmés par la bonne humeur des Indonésiens, leurs sourires et le très bon accueil qu’ils leur réservent. Ils visitent des sites magnifiques : volcan Bromo et temples, qu’ils abordent à pied.
En octobre 1987, le couple va explorer l’île de Sulawesi où ils sont spontanément invités à assister aux funérailles d’une habitante. Une scène marquante.
14. Manon, enfant du voyage
Résumé :
Début novembre 1987, les voyageurs quittent l’Asie en avion pour l’Australie. Ils traversent le désert sans trop de problème, sinon un grand sentiment de solitude : après l’Asie où ils étaient toujours entourés, ici, aucun automobiliste ne s’arrête pour leur parler. C’est la première fois que cela leur arrive, après tant de pays traversés. Certains conducteurs ont même des gestes vulgaires à leur encontre alors qu’ils roulent sur la côte Est.
Au Nord, ainsi que dans cette partie du pays, l’accès aux propriétés privées leur est sans cesse refusé. Au Sud, après Sydney, l’accueil des habitants devient plus agréable.
Depuis quelque temps, Françoise ressent l’envie d’avoir un enfant. Le couple sait que voyager avec un nouveau né serait un immense challenge. Ils ne sont pas sûrs que l’expérience va fonctionner, mais ils veulent essayer, au risque de mettre fin à l’aventure autour du monde. Forts de près de huit ans de voyage, ils se sentent près et conçoivent leur premier enfant en Australie, pays qui leur semble adapté, les conditions d’hygiène et de santé ne mettant pas en danger l’enfant à naître.
Françoise peut continuer à vélo, sans spécialement modifier son rythme habituel, jusqu’au sixième mois de grossesse : elle ressent alors beaucoup de lassitude et son ventre la gêne. Les aventuriers sont alors arrivés en Nouvelle-Zélande. L’accueil des habitants est très agréable. Les voyageurs doivent encore rouler quelques semaines avant d’être hébergés, en juin 1988, chez de la famille d’amis de voyage, un couple qui les recueillera pour quatre mois.
Manon naît fin septembre 1988. Droit du sol oblige, elle obtient un passeport Néo-Zélandais. L’accouchement se passe bien, mais n’est pas facile : les muscles de Françoise sont très durs après huit années de vélo ! Alors qu’elle se repose, Claude aménage le vélo pour la venue de Manon. Après six semaines de repos, le couple est prêt à repartir. Ils roulent dans les paysages vallonnés de la Nouvelle-Zélande, plus chargés que jamais. Les habitants, blancs et Maori, les accueillent presque toutes les nuits. À Auckland, le couple fait baptiser Manon.
En novembre 1989, la famille décolle pour la Polynésie française. Ils s’y font de nombreux amis et étonnent tout le monde à voyager ainsi avec leur bébé.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Réserve d’eau : Dans le désert australien, le couple s’équipe de 20 litres d’eau ;
- Aménagements pour le bébé : Claude fixe un siège bébé sur le porte-bagage arrière de Françoise et installe des arceaux d’aluminium au-dessus du siège pour y fixer un tissu protecteur en cas de soleil ou de pluie.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- En Nouvelle-Zélande, l’hospitalité est telle que la famille dort principalement chez l’habitant. Mais dans ces conditions, le couple ne peut laisser pleurer Manon. Ils la font donc dormir à leurs côtés pour réagir plus vite à ses besoins.
15. À nous l’Amérique
Résumé :
Après quatre mois en Polynésie française, la famille prend l’avion pour l’Amérique, à commencer par les Etats-Unis. Ils atterrissent à Los Angeles, où ils doivent abandonner la nonchalance polynésienne : les gens sont sur le qui-vive. On leur reproche de voyager avec un bébé et de ne pas assez la surveiller…
À San Diego, un couple d’amis, rencontrés à Pékin à l’occasion d’une de leurs projections de diapositives, les aide à installer une remorque pour Manon. Le nouvel engin accueillera la petite fille ainsi que du matériel.
La famille parcourt la Californie et l’Arizona, sous une forte chaleur (35 à 40°C) qui est bien supportée par Manon. La petite fille s’adapte rapidement, le voyage est pour elle la norme. Dans les plaines, les parents sont attristés par la grande pauvreté des Indiens des réserves. En Utah, ils admirent les beautés des parcs naturels.
En mai, ils roulent dans les Rocheuses et franchissent des cols à plus de 3000 mètres, pour ensuite parcourir les grandes plaines de l’intérieur du pays. L’hospitalité est assez faible. Au Québec, ils se sentent en danger sur les routes sans bas-côté, où les automobilistes foncent à toute allure. Grâce à leur médiatisation, ils sont accueillis chez un couple haut placé, qui leur offre une escorte de police pour assurer leur sécurité sur la route le lendemain.
Ils entrent dans New-York par la seule voie qui ne soit pas une autoroute. La route les fait passer par Le Bronx et Harlem, sans souci. Ils visitent ensuite Washington, où ils passent du temps avec un couple qui a vécu au Cambodge, comme eux. La famille rentre pour la première fois en France avec Manon, pour les fêtes de fin d’année 1990. Puis, en janvier, ils reprennent leur trajet aux Etats-Unis et roulent jusqu’à Miami
Enseignements :
Conseils techniques :
- La remorque pour Manon : Il s’agit d’une remorque deux places. L’enfant est placé dans le sens contraire de la marche et son père, qui roule derrière, peut ainsi lui parler. Les parents utilisent la deuxième place pour stocker du matériel. Manon est attachée avec une ceinture ;
- La tente : Le couple était équipé d’une tente de type canadienne. À Miami, ils la remplacent par une tente de type dôme.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Dans le désert, pour protéger Manon de la chaleur, le couple asperge fréquemment le toit en tissu de la remorque avec de l’eau ;
- Comme de nombreux autres voyageurs, par exemple Matthieu Monceau (Un vélo-couché à la découverte du monde), les aventuriers boivent beaucoup de Coca-Cola. Cette boisson les rafraîchit et leur apporte sucres et minéraux ;
- Face aux policiers Etats-Uniens, le couple tente différentes méthodes pour s’extirper de situations compliquées. Finalement, la seule technique qui fait ses preuves, pour eux, est de ne parler que français ! Les policiers deviennent alors plus amicaux et leur proposent même parfois de l’aide.
16. Où tout le monde parle espagnol
Résumé :
En mars 1990, la famille s’envole pour La Havane, à Cuba, où des amis, rencontrés à Kuala Lumpur, les attendent. Ici aussi, ils intéressent les médias et font des apparitions à la télévision et dans les journaux. Les relations avec les cubains sont bonnes, mais les femmes sont parfois trop intimes avec Manon. La famille commence à apprendre l’espagnol, pour la suite du voyage.
En mai, ils rejoignent le Mexique en avion. De Mexico à Oaxaca, il fait très chaud et les voyageurs peinent dans la poussière du désert. Ils roulent de village en village. Ils partent contempler Tikal et ses temples mayas, au Guatemala. Puis, dans la capitale, ils donnent une conférence en espagnol. Pour en être capable, ils doivent prendre des cours intensifs pendant deux semaines. Le Guatemala est un des pays d’Amérique qui les fascinera le plus.
Fin septembre, sur une route de montagne, la famille est harcelée par des enfants qui leur lancent des pierres. Claude riposte, mais il est battu par des adultes alcoolisés. Heureusement, une voiture vient à leur secours. Au Salvador, l’ambiance est tendue, un conflit armé fait rage. Les vélos bien chargés des voyageurs sont souvent fouillés par les militaires. Les aventuriers passent ensuite au Costa Rica, sans le décrire, puis au Panama, où un taxi renverse Claude sans ménagement, heureusement sans lui causer de blessures… Cet événement marquera beaucoup Manon, qui a failli en être aussi victime.
Enseignements :
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Depuis qu’ils ont la remorque, le couple essaye d’éviter les pistes caillouteuses qui ne sont pas confortables pour Manon. Cependant, cela n’est pas toujours possible et la petite fille s’habitue à arrêter ses coloriages et ses jeux quand la remorque est trop secouée ;
- Claude et Françoise n’essayent pas d’éviter les pays en guerre : ils veulent être les témoins de leur monde.
17. Traverser la jungle du Darien, une folie ?
Résumé :
Début 1991, la famille entreprend la traversée à pied (avec leurs vélos à pousser) de la jungle du Darien, une des forêts vierges les plus dangereuses du monde. Ce no man’s land qui sépare le Panama et la Colombie vient aussi couper la route de la voie Panaméricaine qui traverse le continent américain du Nord au Sud (NDLR : face à cet obstacle, Matthieu Monceaux, d’Un vélo-couché à la découverte du monde, avait pris le bateau pour le contourner). La jungle est le royaume d’une impressionnante faune, dangereuse pour les visiteurs, et le repère de trafiquants de drogue.
Les voyageurs décrivent leurs préparatifs pour cette nouvelle épreuve, avec un coéquipier rencontré à Panama-City. Ils se lancent fin janvier à l’assaut de la jungle, qu’ils vont mettre un mois à traverser, dont trois semaines au contact des tribus autochtones, avec de nombreuses étapes en pirogue, et une semaine au cœur de l’enfer vert, seuls et devant se tailler un chemin à la machette.
Le chapitre est très intense. Dans les villages, la famille partage la vie des Indiens et de bonnes relations se créent. Les passages en pirogues sont épiques, on craint que les voyageurs ne chavirent. Quand ils doivent porter vélos, sacoches, remorque, et mettent plusieurs heures à franchir quelques centaines de mètres, on ressent et on partage presque leurs efforts !
La famille entre officiellement en Colombie mi-février 1991. La traversée de la jungle leur aura coûté 2000 francs (soit environ 440 euros actuels), pour s’alimenter et payer les guides et les traversées en pirogue. À Turbo, ils se séparent de leur coéquipier, avec lequel les relations n’étaient pas toujours amicales, puis ils roulent vers Carthagène sur la côte Atlantique.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Equipement pour traverser la jungle : Des tenues couvrantes contre les tiques, ainsi qu’une pince à épiler pour les retirer, de l’anti-moustique (les moustiques du Darien portent une forme sévère du paludisme), un filtre à eau, des médicaments, une machette, une chambre à air de camion pour transporter leurs affaires sur les rivières (au sec) et de la nourriture (dont des réserves de nourriture lyophilisée) ;
- Pour s’orienter dans la jungle : Les aventuriers naviguent à la boussole et avec des cartes d’échelle 1/50 000 (voir notre article sur la lecture de carte).
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Dans la jungle, le couple doit tous les soirs se débarrasser d’une trentaine de tiques chacun. Sous sa moustiquaire, dans sa remorque, Manon est protégée contre ce type de dangers. La petite fille supporte bien la traversée.
18. Pédaler dans la cordillère des Andes
Résumé :
La Colombie affichait des statistiques de criminalité peu engageantes, mais finalement, la famille ne ressent pas de danger. Les habitants qu’ils rencontrent leur montrent une belle facette du pays. En Equateur, c’est le retour de la montagne et les voyageurs gravissent treize cols à plus de 3000 mètres. Dans ce pays et au Pérou, la famille fait les frais de trois vols (heureusement sans gravité car ils parviennent à récupérer leurs affaires en ne se laissant pas faire ou grâce à l’aide de certains habitants).
Ils explorent le célèbre Machu Picchu, puis, en octobre 1991, la vallée des Incas à proximité de Cuzco. Ils roulent sur l’Altiplano, entre le Pérou et la Bolivie, et découvrent le lac Titicaca, dont ils abordent les environs à pied.
Dans les montagnes boliviennes, les voyageurs peinent beaucoup. Cependant, ils ne se plaignent pas, ils ont vu tant de gens souffrir bien plus pour survivre ! Plus tard, ils découvrent Uyuni et son célèbre salar. En décembre, ils arrivent dans le nord de l’Argentine. Ils descendent jusqu’à Mendoza, où ils retrouvent bientôt les Andes, qui les conduisent au Chili. Ils passent Santiago et roulent vers le Sud. Ils apprécient l’île Chiloé qui leur rappelle la Bretagne. Puis ils retournent en Argentine, où la pampa les met à l’épreuve par son vent très puissant (NDLR : un témoignage que l’on retrouve dans la plupart des récits de voyage à vélo). Ils vont observer le glacier Perito Moreno puis, en avril 1992, après douze ans de voyage, ils arrivent à Ushuaia, le bout du monde.
Entre mai et juin 1992, à Buenos Aires, la famille donne quatre-vingt-dix conférences et gagne de quoi financer deux années de voyage (10 000 dollars). Pendant ce temps, Manon fait ses premiers pas à l’école maternelle, dans les écoles françaises qu’ils trouvent sur leur chemin. En août, la famille est au Paraguay, où Claude se fracture la jambe et où ils restent donc deux mois chez une famille. En novembre, ils sont au Brésil et passent du temps avec des religieuses (ils sont eux même chrétiens). Ils célèbrent Noël 1992 et le Nouvel An 1993 avec des nouveaux amis, au Brésil.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Pour faire de belles photos : Le couple est équipé d’un trépied, ce qui leur permet de faire de belles photos vivantes grâce au retardateur de l’appareil photo ;
- Pour éloigner les voitures : Claude, qui roule toujours à l’arrière, a attaché un long bâton muni d’un chiffon coloré sur son porte-bagage arrière, pour forcer les voitures à leur laisser une marge de sécurité.
Conseils et réflexions sur le voyage :
- Pendant les douze années de voyage qu’ils viennent d’effectuer, les voyageurs s’auto-financent grâce à leurs conférences, mais aussi grâce à des articles et des photos qu’ils vendent à la presse ;
- Le plus grand danger pour les voyageurs, selon eux : la route et ses véhicules.
19. Colporteurs de rêves
Résumé :
Du Brésil, la famille rejoint la Côte-d’Ivoire en avion. Ils ont choisi de parcourir l’Afrique francophone, pour comprendre les conséquences de la colonisation française, notamment. Ils ne sont pas toujours les bienvenus. Quand on leur demande ce qu’ils ont a vendre, ils répondent qu’ils sont des « colporteurs de rêves ».
En avril 1993, au Burkina-Faso, Manon souffre d’une forme grave de malaria (paludisme). Heureusement, elle est soignée à temps et ne garde pas de séquelle. Dans les villages, la famille est souvent harcelée par des enfants qui réclament des cadeaux. Des moments stressants et éprouvants. Avant d’entrer au Niger, ils ont la chance d’observer des éléphants sauvages. Majestueuses et dangereuses créatures pour qui se trouve sur leur chemin.
En mai, au Niger, ils admirent des girafes sauvages avec un couple d’amis. Au Mali, ils séjournent chez un catéchèse et Manon peut passer du temps à jouer avec les enfants de la maisonnée. À leur tour, fin juin, Claude et Françoise souffrent de paludisme. Ils retrouvent, à Ouagadougou, un ami de Shanghai, rencontré six ans plus tôt.
En Mauritanie, la famille peut apprécier l’immense hospitalité des habitants du désert. Il suffit d’entrer sous une tente de nomades pour être accepté. Le mois d’août est arrivé. Les voyageurs ne peuvent pas rejoindre Nouakchott, la capitale, à vélo : la piste est couverte de sable et les points d’eau sont difficiles à trouver. Ils font une partie du trajet en camion. Dans la capitale, ils sont hébergés par une famille. Encore une belle rencontre et des amis pour Manon.
La frontière marocaine leur est fermée d’accès. Ne souhaitant pas prendre l’avion, ils négocient leur place à bord d’un cargo japonais qui les conduit sur les îles Canaries, d’où ils gagnent le Maroc en avion, cette fois. Dans ce pays, ils s’interrogent sur l’image de pauvreté véhiculée en France, alors que les marchés débordent de victuailles et les familles les invitent à manger très facilement. En octobre 1993, ils roulent en direction de Marrakech. Ils fêtent la fin d’année à Casablanca. Tout le long de leur trajet africain, Manon passe du temps dans des écoles françaises qu’ils trouvent sur leur route, ce qu’elle apprécie beaucoup.
Enseignements :
Conseils techniques :
- Réserves d’eau : Pour leur traversée du désert mauritanien, les voyageurs se sont équipés de 33 litres d’eau (deux fois plus que pour les autres déserts traversés).
Conseils et réflexions sur le voyage :
- En cette fin de voyage, chaque parent doit déplacer un vélo chargé pesant près de 100 kilogrammes !
- Pendant leurs quatorze années de voyage, les aventuriers n’ont pas été gravement malade. Ils l’expliquent par : leur bonne condition physique, entretenue par le sport quotidien, leurs règles d’hygiène (filtrer l’eau, laver les fruits, cuisiner soi-même de préférence), leur protection contre les moustiques (protection chimique, moustiquaires, ne pas sortir aux heures où les moustiques sont les plus féroces).
20. La boucle est bouclée
Résumé :
En avril 1994, après quatorze années de voyage à vélo autour du monde, la famille roule avec bonheur sur les routes de France. Ils sont accueillis partout, rendent visite à des amis, s’émerveillent de tout comprendre ! De nombreux amis et admirateurs les accompagnent sur une partie de leur trajet. Ils arrivent en région parisienne, où ils s’attirent les klaxons et des témoignages d’impatience de la part de nombreux automobilistes.
Ils arrivent à Paris fin avril 1994, où une foule les attend. Ils roulent sous l’Arc de Triomphe, la Tour Eiffel et sur les Champs Elysées. On sort le champagne, sous les caméras et les flashs d’appareils photo. Avant de rentrer chez eux, à Lyon, ils prolongent leur tour de France, à la rencontre d’amis. Ils sont heureux de constater que l’hospitalité est présente dans le pays.
Manon entre à l’école primaire à la rentrée scolaire, en 1994. Elle ne parle pas de son voyage qui, pour elle, ne représente que son quotidien jusqu’alors, et rien d’extraordinaire. Les parents retournent doucement à la vie française. Ils ne considèrent pas leur retour comme une réadaptation, mais comme une énième intégration à un cadre de vie nouveau, comme ils l’ont tant fait pendant le voyage. Ils ne savent pas encore de quoi ils vivront, mais n’ont pas peur. Ils vont cultiver, en famille, une nouvelle forme de bonheur.
Bilan sur Le tour du monde à vélo
Avec Le tour du monde à vélo, Françoise et Claude Hervé nous font voyager. Éternels optimistes, avec une dose d’insouciance à leurs débuts, et surtout très aventuriers, ils vivent pleinement leur voyage et en livrent un récit parfois épique : traversée de l’Irak en guerre, bénévolat dans un camps de réfugiés en Thaïlande, traversée de la forêt vierge du Darien… rien ne les arrête !
Après la naissance de leur fille, le récit prend une tournure très intéressante et on découvre la vie d’un enfant du voyage : ses jeux, ses rencontres, son évolution.
Evolution de Manon, mais aussi évolution de ses parents. Il est passionnant de voir le monde à travers les yeux du couple, dont les voix se mêlent avec beaucoup de naturel, de partager leurs réflexions, mais aussi de grandir avec eux.
Ce qui nous a particulièrement marqué
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En espérant que vous avez pris du plaisir à lire cette chronique, rendez-vous la semaine prochaine pour un autre récit de voyage !
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bonjour ! Françoise et Claude ,je vient de relire votre tour du monde a vélo , que j avais deja lu il y a quelques annees , qu est ce que vous etes devenu depuis votre retour , a ce jour fevrier 2020 Manon doit avoir une trentaine d année , se souvient elle de ce fabuleux vooyage ??? Cordialement
Denis
Bonjour Claude et Françoise, les années ont filé. Nous vous avions accueillis à la maison à Manille en 1987, lors de vos passages au cours de votre séjour aux Philippines, et vous avions notamment amenés chez Virgilio, notre ami guérisseur, ainsi que dans bien d’autres endroits. Vous aviez revu Ida et les enfants à Jakarta, puis rencontré de nos amis sur les routes de Java, et plus tard à Mexico. Après votre retour en France, ma mère avait trouvé votre livre en librairie et nous l’avait envoyé, après l’avoir lu bien sûr. Nous sommes maintenant retraités à Jogjakarta. Ca serait bien sympa d’avoir de vos nouvelles. Amitié, Michel et Ida